Magazine Cinéma

Lettre à Léa : Mary versus Leonarda - 4

Par Plumesolidaire

 

lost-my-brain.jpg

Lettre à Léa : Mary versus Leonarda - 1 

Lettre à Léa : Mary versus Leonarda - 2

Lettre à Léa : Mary versus Leonarda - 3

Pour continuer cette série d'articles que je te dédie Chère Léa, j'aimerais que tu écoutes cette chronique de Brice Couturier qui, à mon avis, pose bien les termes du débat sous ses différents et principaux aspects;

Puisque je vois que je te passionne, reprenons la suite de ma lettre...

Cet aspect moins reluisant de l’immigration en France que je dépeins, est toujours poussé sous le tapis par la gauche bien pensante.

Au slogan de Mai 68, il est interdit d’interdire, elle voudrait substituer celui de l’interdit de dire.

J’appartiens à une autre gauche, toute aussi soucieuse des valeurs de solidarité, mais aussi plus réaliste, et qui ne souhaite pas vivre avec la moitié de son cerveau à la lumière des belles actions, et l'autre dans l’obscurité de l'autocensure.

Dans ce blog que tu connais, tu as pu lire de nombreux cas de situations problématiques de personnes en difficulté avec l'administration, un employeur, un propriétaire de logement...

Je revendique, ô Léa la Douce, le droit de dire la réalité que je vois, rien que cette réalité, mais toute cette réalité *. Et je ne suis en aucune manière suspect de compromission avec celles et ceux qui refusent l'immigration et rejettent globalement les immigrés; à l’exception des touristes étrangers et de ceux qui vivent pas dans les hôtels *****, et les beaux quartiers.

Telle est Léa la face obscure de l’activité de l’écrivain public.  C’est le revers de l’immigration, qu’elle soit devenue légale par régularisation au fil des années, ou qu’elle soit toujours clandestine. Elle interroge profondément la conscience citoyenne de l'écrivain public qui n'entend pas être l'idiot utile des politiques aveugles qui laissent "46% des immigrés s'installer pour des raisons famliales" (source / Mots Croisés du 21 octobre 2013).

Dans un pays qui connaît une situation dramatique en matière d'emploi; et un manque cruel de logements sociaux dans les 25 grandes villes où cohabitent 40% des français et la quasi totalité des populations immigrées.

Personnellement ma Chère Léa, je préfère une immigration légale, qui reste généreuse et fidèle aux valeurs de la gauche, et opposé à l’immigration clandestine; tout particulièrement en ce qui concerne les unions contractées entre immigré(e)s devenu français(es) et étranger vivant au pays d'origine. Je souscris donc au principe des expulsions à condition qu'elles se réalisent dans le respect de la dignité des personnes et des droits de l’homme, même si c’est humainement douloureux et moralement pénible, comme dans le cas de la famille Dibrani.

Plus, j'attends que le gouvernement se saisisse de la question de l'immigration et de la laïcité, actuellement préemptées par le Front National. Je n'hésite pas à écrire ici que je ne comprends les motifs des accords qui avantagent les ressortissants d'origine algérienne et tunisienne.

Jusqu'à ce que j'y mette un terme définitif, j'ai reçu pendant plusieurs années par ce blog, des demandes multiples d'aides financières et d'entrée en France émanant d'enfants et petits enfants d'anciens combattants algériens, qui ne connaissent pas notre pays, auxquels la France ne doit rien, et revendiquent un devoir de reconnaissance (pension, droit au séjour et aux aides sociales) en héritage du courage de leurs pères et grands-pères...

Dans un esprit républicain, je souhaite que tous les étrangers soient à égalité devant les conditions d'entrée et de séjour en France, d'où qu'ils viennent, de nos anciennes colonies ou d'ailleurs. Les guerres du XXème siècles sont loin, l'empire colonial a disparu plus depuis 60 ans. La France a un devoir de mémoire à l'égard de ces peuples, mais n'a plus à se laisser culpabiliser, et enchaîner par son histoire, par les ressortissants de pays indépendants.

Par ailleurs, l'immigration ne peut en France se justifier pour des raisons démographiques. Nous ne sommes ni l'Allemagne, l'Espagne ou l'Italie. Elle ne doit plus constituer une immigration de population de fait, qui n'a jamais l'objet d'une consultation démocratique.

