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Lettre à Léa : Mary versus Leonarda - 4

Publié le 29 octobre 2013 par Plumesolidaire

 

Lettre à Léa : Mary versus Leonarda - 1

Lettre à Léa : Mary versus Leonarda - 2

Lettre à Léa : Mary versus Leonarda - 3



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Banksy - Ce que nous faisons dans la vie fait écho dans l'Eternité

Bonjour Léa, comment ça va aujourd'hui ?

Puisque je vois que je te passionne, reprenons la suite de ma lettre...

Cet aspect moins reluisant de l’immigration en France que je dépeins, issue tu l’auras compris du continent africain, est toujours poussé sous le tapis par la gauche bien pensante.

Au slogan de Mai 68, il est interdit d’interdire, elle voudrait substituer celui de l’interdit de dire.

J’appartiens à une autre gauche, toute aussi soucieuse des valeurs de solidarité, mais aussi plus réaliste, et qui ne souhaite pas vivre avec la moitié de son cerveau à la lumière des belles actions, et l'autre dans l’obscurité de l'autocensure.

Dans ce blog que tu connais, tu as pu lire de nombreuses  situations problématiques de personnes en difficulté avec l'administration, un employeur, un propriétaire de logement...

 Je revendique, ô Léa la Douce, le droit de dire la réalité que je vois, rien que cette réalité, mais toute cette réalité *. Et je ne suis en aucune manière suspect de compromission avec celles et ceux qui refusent l'immigration et rejettent globalement les immigrés.

Telle est Léa la face obscure de mon activité de l’écrivain public.  C’est le revers de l’immigration, qu’elle soit devenue légale par régularisation au fil des années, ou qu’elle soit toujours clandestine. Elle interroge profondément la conscience citoyenne de l'écrivain public sur le sens de son action

Agissant au cœur de certaines réalités de l’immigration, ayant conscience du niveau d’éducation scolaire, des connaissances et des compétences qu’exige l’insertion sur le marché du travail et l’adaptation à notre société, je me demande concernant nombre de personnes que je reçois, comment elles pourraient combler ce déficit abyssal. Et quel avenir peut être le leur au sein d’un peuple devenu aujourd’hui de plus en plus fermé ou hostile à la présence d’étrangers, pourtant indispensables à notre économie.

Même si je sais que notre destin n’est pas déterminé à l’avance, et que chacun dispose de ses propres atouts pour construire un chemin de vie heureux.

Prés d’un français sur trois (30%) a un parent ou un grand parent d’origine étrangère. Si l’immigration fait partie de l’histoire de notre peuple, il faut bien reconnaître que les conditions d’accueil des immigrés aujourd’hui ne sont pas en adéquation avec leurs besoins.

Or, selon Hervé Le Bras, démographe et historien « Trois sans papier sur 4 sont venus avec un visa de façon régulière, puis restent en France. » Est-ce normal ?

40% des français et la quasi totalité des populations immigrées habitent dans les 25 métropoles d’un pays qui connaît une situation dramatique en matière d'emploi; et un manque cruel de logements sociaux dans les grandes villes. Or 46% des immigrés viennent en France pour des raisons familiales" (source / Mots Croisés du 21 octobre 2013).

Et, nous, écrivains publics, ne cessons d’être sollicités pour des problèmes de mal logement, d’accès à un premier logement social de la part de personnes qui sont hébergées aux frais de la République dans des hôtels (à quel prix ?), et de changement de logement pour les familles qui s’agrandissent naturellement. Par ailleurs j’ai quotidiennement connaissance des graves conséquences que ces conditions de vie entraînent sur la scolarité et l’avenir des enfants et des jeunes de ces familles.

C’est pour ces motifs que, personnellement ma Chère Léa, je préfère une immigration légale, qui reste généreuse, fidèle aux valeurs de la France que je voudrais digne des personnes qu’elle accueille. Et opposé à l’immigration clandestine, et tout particulièrement celle qui concerne les unions contractées entre immigré(e)s devenu français(es) et étranger vivant au pays d'origine, qui portent préjudice à tous les étrangers qui respectent le droit français et européen.

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Plus, j'attends que ce gouvernement se saisisse de la question de l'immigration et de la laïcité, actuellement préemptées par le Front National.

Jusqu'à ce que j'y mette un terme définitif, j'ai reçu pendant plusieurs années par l’intermédiaire du formulaire de contact de ce blog, des demandes multiples d'aides financières et d'entrée en France émanant d'enfants et petits enfants d'anciens combattants algériens, qui ne connaissent pas notre pays, auxquels la France ne doit rien, et qui revendiquent un devoir de reconnaissance (pension, titre de séjour, aides sociales) en héritage du courage de leurs ascendants...

Dans un esprit républicain, je préférerais que tous les étrangers soient à égalité devant les conditions d'entrée et de séjour en France, d'où qu'ils viennent, de nos anciennes colonies ou d'ailleurs. Les guerres du XXème siècle sont loin, l'empire colonial a disparu depuis plus de 60 ans. La France a un devoir de mémoire à l'égard des peuples qu’elle a colonisés et des hommes qui ont combattu aux côtés de nos pères. Elle ne doit rien à leurs enfants. Et je ne vois pas au nom de quels principes notre pays persévérerait à se laisser culpabiliser, et enchaîner par son histoire coloniale, par des ressortissants de pays devenus indépendants.

