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Le Kentucky Derby, métaphore présidentielle ?

Publié le 05 mai 2008 par Scopes
Chelsea Clinton au Kentucky Derby (The Courier-Journal, M. Huber)

InBlogWeTrust se baladait dans le Midwest ce week-end, plus précisément du côté de Louisville (KY) afin d’assister au Kentucky Derby, la plus célèbre des courses hippiques de ce côté-ci de l’Atlantique (150 000 spectateurs). Le Kentucky Derby, c’est un mélange étonnant de blue bloods et de rednecks, de dames au chapeau et de filles imbibés, de célébrités et d’anonymes, qui se côtoient mais ne se voient pas. Deux Amériques en somme, une ploutocratie en quête de respectabilité et une jeunesse en quête de bagarres. Un peu comme si des supporters du PSG s’invitaient au Prix de Diane.
Evénement apolitique par excellence, le Kentucky Derby s’est pourtant transformé en un vaste meeting électoral et les métaphores politiques n’ont cessé de pleuvoir pendant le week-end. C’est que, pour la 1ère fois, les élections primaires de l’Indiana (au Nord de Louisville), du Kentucky (au Sud) et de la Virginie Occidentale (à l’Ouest) vont peser dans le processus de nomination du candidat démocrate. Ces états agricoles (blé, maïs, tabac) et miniers (charbon, acier en Indiana), suspicieux des « élites » de Washington, et profondément républicains (voire racistes, l’Indiana étant le bastion du Ku Klux Klan), vont peut-être décider du sort de la campagne démocrate.
Si Obama fait bonne figure dans l’Indiana, peut-être grâce à sa forte population estudiantine et sa bordure septentrionale, lointaine banlieue de Chicago, Hillary Clinton y part évidemment favorite. Au Kentucky, les sondages la créditent de plus de 40 points d’avance : son message populiste actuel (détaxer l’essence pendant l’été, critiquer ces économistes de Washington aveugles aux misères des masses laborieuses…) y résonne tout particulièrement. Hillary a d’ailleurs envoyé sa fille Chelsea au Derby, qui pour l’occasion a sorti son plus beau chapeau.
La course (M. J. Marten, Getty Images)


Pourtant, sur la route qui menait aux festivités, on croisait surtout des supporters de Barack Obama, des afro-américains vendant à la sauvette des tee-shirts au goût douteux (Bros b4 Hoes – « les frères avant les garces ») – même si, d’après quelques phrases glanées en passant, le public penchait plutôt pour Hillary pour John McCain (la campagne électorale a remplacé le football américain comme sujet de discussion n°1).
L’événement le plus politique, symboliquement, fut la course hippique en elle-même. Le vainqueur ? Le favori (et celui sur lequel InBlogWeTrust, ne connaissant rien au monde du cheval, avait parié…), Big Brown, a triomphé. Hillary Clinton avait quant à elle misé quelque argent sur la seule jument de la course, Eight Belles, espérant qu’enfin une jument fasse la nique à ces fiers étalons. Hélas, non seulement Eight Belles n’a fini que deuxième (ce qui est déjà une belle performance), mais en plus elle s’est écroulée immédiatement après la course, deux chevilles brisées. Les vétérinaires ont du l’euthanasier, incroyable « tragédie » qui a fait la une des média américains ce dimanche. La blogosphère n’a depuis cessé de jaser sur cette funeste coïncidence…
Eight Belles à terre (B. Bohannon, AP)


Le Kentucky Derby, miroir symbolique de la campagne électorale ? Nous verrons bien. Une chose est certaine cependant : les Américains sont de plus en plus intéressés et polarisés par le duel démocrate en cours, au point qu’une banale course de chevaux est lue à travers le prisme de la politique. Dans un pays où à peine plus de 50% électeurs des inscrits votent, ce n’est pas négligeable.
Scopes

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