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La lettre avant l'esprit

Publié le 27 octobre 2013 par Malesherbes

Au début de la pitoyable affaire déclenchée par l’interpellation d’une mineure immigrée en situation irrégulière, j’ai vu et entendu dans une émission de télévision notre ministre de l’Intérieur justifier sa position. Il assurait que tout avait été conduit conformément à la réglementation en vigueur et en particulier dans le respect de « l’enceinte scolaire ». Comme le journaliste qui l’interrogeait manifestait son étonnement devant cette dernière mention, Manuel Valls la répétait, martelant ce terme d’enceinte.

Je suppose qu’il entendait ainsi proclamer que la loi avait été  respectée, l’interpellation ayant été réalisée en dehors des murs d’une école. En fait, les forces de police ne pouvant pas, à ma connaissance, pénétrer dans un établissement scolaire sans y avoir été auparavant invitées par la direction de celui-ci, cette mention ne vise pas à faire respecter l’enceinte scolaire, qui l’est déjà par la disposition que je viens d’évoquer, mais plutôt le cadre scolaire.

Cette disposition a d’ailleurs été allègrement contournée dans le passé par l’organisation de rafles à proximité d’écoles. Lorsque j’emploie ce mot rafles, je n’ai aucunement l’intention d’assimiler leurs auteurs à des nazis. Ce mot a pris un sens terrible depuis les années sombres de l’occupation mais, selon le Robert, une rafle est une « arrestation massive opérée à l'improviste par la police dans un quartier suspect, un établissement mal famé ». Un peu comme un pêcheur qui lance son filet et ne conserve ensuite que les poissons des espèces qu’il recherche. Cette définition interdit donc d’employer le mot de rafle à propos de cette interpellation qui visait à se saisir d’une personne nommément désignée.

 Pour en revenir à ce propos de notre ministre, ce ne sont pas des murs qui vont s’émouvoir du sort d’une enfant cueillie dans son école mais plutôt ses professeurs et camarades. Sa réputation doit donc être protégée où qu’elle se trouve lorsqu’il s’agit d’activités scolaires ou périscolaires. Alors qu’on dissimule le visage du pire suspect d’assassinat, on n’aurait pas d’égards pour une élève ?

Pour éviter d’irriter les modérateurs, je me garderai bien de qualifier cette attitude de Manuel Valls. Mais je me sens très inconfortable quand un ministre de la République oppose la lettre de la loi à son esprit.   


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