J’aime quand un auteur très peu adepte du genre se lance
dans la nouvelle. Jonathan Coe le précise en
introduction : « il ne m’est pas facile de faire court […] Ce
qui m’attire dans la fiction, c’est plutôt la complexité, le panorama, et chez
moi, il est plus fréquent que les idées nées sous forme de nouvelles prennent
l’épaisseur d’un roman. »
Ce recueil d’à peine 100 pages réunit toute sa production de
nouvelles. Quatre textes en tout et encore, le dernier ne relève pas de la
fiction mais est un article consacré au film « La vie privé de
Sherlock Holmes » de Billy Wilder publié à l’origine dans les Cahiers du
cinéma. Dans les trois autres, on trouvera un frère et une sœur remuant les
souvenirs d’un Noël passé chez leurs grands parents aujourd’hui décédés, un
pianiste de bar new-yorkais qui imagine ce que serait devenue sa relation avec
une inconnue s’il lui avait répondu de façon différente ou encore le membre du
jury d’un festival du film troublé par un ancien adultère et la rencontre d’une
séduisante journaliste française.
Pour Coe, une production si minuscule (trois nouvelles en 15
ans) relève de « la plaisanterie ». Je trouve au contraire
intéressant de voir comment un auteur habitué aux grandes sagas familiales
(Bienvenue au club, Le cercle fermé) se sort de la forme courte. Et pour le
coup, il se débrouille très bien. Souvenirs, regrets, temps et occasions
perdus, il déroule une partition mélancolique et touchante. En quelques pages
il installe une atmosphère et parvient à incarner des personnages dont on cerne
en peu de mots l’état d’esprit. C’est vraiment une belle réussite, il est dommage
que cet auteur anglais au talent reconnu (prix Médicis étranger en 1998) ne s’adonne
pas plus souvent à la nouvelle.
Désaccords imparfaits
de Jonathan Coe. Gallimard, 2012. 100 pages. 8,90 euros.
PS : ce recueil est sorti en poche au début du mois.
Plus d’excuses !
Un billet qui signe ma troisième et dernière participation
au mois de la nouvelle de Flo.