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Rebecca

Publié le 24 octobre 2013 par Dukefleed
RebeccaLe seul Oscar d'Hitchcock
Une jeune femme simple, dame de compagnie d’un millionnaire, va tomber sous le charme du richissime et veuf Maxim De Winter dans un palace de Monte Carlo. Vite mariés, ils vont prendre leurs quartiers dans le manoir familial anglais de Manderley. Le lieu est encore très imprégné de la précédente Mme De Winter, Rebecca, décédée en mer dans un accident de bateau. La présence de Rebecca, encore palpable dans la maison, est relayée par une gouvernante sombre et n’ayant pas fait le deuil de sa « maîtresse ». Ce dernier mot est fort de sens. A l’époque le code Hays sévissait aux EU et la sexualité devait être inexistante des films, certains réalisateurs jouaient donc habilement et intelligemment à le détourner. La fameuse gouvernante, Mme Danvers, est un prototype d’ambigüité sexuelle. Une homosexualité sous jacente mais jamais énoncée effleure du personnage ; Hitchcock, qui n’est pas manche, nous renvoie aussi un doute sur une possible bisexualité de le nouvelle Mme De Winter. Ce n’est pas le sujet du film, mais une curiosité qui fait bien parler les cinéphiles : ah la scène de la « fourrure ».Hitchcock réalise ici son premier film américain mais ne délaisse pas totalement son pays d’origine, ce dernier est très présent via le manoir de Manderley. Ce dernier est même un personnage à part entière du film. Il adapte ici le roman éponyme qui lui vaudra l’Oscar du meilleur film en 1940 et prend la direction d’un genre de film qui fera son identité et son succès ; le suspense psychologique. Il fait ses premières armes avec ce film, même s’il ne s’agit pas à mon goût de son meilleur, on sent le potentiel.Son film débute comme un conte de fées, l’ambiance changera radicalement dès l’arrivée à Manderley. Dans la demeure de la famille De Winter plane encore l’ombre de la défunte, ex épouse du Lord. Dès lors, Hitch prend un malin plaisir à distiller une atmosphère trouble, à la lisière du fantastique et de l’histoire de fantôme. La nouvelle Mme De Winter est campée par la belle Joan Fontaine, oscarisée aussi à l’occasion. Toute en vulnérabilité et loin des codes sociaux de l’aristocratie anglaise, la douceur et son visage angélique tranche avec la réelle maîtresse des lieux ; la gouvernante Mme Danvers. La jeune épouse est totalement effrayée et impressionnée par Mme Danvers ressemblant à Nosferatu. La splendide Joan Fontaine (nouvelle Mme De Winter) n’est jamais appelé par son prénom, tandis que la morte est omniprésente par la répétition incessante de son prénom : Rebecca. Cela participe à la négation même de l’identité de la nouvelle épouse, tandis que cela donne une présence palpable à un personnage que nous ne verrons pourtant jamais. La personnification de Rebecca s’effectue aussi au travers des murs, des objets, des vêtements. Le spectateur dans ce climat est fragilisé et s’identifie très vite à la nouvelle venue dans ce monde hostile aux codes bien étranges loin de son milieu. David Lynch dans « Twin Peaks » usera du même stratagème avec Laura Palmer au centre d’une histoire au sein de laquelle elle n’apparaîtra jamais. Hitchcock est allé plus loin puisqu’il ne nous offre aucune photo à nous mettre sous la dent. Et puis ce film passe aussi au scalpel toute l’hypocrisie des rapports sociaux de ce microcosme. Tous portent un masque social, lorsque la vérité tombe comme dans le cas de Maxim De Winter, la nouvelle Mme De Winter paraît être la seule à ne jouer aucun jeu. Parce que c’est l’amorce du cinéma qui rendra célèbre Hitchcock, parce que Joan Fontaine est splendide en petit oiseau sous la patte du gros chat noir, parce que Rebecca existe sans exister, parce qu’au travers du jeu avec la lumière et les ombres se dessinent des rapports humains malsains… Il faut absolument voir ou revoir ce très vieux bourré de talent.
Sorti en 1940

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