Notre Etat et nos chefs politiques de gauche s'honoreraient s'ils montraient leur volonté de joindre les actes à leurs paroles, en proposant aux populations illettrées qu'il accueille, des politiques d'éducation scolaire, civique, d'accompagnement, et de formation adaptées aux niveaux culturels des étrangers devenus français et des étrangers autorisés à séjourner.

J'attends de notre gouvernement qu'il prenne les mesures que tout pays d'immigration doit mettre en place, en particulier par une politique d'apprentissage obligatoire de la langue, de l'écriture pour tous les immigrés et étrangers résidant légalement sur notre territoire; financée sur les deniers publics, dispensée par des enseignants qualifiés, et à hauteur des besoins actuels.

Voilà à mes yeux ce que pourrait constituer une politique d'immigration généreuse.

Je souhaite que l'identité française et son rôle au sein de la civilisation européenne et occidentale - qui n'est pas la sinistre identité nationale sarkozienne -, soit clairement assumée et affirmée comme étant la culture de référence de notre pays, dans la continuité de son histoire et de ses valeurs républicaines. Ecartant fermement et définitivement le projet d'une société inclusive, indifférenciée et passive, ainsi que le multiculturalisme et les séparatismes identitaires.

En d'autres termes, je rêve à mon âge encore, d'un pays qui assume son histoire, sa culture, ses modes de vie et s'engage dans un véritable contrat du vivre ensemble, unissant français, immigrés et étrangers, dans lequel l'Etat prendra ses responsabilités pour permettre aux immigrés de bien vivre avec nous (et non pas, parmi nous ou à côté de nous), et leur assignera les obligations qu'ils seront tenus de respecter pour vivre dans notre pays. Je rêve de gouvernements qui auront le courage et la fermeté de faire respecter ce contrat par les français.

Voilà à mon sens ce que pourrait constituer les bases d'une entente harmonieuse entre femmes et hommes de cultures différentes, fondées sur un socle de règles communes et partagées. 

*Tel est le sens du dernier livre d’Alain Finkielkraut – « L'identité malheureuse », qui a reçu une volée de bois vert de la part d'un censeur dépositaire patenté de l’histoire de l’immigration; alors qu’il mérite  sinon d’être compris, au moins d’être écouté avec attention…Mais peut-on encore aujourd’hui débattre démocratiquement de l’immigration en France et de ses conséquences sur l'identité française ? Sans être suspect de cautionner les idées du Front National ou de la Droite Forte ?

- - - - - - - - -

Enfin, je ne puis m’empêcher de ma poser la question des arrières pensées des militants du Réseau Education Sans Frontières, qui ont alerté le Parti de Gauche et le site Mediapart, qui sont à l’origine de la médiatisation des conditions de l’arrestation de Leonarda Diabari (source : Le secret des sources – France Culture)

Ma chère Léa, nous entrons ici dans le fond de « l’affaire Leonarda », celui dont le sens et les enjeux lui échappent autant que son image étalée à l’encan, comme à toi sans doute et aux milliers de collégiens qui se sont mobilisés à l’initiative des "syndicats étudiants"liés au Parti Socialiste (Fidel, UNEF Lycéens), contre les expulsions des élèves sans papiers scolarisés en France.

Avec ses manipulations politiques. Je pense à l’exemple présenté par l’un des invités de l’émission  Le secret des sources,journaliste de l’opposition, qui évoque un tweet lui communiquant le lien avec le blog de Mediapart qui a lancé la polémique; tweet qui lui a été adressé par l’un des ministres du gouvernement actuel, l’informant de l’existence de ce fait divers dans le but de porter préjudice à son collègue de l’Intérieur. Sympa non ?

C'est là, où les rapports de force politiciens surfent sur la vague de l’instrumentalisation des flux d’opinions suscités par cette expulsion, que s’arrête ma réflexion d’homme de terrain et d’écrivain public.

--------------

Cette longue méditation sur ces problématiques, conforte ma position de ne pas faire œuvre de complaisance ni vis-à-vis des étrangers que je reçois, ni à l’égard de celles et ceux qui se tiennent droit dans les bottes de la solidarité universelle obligatoire. Et de ne considérer que l’état du droit français et de ses modalités d’application pour tous les français et étrangers qui peuvent en bénéficier.

D'un point de vue juridique : la loi est applicable à toutes et à tous, français ou étrangers.

