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Essai de chiffrage de mon inquiétude à l'égard du FN

Publié le 30 octobre 2013 par Edgar @edgarpoe

Je lisais dans Libération ce matin que Marine le Pen estimait à 70 milliards d'euros le coût de l'immigration. Un billet bien fait de Laurent Pinsolle donnait une approximation à cinq milliards.

En commentaire dudit billet j'ai écrit ceci : "d'abord je souscris entièrement au commentaire de léonard, la comptabilité n'a pas grand sens.
ensuite, il faudrait, en comparaison de cet équilibre coût/bénéfice un peu factice, mettre en balance la part du PIB qui est produite par les travailleurs immigrés. s'il produisent 5% du PIB, pour être très prudent, soit 85 milliards d'euros par an, on peut considérer que le coût global de 5 milliards d'euros est faible par rapport au fait principal qu'ils soutiennent aussi notre natalité tout en contribuant à notre économie."

Certains de mes lecteurs habituels jugeront en sens inverse que je néglige le coût culturel évident (pour eux) du phénomène, mais ce n'est pas mon propos.

L'article de Libé me donne donc l'occasion de constater que le site du FN chiffre le "coût de l'immigration", évalué à 70 milliards, mais à la rubrique Europe ne donne aucun chiffre.

Pourtant ces chiffres existent. La contribution nette de la France au budget européen, d'un minimum de 7 à 8 milliards d'euros n'est même pas citée, pas plus que la perte de recettes fiscales et de PIB qu'entraîne l'euro, évaluée à 400 milliards par Jacques Sapir en 2010 (le vrai coût de l'Union européenne à mon sens est la démocratie, et il n'est pas chiffrable).

J'ai tendance à faire confiance au chiffrage de Sapir, en ordre de grandeur. Et je retiens, pour l'exercice, celui de Laurent Pinsolle sur l'immigration, là encore avec des tas de réserves sur le peu d'intérêt de ramener certaines question à des chiffres.

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Dans le fond, la vraie France coule, envahie par les bêtes.

Au centre, le blogueur dans sa bulle, inconscient des dangers.

En bas, les rats envahissent le navire.

On a donc pour la France envisagée sous l'angle économique, un "problème" à 5 milliards d'euros par an, et un autre "problème" à 400 milliards d'euros par an. J'ai donc tendance à estimer le deuxième comme étant 80 fois plus inquiétant que le premier. Et à faire assez peu confiance à un parti qui semble considérer les deux questions comme étant d'égale importance.

Pour dire la même chose d'une autre façon, si l'Union européenne et l'euro n'avaient pas ramené la croissance française à rien, à mon sens la question de l'intégration des immigrés n'occuperait pas une place si importante dans le débat politique.

Cette hiérarchisation des questions politiques est à mon avis celle que pratique l'UPR, avec une grande justesse. Celle que semble pratiquer le FN ne me convainc pas.

*

Tant qu'à parler d'immigration, un dernier point. Je lisais récemment une phrase de Saint Paul : "La loi est venue pour que le crime soit augmenté." Pour Léon Chestov, elle signifie que la loi, en définissant le crime, le crée. Il y a donc, dans un débat sur la loi, un double aspect. Certes, en régime républicain, le respect de la loi est une condition du jeu démocratique. Pas de démocratie possible sans acceptation de la règle du vainqueur. Mais, dans le même temps, la loi a un rôle fondamental qui est aussi celui de définir le bien et le mal. Et il est légitime que la population puisse s'exprimer quand le droit lui paraît s'écarter du juste. J'ai longtemps été plutôt kelsénien, positiviste, à considérer que le légal et le juste devaient être distincts. Je le crois de moins en moins. Et donc il n'est pas illégitime que face à une expulsion considérée comme au minimum un peu brutale parce qu'ayant eu lieu dans un cadre scolaire, ceux qui le souhaitent puissent exprimer leur désaccord. Surtout lorsqu'ils le font en respectant la loi. Que je sache, personne n'a attaqué les forces de l'ordre venues intercepter Léonarda et sa famille. Qu'enfin, que Vincent Placé soit un tartuffe en appelant les lycéens à manifester au lieu de, lui-même, déposer une proposition de loi, est une évidence. Il n'est pas le seul dans ce camp. Mais c'est une autre question. Face au gauchisme qui considère que tout est politique, la rigidité consistant à dire tout est légal ne tient pas peut-être pas suffisamment compte du rôle moral de la loi.


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