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Max | Douze balles dans la peau de la part de Marianne

Publié le 08 novembre 2013 par Aragon

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Ce mec-là sur la photo l'a 91 piges. Il a le verbe haut, la gouaille intacte, loin d'être à la ramasse. Il s'appelle Vincent et elle, qui le bade, qui lui sourit si beau, c'est Berthe. Ils ont vécus ensemble toute une vie, modestes mais heureux.

Mon tonton l'a connu quand tout le monde disait qu'il puait, quand personne ne voulait embaucher le charpentier hors pair qu'il était. Personne sauf le camarade Pierre Dufourcq de Castel qui a dit à tous les donneurs de leçons qui voulait l'empêcher d'embaucher Vincent, d'aller se faire foutre... Remontons le temps...

Vincent c'est un costaud, un hercule capable de soulever des charges incroyables avec le sourire, il est pourtant de taille moyenne, il est un donneur de moral, toujours gai, il marche sur les mains, il grimpe comme une mouche en haut d'un mur lisse, il chante, il joue de l'accordéon, sa rengaine préférée c'est "Ninette allons au jardin", ses potes vont l'appeler "Ninette", sans équivoque, je veux dire que l'heure n'est pas à la gaudriole dans cette France noire de 14/18, l'heure est au feu et au sang.

Le caporal Vincent Moulia a une croix de guerre "palmée" longue comme un jour sans pain, il a tout fait, il a tout vu, il a tout vécu, de Charleroi à Verdun en passant par le Chemin des Dames. Il a été enterré tout vif mais sans dommage par un obus, il a eu sa pipe cassée entre ses dents par une balle, il a sauvé des hommes, il a tué, il s'est battu comme un lion, Vincent est un héros qui va recevoir demain douze balles dans la peau. Fusillé pour l'exemple, les pelotons lugubres du général Pétain passent par là !

Mais Vincent se barre, se fait la belle de son trou à rat la veille d'être fusillé, il traverse la France pour rentrer chez lui retrouver sa Berthe. Il vivra mille péripéties avant d'être amnistié, réhabilité, honoré de la Légion d'honneur.

Jospin premier ministre avait associé "les fusillés pour l'exemple" à leurs camarades en 1998, il a reçu tout comme moi qui avait fait paraître à l'époque un papier dans Sud-Ouest pour "féliciter" une telle initiative, des bordées d'injures. Vincent ne fut plus toute sa vie qu'un "déserteur", un paria. On décréta qu'il puerait à vie.

Notre Président entre cette semaine en commémoration de celle qui ne fut pas "la Der des Ders", moi je vous commémore soldats de cette putain de guerre, je vous commémore tous sans exception, je te commémore Vincent Moulia, je t'étreins, je t'embrasse très fort.

http://www.france24.com/fr/20131001-poilus-fusilles-exemp...

http://www.rue89.com/2013/11/08/commemoration-14-premiere...


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