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Rencontre avec claudie gallay

Par Geybuss

SAM_3955.JPG En octobre, la romancière Claudie Gallay a répondu présente à l'invitation de la librairie Lefailler... Dans une médiathèque Rennaise, elle a donc présenté son dernier ouvrage, intitulé Une part de Ciel.

Bien sûr, j'ai assisté à cet événement et j'ai pris quelques notes, dont voici des extraits !

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C'est l'histoire de Carole, qui retourne dans sa famille au coeur de la Vanoise. Elle y a rendez-vous avec son père, l'absent.. rendez vous fixé via une boule de neige...

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  CG : La première idée et image de ce livre, ce fut le lieu. Tous mes romans partent d'un lieu. Je voulais aussi traiter de la fratrie. J'aime les lieux géographiques forts, rudes. Je suis native du Dauphiné, donc je connais ces montagnes. Et puis il y a eu le personnage de Gaby, un peu rustre, qui n'a jamais quitté ce lieu. C'est donc l'histoire d'un lieu et de quelqu'un.

 Arnaud, l'interviewer : Pourquoi Carole veut voir son père, qu'elle n'appelle même pas Papa ?

CG : Oui, c'est un père un peu absent, qui partait mais qui revenait toujours. La mère aimait ses retours, elle s'apprêtait.... On ne sait pas trop où ce père habite... Et puis, il convoque ses enfants et ses 3 enfants vont se retrouver.

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Arnaud : Pourquoi vouloir rassembler 3 solitudes au même endroit ?

CG : Il fallait qu'ils soient seuls tous les 3, à un moment où ils sont sans conjoint, pour pouvoir se retrouver. Avec un frère ou une soeur, si les conjoints sont là, on ne dit pas les mêmes choses. Le cocon, ce sont les souvenirs car la maison n'est plus là, elle a brûlé. Ils vont devoir retrouver ensemble ces souvenirs et se réconcilier autour de ça.

Arnaud : Celui qui s'en va est il le plus fort ou le plus faible ?

CG : Carole n'est pas très à l'aise dans ce lieu C'est difficile de revenir, on est toujours étrangère... elle se laisse donc doucement réapprivoiser.

Ecrire l'attente et l'absence n'est pas compliqué mais il fallait oser la lenteur, admettre la lenteur des détails. Je ne pouvais pas faire un livre de 200 pages. Une fois ce fait accepté, je me suis dit que ce livre ne pouvait pas être écrit autrement...

CG : Au début, pour moi, c'était Gaby qui était faible, fragile. Elle est au quotidien, c'est la débrouille sans son mari. Finalement, celle qui est la plus fragile, c'est Carole, celle qui revient

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et a besoin de Gaby. J'aime ce lien indestructible entre les deux soeurs. Gaby a beaucoup changé depuis ma première version du roman.

Arnaud : La mère a-t-elle aimé à égalité ses enfants et en fonction de l'ordre dans lequel elle les a évacué lors de l'incendie ?

CG : C'est une question terrible que peuvent se poser des frères et soeurs. Ai-je été aimé, mieux, pareille, moins ? C'est une question essentielle par rapport aux parents. C'est le noeud du livre. La première scène que j'ai écrite, c'est la fin du livre. Je savais que je voulais aller là-bas, sans savoir par où l'allais passer.

Arnaud : Il y a une forte dimension visuelle dans ce livre....

CG : C'est important pour Carole, alors ça le devient pour moi. Au départ, ce sont des taiseux qui disent beaucoup de choses par des gestes, des regards... C'est un livre à lire lentement car beaucoup de choses sont dites autrement que par le verbe. Il y a des silences qui cachent des choses et d'autres qui en révèlent. Il y a des choses qu'il faut deviner et qui ainsi prennent un poids de vérité car elles sont découvertes.

 Arnaud :  Comment avez vous inventé ce village ? Comme le bout du monde ou comme le lieu le plus beau du monde ?

CG : Difficile à dire. Ce sont des villages où personne ne s'arrête alors que si on s'y arrêtait, on y trouverait de la vie. C'est aussi le bout du monde... car il faut marcher sur les chemins pour les garder vivants.

Arnaud : Pourquoi en faire un village à l'avenir précaire ?

CG : C'est porreux avec ma propre histoire. Ca me touche beaucoup ces villages qui évoluent avec le progrès. J'ignore si c'est une bonne chose ou pas, cette modernisation. Je ne suis pas paséiste, mais j'ai toujours mal aux paysages qui disparaissent. Quand j'aime un paysage, je voudrais qu'on y touche jamais.

Arnaud : Vous évoquer la lenteur pour ce roman et pourtant, vos phrases sont courtes. Comment avez vous décidé cela ?

CG : Je ne décide pas et c'est dommage car cela irait bien plus vite si je décidais. C'est un texte que j'ai écrit plusieurs fois. J'ai commencé en septembre. Donc, quand je suis arrivée au corps du livre, c'était l'hiver. Par contre la relecture s'est faite au printemps, donc c'était moins facile de se croire en plein hiver.

Ma question : A quoi ressemble une journée de Claudie Gallay, l'écrivaine ?

CG : Je suis au bureau à 5h du matin. C'est l'heure où on ose le plus en écriture... jusqu'à 8 ou 9h, tous les jours. Le soir, je relis. Et l'après midi, je vis ! Ce que je préfère dans le travail de l'écriture, c'est le choix du mot juste, précis. Ne pas trahir la langue, la façon de parler du personnage. C'est compliqué de savoir quand s'arrêter, au moment juste. Je prends beaucoup de notes, j'ai toujours des carnets avec moi.

CG : Aucun des personnages de vient d'une seule personne existente. Ils sont vraiment inventés, contrairement aux paysages qui existent.

Ma 2ème question : En cas d'incendie, lequel de vos livres sauveriez vous en premier ?

CG : Je sauverais mes notes du prochain livre !

  Passons aux photos qui complètent ma collection d'effets de mains d'auteurs !

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