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Godwin Hoffmann un musicien du geste pictural

Publié le 15 octobre 2013 par Lifeproof @CcilLifeproof

La galerie l'Estampe présente, en hommage, le peintre allemand et alsacien d'adoption Godwin Hoffmann dont l'œuvre reste ignorée et trop peu connue. Godwin Hoffmann était et restera un musicien du geste pictural. Tout dans sa peinture devient musique. La toile devient partition, la couleur devient note.

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Vue de l'exposition Godwin Hoffmann à la galerie l'Estampe. © Godwin Hoffmann. Photo: document remis.

L'artiste, diplômé de la Kunstakademie de Düsseldorf ne faisait partie d'aucun groupe et ne se revendiquait d'aucune école. Il était libre de construire son propre geste pictural qui était lui-même extrêmement structuré. Tout dans son travail artistique est une question de mesure, mesure mathématique autant que mesure musicale. Les mathématiques permettent un rapport particulier avec le réel et sont presque d'une déraisonnable efficacité dans le travail du peintre. Moi qui ne suit décidément pas une adepte des mathématiques et de la géométrie, je crois m'être quand même un peu réconciliée avec cette logique, et ce grâce au travail plastique de l'artiste.

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Vue de l'exposition Godwin Hoffmann à la galerie l'Estampe. © Godwin Hoffmann. Photo: document remis.

Sa peinture se dévoile comme l'aboutissement d'une réflexion sur la structure et témoigne d'un long travail de recherche, de prospection, entre notes et croquis au crayon. Godwin Hoffmann abandonne le concept du tableau traditionnel et opère un changement d'échelle. Ses tableaux deviennent des objets picturaux qui utilisent, pour exister, des problématiques propres à la sculpture. Il fait naître l'œuvre dans son esprit avant de l'exécuter : voilà sa méthode. Il a conçu des systèmes qui permettaient ainsi d'amorcer des séries, toutes liées entre elles.

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Vue de l'exposition Godwin Hoffmann à la galerie l'Estampe. © Godwin Hoffmann. Photo: document remis.

Lorsqu'il était jeune, il recopiait à la main des partitions et transcrivait les pièces de musique qu'il écoutait. Cette anecdote ajoute une note supplémentaire à l'appréhension de son œuvre. Je ne suis pas une spécialiste musicale, mais je me suis laissée emporter par le 'son de la peinture'. Godwin Hoffmann avait ce don, je crois de vous transporter dans des moments de peinture sonore. En passionné de musique, comment ne pas produire un travail pictural sur la continuité et l'interruption, sur le silence et la résonance ? Godwin Hoffmann joue la peinture. Selon le même schéma d'une variation autour d'un thème musical, il manie les temps forts et les silences, les pleins et les vides dans une mouvance aussi architecturale. Ses objets picturaux ont un rythme, un phrasé mais usent aussi de ces silences. Sa fascination pour le musicien Sonny Rollins s'en ressent dans son écriture picturale. Sonny Rollins est un compositeur de jazz aux constructions musicales robustes, intenses et denses, mais les deux hommes s'expriment avec la même liberté qui oscille entre transitions et articulations. Bien que génie du free jazz et de l'improvisation Sonny Rollins n'a jamais abandonné la solidité des structures traditionnelles. D'une certaine manière Godwin Hoffmann a suivi le même principe. Il n'abandonne pas la géométrie et la mesure mais il se laisse la possibilité de développer librement le geste pictural à l'intérieur d'une forme préexistante qui vient marquer le tempo. Godwin Hoffmann s'est servi de Cézanne autant que de Mondrian pour obtenir une peinture sans cesse en dialogue avec le lieu. Il se rapproche, on peut le dire, de Mark Rothko, Barnett Newman et Rupprecht Geiger lorsqu'il utilise le noir et la couleur. La couleur, les coulures accentuent la verticalité et d'une certaine manière viennent harmoniser la composition. La couleur est autonome et réapparaît à chaque fois comme un refrain, un leitmotiv. Et si Godwin Hoffmann fût influencé par Cézanne, Mondrian ou Rothko il n'en a pas moins trouvé sa propre problématique picturale. Il a dépassé les limites de la peinture pour entrer dans le champ de la sculpture, tout en jouant avec les frontières entre les arts, et en faisant des parallèles discrets entre les différentes disciplines artistiques.

Sa peinture est musicale et ponctuée de silences. On ne peut qu'espérer qu'elle continuera à vivre et être exposée, car si l'homme s'en est allé, sa peinture doit continuer de s'exprimer pour lui, et ne doit en aucun cas passer sous silence.

Anaïs.

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L'estampe

31 quai des bateliers, 67000 Strasbourg

Exposition du 27 Septembre au 19 Octobre 2013


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