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Au bonheur des ogres - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

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Pour le bonheur des enfants

L'histoire de Benjamin Malaussène (Raphaël Personnaz), bouc émissaire professionnel, adapté du roman de Daniel Pennac et réalisé par Nicolas Bary (Les Enfants de Timpelbach).
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Le film est l'adaptation du roman du même nom « Au bonheur des ogres », de Daniel Pennac.
Comme il l'a expliqué lors de sa masterclass, Nicolas Bary, qui est un grand fan du roman, n'a pas cherché à rendre l'intégralité de l'intrigue et des personnages, mais n'a pas hésité à « fusionner » certains personnages, à modifier leur rôle dans l'histoire, ou à étoffer certains éléments.
L'adaptation répond aux attentes : on est face à un vrai film de cinéma, bien rythmé.

Plutôt que de satisfaire les puristes, Nicolas Bary préfère rester fidèle à l'ambiance générale. Il a tenu à reconstituer dans son film un Paris coloré, et merveilleux, et a pris particulièrement soin pour le décor de son grand magasin, qui a été tourné à la Samaritaine, en studio, et en partie reconstitué en 3D, afin d'obtenir un résultat à la fois chaleureux pour toutes les familles venant fêter noël dans le magasin, et très froid, à cause de toutes les histoires sordides qui s'y déroulent en coulisses.
Ainsi, lors des passages plus oniriques, on oscillera entre le rêve, avec les animaux, dans un environnement coloré, et le cauchemar des souvenirs du passé, beaucoup plus sombre. On note également un effort jusqu'aux costumes des personnages, sélectionnés avec soin.

On a senti en regardant le film, puis en assistant à la masterclass, que Nicolas Bary est très attaché à l'univers des enfants, auquel il avait déjà consacré un film : « Les enfants de Timplebach ». Le scénario joue ainsi sur un double registre qui touche souvent la corde sensible, et qui touche toujours à l'univers de l'enfance. On rit des maladresses de Benjamin, qui doit assumer le métier de « bouc-émissaire » (se faire crier dessus pour que les clients pris de pitié ne demandent pas de garantie) tout en le cachant à sa famille et à la police, et qui se retrouve bon gré mal gré embarqué dans cette histoire policière, mais on frémit aussi de l'intrigue plus sombre qui touche aux peurs enfantines.

Pour camper ces personnages que plusieurs générations d'enfants connaissent sans doute grâce au roman, le casting convoqué par Nicolas Bary est judicieux.
On retrouve Raphaël Personnaz, dans un rôle de looser à contre-emploi, auquel il apporte néanmoins toute son énergie, Guillaume de Tonquedec, qui réalise une prestation correcte en patron coincé par un héritage familial encombrant, Emir Kusturica, qu'on avait plus vu au cinéma depuis quelques temps, qui en toute logique rend crédible sans trop se forcer un gardien de nuit serbe, et la jeune star Bérénice Bejo, qui joue un peu toujours le même rôle, mais qui se révèle assez séduisante.

Mais ce sont surtout les enfants qui excellent. Ils sont très bien dirigés par Nicolas Bary, qui les a laissé s'exprimer, en laissant parfois sa caméra tourner pour laisser placer à l'improvisation.

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Ce film s'adressant particulièrement aux enfants, il faut le regarder avec un peu de naïveté, pour se plonger dans cette atmosphère.

Malheureusement, lors de la plupart des scènes, on sent qu'il y a trop de plans serrés sur les acteurs, ce qui peut limiter la compréhension. Quelqu'un s'en est d'ailleurs plaint à la masterclass, trouvant que le réalisateur n'exploitait pas assez ses décors.

On retrouve le même reproche pour les scènes se déroulant dans Paris. Nicolas Bary nous a expliqué qu'il avait préféré styliser Paris et faire appel aux effets spéciaux, au risque de ne pas pouvoir montrer beaucoup de plans de la ville, pour des raisons de budget. Il a préféré pour les autres plans tourner beaucoup en plan serré pour limiter le décalage entre plans stylisés et autres plus classiques.

L'univers merveilleux et coloré du film est parfois brisé par l'intrusion des policiers, qui au contraire des tenues stylisées des autres personnages portent des uniformes modernes très classiques.

Parfois, on note un certain décalage entre le ton qui touche les enfants, et des expressions un peu plus adultes employées entre les amants.

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Conclusion

Nicolas Bary réalise un bon conte pour enfant.
Le film a le mérite d'être rythmé et plaisant même s'il s'agit d'une adaptation.
Grâce à une bonne direction d'acteur, il rend crédible cette histoire, malgré quelques défauts de mise en scène.

Ma note : 7/10


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Au bonheur des ogres

Réalisé par: Nicolas Bary.
Avec: Raphaël Personnaz, Bérénice Bejo, Emir Kusturica.
Genre: Comédie.
Nationalité: Français.
Distributeur: Pathé Distribution.
Durée: 1h32min.
Date de sortie: 16 octobre 2013
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Synopsis : "Dans la tribu Malaussène, il y a quelque chose de curieux, de louche, d'anormal même diraient certains. Mais à y regarder de près, c'est le bonheur qui règne dans cette famille joyeusement bordélique dont la mère sans cesse en cavale amoureuse a éparpillé les pères de ses enfants. Pour Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel et frère aîné responsable de cette marmaille, la vie n'est jamais ennuyeuse. Mais quand les incidents surviennent partout où il passe, attirant les regards soupçonneux de la police et de ses collègues de travail, il devient rapidement vital pour le héros de trouver pourquoi, comment, et surtout qui pourrait bien lui en vouloir à ce point-là ? Benjamin Malaussène va devoir mener sa propre enquête aux côtés d'une journaliste intrépide surnommée Tante Julia pour trouver des réponses."

  • Bande annonce

  • Les Anecdotes !


    Au bonheur des ogres est l'adaptation du roman du même nom, écrit par Daniel Pennac et publié en 1985, qui est le premier tome de la saga de la famille Malaussène qui comporte en tout six romans, le dernier en date ayant été publié en 1999.

    Malgré le fait que le roman "Au bonheur des ogres" soit un classique de la littérature française et qu'il ait été publié depuis près de 30 ans, il n'a jamais connu d'adaptation cinématographique avant celle de Nicolas Bary. Le romancier Daniel Pennac avoue avoir reçu énormément de scénarios depuis la sortie son livre qui lui ont prouvé qu'il était inadaptable jusqu'à ce qu'il rencontre Bary.

    Au bonheur des ogres est le deuxième long métrage de Nicolas Bary. C'est également la deuxième fois qu'il porte une adaptation littéraire sur grand écran, il en avait déjà fait l'expérience avec Les Enfants de Timpelbach (2007) adapté de l'oeuvre d'Henry Winterfeld. Il a également à son actif deux courts métrages autoproduits : Before (2004) et Judas (2006).

    Le réalisateur Nicolas Bary et la chef costumière Agnès Beziers sur Au bonheur des ogres se connaissent depuis 10 ans puisqu'elle a occupé ce poste sur ses deux courts métrages Before (2004) et Judas (2006). Les Enfants de Timpelbach (2007) est le seul film de Bary où sa costumière fétiche ne participe pas.

    Visuellement, le personnage de Benjamin Malaussène fait référence au Charlot, célèbre figure du cinéma américain interprété par Charlie Chaplin. Le comédien Raphaël Personnaz ajoute : "Benjamin Malaussène n'a pas le temps de prendre soin de lui, il est mal fagoté et toujours à côté de ses pompes (...) Malaussène a un côté vagabond, presque chaplinesque". La costumière a fait le rapprochement dès que Personnaz a mis les mains dans ses poches à la manière de Chaplin.

    Au bonheur des ogres est l'un des rares films français à utiliser la technique du story-board sur l'intégralité du tournage. Si la technique est tout de même de plus en plus utilisée, elle reste relativement réduite en France sauf parfois pour quelques scènes clés et imagées difficiles à expliquer à l'équipe technique avec des mots. Pour le réalisateur Nicolas Bary, les story-boards d'Eric Gandois étaient indispensables pour retranscrire l'univers graphique que lui et son équipe avaient imaginé pour cette adaptation compliquée.

    Au bonheur des ogres est dernier film de la chef décoratrice Bettina von den Steinen. Elle est décédée peu de temps après la fin du tournage. L'équipe a décidé de dédier le film à la femme qui a participé à des films comme Paris, je t'aime (2006), J'veux pas que tu t'en ailles (id.) ou La Traque (2010).

    En plus d'emprunter sa façade, le magasin Au Bonheur Parisien, lieu important dans Au bonheur des ogres, prend également les locaux de La Samaritaine, célèbre grand magasin aujourd'hui désaffecté dans lequel l'équipe du tournage a eu l'occasion de tourner tous les plans nécessaires sur ces lieux chargés d'Histoire.

    Au bonheur des ogres est le premier film français dont les musiques sont composées par Rolfe Kent. Aux Etats-Unis, Kent a notamment composé les musiques de la série Dexter (2006) et des films La Revanche d'une blonde (2001), Lolita Malgré Moi (2003), Les Chèvres du Pentagone (2009) ou encore In The Air (id.) pour ne citer qu'eux.

    Le réalisateur Nicolas Bary prend l'habitude de tourner avec des enfants. Il a en effet, avec Au bonheur des ogres, de quoi faire avec la fratrie Malaussène. D'autant plus que Les Enfants de Timpelbach (2007), son précédent film, est composé presque uniquement d'enfants. Il explique que ces expériences lui ont été bénéfiques : "Les enfants sont une source d'énergie incroyable. Ils réagissent tout de suite aux indications. Cela a d'ailleurs influencé ma façon de diriger les adultes : trouver le bon mot sans faire de trop longs discours."

Et vous qu'avez-vous pensé du film Au bonheur des ogres ?

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