Magazine Journal intime

Où il est question d’un maréchal !

Par Vivresansargent

24/10/2013

 Il pleut. Depuis hier, le ciel est généreux. Les rivières et les fossés de la région débordent.

La reprise de la marche a été calme. Je n’ai marché que treize kilomètres. Mon genoux réagit bien. Pas question de reprendre trop vite ni trop fort. Ces trois jours de repos à Vezelay ont été aussi nécessaires que bénéfiques. Demain, vingt deux kilomètres. Je dois aller jusqu’à Corbiny car il n’y a rien avant. Pas même un troquet, semble-t-il.

Je suis ravi de mon séjour à Vézelay. J’y ai fait de belles rencontres. Jérôme, employé par le diocèse pour accueillir et s’occuper des pèlerins de passage au centre Sainte Madeleine. Ce jeune homme s’acquitte de sa mission aussi efficacement que chaleureusement. Une âme sensible, généreuse et ouverte au monde et aux hommes qui le peuplent. Il m’a tant offert. Je repars avec, entre autres choses, une couverture qui me sera bien utile et avec deux coquilles saint jacques, une toute petite accrochée à une ficelle autour de mon cou et l’autre, plus grande, fixée sur mon sac à dos. Ce symbole, très connu, du pèlerinage de Compostelle, est une aide précieuse sur les chemins. Il a le pouvoir d’ouvrir les cœurs et les esprits.

Je pense à Hervé. Rencontre très inspirante. En effet, rongé par la maladie, un cancer généralisé, il marche. Il souhaite m’a t-il dit, mourir debout. Belle source de réflexion et d’inspiration.

Je repense à la libraire du village. J’arrive dans sa boutique avec, à la main, le bouquin que Nathalie m’a offert pendant les vendanges. Une idée me traverse l’esprit. Je lui propose un échange. Je lui dis que ce serait sympa que j’arrive à Saint Jacques en ayant lu d’autres livres ainsi échangés, dans une chaîne non mercantile. Une rencontre, un partage et une histoire autour de chaque livre. L’idée lui plaît et elle m’invite à aller chercher dans le rayon des livres d’occasion. Un instant plus tard je reviens avec un livre plus chère que celui que je souhaite lui laisser. Nous discutons et au bout d’un moment, elle me révèle que l’on vient juste de lui parler du livre que je veux lui laisser, « Message des hommes vrais ». Je lui sert sur un plateau. L’échange se fait et la discussion se prolonge. Deux jours plus tard, je reviens la voir. On discute. Elle m’invite à prendre un autre livre. Elle m’accompagne dehors et devant le portique aux cartes postales, je la vois qui en choisit une et, dans un sourire, elle me l’offre pour, dit-elle, me faire un marque page. Merveilleuse attention.

Après les treize kilomètres du jour et entre deux averses, j’arrive à Bazoches, village dans lequel a été inhumé le maréchal Vauban, grand homme de l’histoire de France qui a bâtit tant de belles choses comme par exemple, ma ville préférée, Saint Malo.

Après avoir repéré un endroit ou deux où je pourrais dormir si je ne trouve pas de logement, je pars à la recherche de l’auberge du coin. Je la trouve. Elle est fermée. Une averse m’oblige a rester sur place, sous un arbre quand j’aperçois une dame qui travaille dans sa cuisine. Dans une grimace, elle me fait comprendre que c’est fermé. Je sais, c’est marqué sur la porte. Pas de problème, je me suis fais une raison mais je reste un instant supplémentaire sous l’arbre car il continu de pleuvoir. Elle approche. Elle a dû penser que j’insistais. On se salue. Elle me demande quoi. Je lui dis ça. Elle me montre comment est son visage quand on la dérange. Je lui montre mon visage quand je suis heureux. Elle est fermée comme une huître en plein désert. Elle me dit qu’elle ne peut pas me recevoir. Pas de problème, je vais dormir sous le préau de l’église. On discute. Elle se déride un petit peu. Vingt huit euros la chambre sans chauffage. Ce n’est pas possible pour moi. On discute. Elle me demande combien je peux mettre. Quinze euros, pas plus. Impossible me dit-elle. Elle va parler avec son mari et me dit d’entrer. Le mari se présente. On discute. L’établissement est fermé car ils préparent une grosse journée demain. Je suis cuisinier leurs dis-je, je peux vous aider en échange de la chambre. Tout le monde rigole. Finalement, pour quinze euros, j’ai la chambre. Très gentiment, le monsieur me prépare une assiette de crudités et me donne une baguette, une bouteille d’eau et une part de tarte aux prunes. La dame me donne une serviette, du shampoing, du savon, du café, du thé et une paire de chausson. Merveilleux.

 


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