Les vietnamiens l'ont bien compris et vivent en harmonie avec nous, sans réclamer la dîme post coloniale.

Par ailleurs, j’abonde Léa dans le sens d’Alain Finkielkraut, lorsqu’il souligne que l'immigration ne peut en France se justifier pour des raisons démographiques. Nous ne sommes ni l'Allemagne, l'Espagne ou l'Italie qui souffrent d’un déficit démographique. Elle ne doit plus constituer une immigration de population de fait, qui n'a jamais l'objet d'une consultation démocratique des citoyens français.

De plus, notre Etat et nos chefs politiques de gauche s'honoreraient s'ils montraient leur volonté de joindre les actes à leurs paroles, en proposant aux populations adultes illettrées résidentes, des politiques d'éducation scolaire, civique, d'accompagnement, et de formation adaptées aux niveaux culturels des étrangers devenus français et des étrangers autorisés au séjour.

J'attends de notre gouvernement qu'il prenne les mesures que tout pays d'immigration doit mettre en place, en particulier par une politique d'apprentissage obligatoire de la langue, de l'écriture pour tous les immigrés et étrangers résidant légalement sur notre territoire; financée sur les deniers publics, dispensée par des enseignants qualifiés, et à hauteur des besoins actuels.

Comme tu le sais Léa, cette politique serait la volonté en acte de la gauche de s’opposer à l’autoritarisme de l’assimilation – adapte-toi tout seul ou pars - prônée par le Front National, par une véritable politique d’accueil et d’adaptation.

Voilà à mes yeux ce que pourrait constituer une politique d'immigration généreuse.

Enfin, un écrivain public n'est pas une machine à faire de l'abattage épistolaire. Il ne peut non plus éviter de réfléchir  à la question des identités.

Je souhaite que l'identité française - qui n'est pas la pauvre identité nationale sarkoziste, et le néo nationalisme du FN -, et son rôle au sein de la civilisation européenne et occidentale soit clairement assumée, affirmée comme étant fonfée sur notre culture en tant que culture de référence de notre pays pour les étrangers, dans la continuité de son histoire, de ses traditions d’accueil et de ses valeurs républicaines. Ecartant le projet d'une société inclusive, indifférenciée, molle et anomique, refusant le multiculturalisme des cultures cloisonnées et les séparatismes identitaires.

En d'autres termes, je rêve à mon âge encore, d'un pays qui assume son histoire, sa culture, ses modes de vie et s'engage dans un véritable contrat du vivre ensemble, unissant français, immigrés et étrangers, dans lequel l'Etat prendra ses responsabilités pour permettre aux immigrés de bien vivre avec nous (et non pas, parmi nous ou à côté de nous), et leur assignera les contreparties qu'ils seront tenus de respecter pour vivre dans notre pays. Je rêve de gouvernements qui auront le courage et la fermeté de faire respecter ce contrat aussi par les français de toutes opinions, maléfiques ou bien pensantes.

Voilà à mon sens ce que pourrait constituer les bases d'une entente harmonieuse entre femmes et hommes de cultures différentes, fondées sur un socle de règles communes et partagées. 

*Tel est le sens du dernier livre d’Alain Finkielkraut – « L'identité malheureuse », qui a reçu une volée de bois vert de la part d'un censeur dépositaire patenté de l’histoire de l’immigration; alors qu’il mérite  sinon d’être compris, au moins d’être écouté avec attention…Mais peut-on encore aujourd’hui débattre démocratiquement de l’immigration en France et de ses conséquences sur l'identité française ? Sans être suspect de cautionner les idées du Front National ou de la Droite Forte ?

  

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Enfin, je ne puis m’empêcher de ma poser la question des arrières pensées des militants du Réseau Education Sans Frontières, qui ont alerté le Parti de Gauche et le site Mediapart, qui sont à l’origine de la médiatisation des conditions de l’arrestation de Leonarda Diabari (source : Le secret des sources – France Culture)

Ma chère Léa, nous entrons ici dans le fond de « l’affaire Leonarda », celui dont le sens et les enjeux lui échappent autant que son image étalée à l’encan, comme à toi sans doute et aux milliers de collégiens qui se sont mobilisés à l’initiative des "syndicats étudiants"liés au Parti Socialiste (Fidel, UNEF Lycéens), contre les expulsions des élèves sans papiers scolarisés en France.

Avec ses manipulations politiques. Je pense à l’exemple présenté par l’un des invités de l’émission  Le secret des sources,journaliste de l’opposition, qui évoque un tweet lui communiquant le lien avec le blog de Mediapart qui a lancé la polémique; tweet qui lui a été adressé par l’un des ministres du gouvernement actuel, l’informant de l’existence de ce fait divers dans le but de porter préjudice à son collègue de l’Intérieur. Sympa non ?

C'est là, où les rapports de force politiciens surfent sur la vague de l’instrumentalisation des flux d’opinions suscités par cette expulsion, que s’arrête ma réflexion d’homme de terrain et d’écrivain public.

Encore un effort Léa, je sais que je t'ai bien pris la tête. Sois courageuse et patiente encore un peu. Demain verra la fin de ce fastidieux cycle initiatique.

Tu peux retourner jouer avec ton téléphone portable maintenant.

Bise,

A demain


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