Or Monsieur Dibrani, père d’une famille de six (ou sept ?) enfants a volontairement entraîné les siens dans une situation illégale...Famille accueillie dignement et hébergée aux frais de l'Etat, pendant quatre ans en raison de la lenteur, et du respect des procédures du droit d’asile en France.

« A la tête de son comité de soutien, Gérard Guinot s'est battu pendant des années pour que la famille Dibrani obtienne l'asile en France. Mais quand, après que tous les recours furent épuisés, la préfecture de Doubs a entériné son obligation de quitter le territoire au motif qu'elle présentait "d'insuffisantes perspectives d'intégration sociale et économique", il s'est fait une raison ».(Source Le Monde du 17 octobre 2013)

Autrement dit, la responsabilité de l'expulsion de cette famille incombait entièrement au père, et non aux services de l'état qui n’ont fait qu’appliquer - maladroitement il est vrai -, le droit français.

Leonarda Dibrani étant mineure et placée sous la responsabilité de ses parents, son départ de France est juridiquement fondé. Et cette agitation médiatico politique n’aurait pas eu lieu d’être si elle avait été arrêtée le matin avant son départ ou à l’arrivée de la sortie scolaire à laquelle elle s’était inscrite la veille au soir. Alors même qu’elle s’était distinguée par son absentéisme depuis la rentrée scolaire (source C dans l’air).

Moi aussi ma petite Léa, je me suis fait une raison. Pour la famille Leonarda, comme pour les nombreuses personnes que j’ai reçues qui sont dans cette situation.

  

- - - - - - - - -

J’achèverai mon aède (je pressens que tu n’as pas ton dico de français à tes côtés), par une devinette et un vœu.

Quel est le pays dans lequel l’application d’une décision légale déchaîne une polémique nationale ?

Quel est le pays dans lequel, à une demi-heure près, ce déchaînement médiatique et politique n’aurait pas eu lieu ?

Quel est le pays dans lequel, pour finir, le chef de l’Etat s’empresse d’inscrire un projet de loi d’accélération des décisions en matière de droit d’asile à l’agenda du Parlement ?

Léa, ce pays s’appelle la France.

"La France, a enregistré le dépôt de 55.000 nouvelles demandes d’asile et 6.000 demandes de réexamens, selon des chiffres officiels. La demande d'asile a progressé de 7% en 2012, la cinquième hausse consécutive, précise l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) dans son rapport annuel.

En 2012, l'Ofpra n'a accordé l'asile qu'à 4.348 demandeurs, en baisse de 6%. Environ 15% de ses refus (soit 5.628 dossiers) ont été invalidés par la Cour nationale du droit d'asile (CNDA), ce qui aboutit à un total de près de 10.000 réponses positives, soit 21% du total des demandes contre 25,3% en 2011.

A la fin 2012, 177.000 personnes se trouvaient sous la protection de la France" (source Le Point)

Les demandes d'asile seront donc traitées plus rapidement et l'immense majorité des demandeurs recevront une réponse négative à leur requête. Contrairement à Mary qui résidait en France depuis plus de 10 ans. 

La gauche qu’incarne le Président de l’Assemblée Nationale – « il y a la Loi, oui mais il y a les valeurs avec lesquelles la gauche ne saurait transiger sous peine de perdre son âme » -, n'a peut-être pas encore perdu son âme, mais elle s'est bien ridiculisée.

C’est la gauche des sophistes. Qui ne veut voir que la moitié des choses. Victor Hugo définissait ainsi le sophiste : « un sophiste est un homme qui ne comprend que des fragments d’idées ».

Enfin Léa, je voudrais te demander un petit service s'il te plaît : pourrais-tu écrire un poème pour Mary aussi émouvant que celui que tu as écris pour Leonarda ?

Et si tu es d'accord, je te propose d'aller plus loin. Chaque semaine, chère Léa, je t'adresserais de nouveaux courriers comme celui j'ai rédigé pour Mary, et toi tu écrirais un nouveau poème que je publierais sur Plumeacide.

Dans l’attente du plaisir de te lire Chère Léa.

Si tu veux aller plus loin dans la réflexion, je te suggère d'écouter la seconde partie des Matins de France Culture -  ouverte par la chronique de Brice Couturier (elle ne dure que 19 minutes):

Plume Solidaire


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Plumesolidaire 573 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog