Mieux vaut vivre à Malte et mourir en France?
On nous badine l'excellente espérance de vie française, une des plus élevées du monde, sauf que... nous sommes un pays de grabataires en puissance.
Grâce à l'intervention de Véronique Chabernaud à laquelle j'ai assisté au LH Forum récemment, j'ai découvert l'espérance de vie sans incapacité (EVSI), soit la moyenne d'âge à laquelle on peut espérer vivre sans incapacité - un chiffre calculé par l'EHLEIS (European Joint Action on Healthy Life Years) pour toute l'Union Européenne depuis quelques années.
Or, la France n'a vraiment pas de quoi se vanter (d'où certainement son silence). D'abord parce que si l'espérance de vie des femmes est la plus élevée chez nous, il n'en est rien pour les hommes (= moyenne de l'UE27 sachant que les pays de l'Est et Balte tirent vers le bas...). Quant à vivre en bonne santé, un(e) français(e) n'atteint pas la retraite qu'il connaît déjà des épisodes invalidants tandis que maltais et suédois en profiteront gaiement au delà de 70 ans, talonnés par... les grecs, soit 8 à 10 ans de plus qu'un français sans invalidité. Excusez du peu!!!
Je vous livre l'aperçu complet (cliquez sur l'image pour afficher le pdf avec les classements des pays par ordre décroissant pour chaque catégorie):
Une gouvernance dans le déni
Notre pays semble ignorer royalement cet indicateur pourtant alarmant, qui devrait susciter un profond questionnement: comment expliquer un tel décalage en France - pays où, parait-il, il fait bon vivre ? Quid du trou de la sécu qui doit affronter 10 ans de plus à couvrir des pathologies invalidantes dans notre pays? Quid des assureurs qui augmentent forcément leurs tarifs à la vue de tels chiffres? Quid de la capacité des hôpitaux dans les décennies à venir?
Voilà bien un défi majeur pour l'avenir du bien-être des français dont la gouvernance ne semble guère se soucier... Je ne sais pas vous, mais ces 10 ans d'écart avec les suédois me laissent totalement perplexe.
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A noter: les chiffres pour l'année 2011 sont encore provisoires mais peuvent être consulté sur le site de l'INSERM.