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“Plus de risques sont pris quand on sait que l’amorçage ne se gère pas comme le Venture”

Publié le 21 octobre 2013 par Pnordey @latelier

Interview de Jean-Marc Patouillaud, président associé, Partech International, à l’occasion du lancement de deux nouveaux fonds pour les 30 ans du fond d’investissement capital risque. Interview issue de l’émission du 12 octobre 2013 en présence de Gary Anssens, CEO de Alltricks.

L’Atelier : Les deux nouveaux fonds que vous proposez sont consacrés pour l’un à l’amorçage et l’autre au développement. Pourquoi avoir lancé ces deux nouvelles entités ?

Jean-Marc Patouillaud : A l’occasion du 30è anniversaire de Partech, nous avons choisi de perpétrer la tradition qui consiste à lever un fond de Venture. Pour celui-ci, qui portera le nom de Partech VI, nous avons levé 135 millions d’euros auprès d’institutionnels et d’acteurs corporate stratégiques. Et pour compléter le dispositif et amplifier notre capacité à accompagner les entrepreneurs des projets ambitieux dès le début, nous avons créé Partech Entrepreneur qui est un fonds d’amorçage de 30 millions d’euros, mis en place avec le concours de la BPI et d’acteurs corporate tels que BNP Paribas et Econocom. Mais on y retrouve également 40 entrepreneurs du web qui ont tous réussi dans leurs précédentes aventures et qui ont souhaité nous accompagner pour, à leur tour, abreuver de conseils nos jeunes amis entrepreneurs, à l’instar d’Eric Carreel de Withings.

L’écosystème est-il désormais assez mûr pour qu’on commence en tant qu’investisseur à prendre des risques auprès des toutes jeunes pousses ?

Je pense que l’initiative de la BPI a été très salutaire puisqu’elle a voulu combler, par l’action des pouvoirs publics, un gap dans le spectre du financement. Et je dois dire que la plupart de la trentaine ou la quarantaine de fonds d’amorçage qui ont été créés n’auraient pas pu voir le jour sans ce concours. Mais quand je dis que ça vient combler un gap, ce n'est pas simplement parce qu’il y avait peu d’acteurs, peu d’argent disponibles. C'est aussi parce que je pense que ça complète vraiment le modèle du Venture qui ne fait que trois, quatre, cinq investissements par an. Comme on s’y investit pleinement, on n’a pas le loisir de pouvoir consacrer beaucoup de temps à des investissements en amorçage. Quand on fait des investissements de cinq millions, il n'y a pas vraiment de sens à faire un investissement de 200 000€ si l’on ne peut pas y consacrer toute l’énergie souhaitée. Alors qu’avec un fonds d’amorçage qui vient compléter un fond de Venture, on a la possibilité en fait de démultiplier les expériences d’incubation. En ce qui concerne le cas de Partech, ça va nous permettre de faire sept à huit fois plus d’investissement en site que l’on faisait avant. Et on va pouvoir les suivre ensuite pendant quelques années. Et certains d’entre eux pourront bénéficier du relai des fonds Venture de Partech.

On a quand même l’impression qu’il y a quelque chose qui a changé en France ou qui est en train de changer plutôt… Est-ce que la situation est la même dans les autres marchés sur lesquels vous êtes présents, notamment l’Allemagne ou l’Angleterre ?

Effectivement, en France, les gens sont capables de prendre plus de risques s’ils comprennent que l’amorçage ne se gère pas comme le Venture. C'est-à-dire qu’il y a un modèle un petit peu plus statistique dans l’amorçage. En effet si vous faites 10 investissements, vous savez d’emblée qu’il y en a six qui ne verront pas la fin du jour. Mais si vous êtes rigoureux et discipliné dans cette manière de “gérer le portefeuille”, vous avez une gestion saine de votre fond d’amorçage et vous pourrez ainsi consacrer l’énergie et beaucoup plus d’argent aux trois ou quatre qui vont survivre. Malheureusement du côté de l’Allemagne, les entrepreneurs ne bénéficient pas de telles incitations. Il y a très peu de fonds d’amorçage et il y a d’ailleurs beaucoup moins de fonds de Venture. C'est la raison pour laquelle bon nombre des deals en Allemagne sont conclus avec des fonds d’origine française.

Sinon vous êtes plutôt spécialisé e-commerce et tout ce qui est enfin logistique, serveur etc. Est-ce que vous allez vraiment continuer donc dans la même lancée ? Est-ce que pour vous ça reste les secteurs forts et les secteurs d’avenir ?

S’il ont fait une répartition simple du spectre d’investissement de Partech, on constate qu’l y a d’un côté les technologies de l’information et de la communication et de l’autre, il y a l’économie numérique. Économie numérique qu’on peut également subdiviser en deux compartiments : l’aspect transactionnel avec le e-commerce et l’aspect collaboratif des sociétés comme Airbnb, Blablacar. Mais on peut également y intégrer les médias, qui ont finalement une connotation assez locale un petit peu moins technologique. Mais dans l’économie numérique, vous avez également un deuxième sous compartiment composé de tous les outils du web qui vont permettre à ces acteurs d’accélérer leur croissance et d’améliorer leur marge. Et finalement, c'est un domaine qui rejoint un peu cet univers technologique. On reste toutefois un acteur technologique même à travers notre intérêt pour l’économie numérique. Et curieusement, ce sont un peu les mêmes caractéristiques. C'est-à-dire que dès qu’on aborde un aspect très technologique, l’histoire s’écrit souvent en grande partie aux États-Unis. Et c'est pour ça que nous avons choisi depuis l’origine d’être à San Francisco. Car dans ces domaines, on n’attend pas deux ou trois ans avant d’emmener l’entrepreneur ou un des représentants du management dans la Silicon Valley pour y mener à bien son Business development.


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