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CINEMA : 9 mois ferme

Publié le 21 octobre 2013 par Vargasama
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9 MOIS FERME

Un film de Albert Dupontel

Albert Dupontel est dingue. ça se voit plutôt bien, surtout dans son oeil gauche. Cet oeil, très noir, qui dévie légèrement de sa trajectoire et qui lui donne fatalement cet air bancal, imprévisible. Mais Albert Dupontel n’est pas que ça, il est beau aussi (bien que cela n’ait pas grand-chose à voir avec notre sujet du jour, je vous l’accorde).

Albert Dupontel a surtout fait du chemin depuis ce temps où dans une émission télé dont le concepteur a relancé depuis la consommation d’huile et d’aromates, entre deux contorsionnistes chinois jonglant avec des caniches enflammés et un ventriloque auvergnat s’essayant au slam, il venait interpréter des sketchs sur la destinée de Rambo ou le passage du bac d’un cancre. Il dénotait au milieu de tout ça Albert avec son physique de lutteur, ses personnages sous mescaline et son débit mitraillette. Très vite, c’est au cinéma qu’on l’a vu s’exprimer. Pour d’autres (Jacques Audiard, Deville, Gaspar Noé, Jean-Pierre Jeunet, Delépine et Kervern…) mais aussi en tant que réalisateur, imposant dès son premier long (“Bernie”, où fleurissent les scènes cultes à la pelle, celle dans laquelle Roland Blanche affûte la sienne sur une glissière d’autoroute n’étant pas des moindres, à égalité peut-être avec celle du cauchemar récurrent) un univers très fort, visuellement singulier, peuplé d’êtres en marge, parfois inquiétants mais souvent attachants. Sa filmographie s’est peu à peu étoffée, oscillant entre le très bon et le plus oubliable, mais toujours empreinte de l’énergie survoltée et de l’humour cartoon – trashouille de son auteur.

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Ariane Felder vient d’avoir 40 ans, elle occupe un poste de juge au tribunal de Paris et est dévouée tout entière à ce métier qui la passionne. Pas de mari, encore moins d’enfant (qu’en ferait – elle ?), peu de loisirs, sa vie c’est son travail. Même le soir du réveillon, ses collègues doivent venir la débusquer dans son bureau afin qu’elle participe à la fête (c’est finalement avec un sérieux coup dans l’aile qu’elle en repartira). Quelques mois plus tard, suite à un léger malaise, elle va passer des tests médicaux qui lui apprendront sa grossesse. Horreur, stupéfaction, elle n’a pas la moindre idée de comment cela a pu se faire… Le choc passé, elle remonte le fil des évènements et à l’aide des caméras de surveillance autour du palais de justice découvre l’insoutenable vérité : suite à cette fameuse soirée fort arrosée, c’est entre 2 poubelles et avec Bob (cambrioleur multi-récidiviste accusé d’avoir démembré et bouffé les yeux du petit vieux chez qui il commettait son larcin) qu’elle a conçu cet enfant…

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Après la petite baisse de régime subi sur “Le Vilain”, le grand Albert nous revient plus en forme que jamais. L’énergie est immense, l’histoire délirante, l’interprétation onomatopesque, le running gag de mise, la réalisation inventive, le cadre parfois penché (c’est l’oeil ça, ne cherchez pas). Toujours à la réalisation et à l’écriture, Albert Dupontel accouche d’un film joyeux, drôle (par moment, les gens riaient si fort dans la salle que les dialogues en devenaient inaudibles), parfois un peu grave, où le héros (interprété comme toujours par le réalisateur) est un “cassos” qui a bien du mal à s’exprimer (ça vous rappelle quelqu’un ?). Sandrine Kimberlain se lâche totalement ici et donne dans le rôle de cette juge que la nouvelle de sa grossesse rend complètement hystérico-dépressive, l’une de ses interprétations les plus drôles. Le reste du casting est à l’avenant, entre vieux habitués (Nicolas Marié, Philippe Uchan, Michel Fau) et petit nouveau, comme c’est le cas de Philippe Duquesne. L’ami Dupontel se paye des caméos de luxe : de Jean Dujardin (muet, c’est appréciable), en passant par Yolande Moreau, un certain Terry Gilliam et un duo psychiatrique interprété par Jan Kounen et Gaspard Noé.

Avec “9 mois ferme”, Albert Dupontel propose une farce déjantée, mêlant blague et sentiment, grain de folie et une certaine vision de la justice française. Tout ça en 1h22 de film, la prouesse est notable.

En vous remerciant.

En salle depuis le 16 octobre.

Retrouvez le blog de Pierrette Tchernio : Les Cahiers de Pierrette.

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