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Ceux prônent l’enseignement de la “darija” sont-ils sérieux?

Par Citoyenhmida

Je commence ce billet  par une mise au point nécessaire  pour éclaircir les faits et poser les bases d’un débat serein : je n’ai rien d’un arabisant fanatique, je n’ai appris l’arabe classique qu’à mon entrée au collège et j’ai trainé cet handicap durant toute ma scolarité, face à des condisciples qui venaient de ce qu’on appelait à l’époque l’école franco-arabe!

Cela ne m’a pas empêché, je l’espère et en tout cas je le crois, d’avoir suivi des études normales qui ont fait de moi  un marocain qui aime son pays, qui respecte infiniment ses traditions et son histoire.

Mes enfants ont eu la chance de suivre, pour les uns leurs cursus scolaire et supérieur dans l’enseignement marocain, avant de le conclure par un passage dans des universités anglaises, pour une autre de mener  ses études supérieures dans une langue anglo-saxonne.

Cela n’a empêché ni l’une  ni les autres d’avoir une formation qui leur permet d’exercer leurs responsabilités citoyennes et  professionnelles sans aucun complexe sans états d’âme.

Donc, l’arabe, dans ma famille, nous l’avons étudié de la manière la plus scolaire qui soit et l’avons utilisé et l’utilisons encore de la manière la plus professionnelle qui soit.

Cela ne nous a jamais éloignés de la “darija”!

La “darija”,  mes enfants et leur progéniture  la parlent, comme je la parle, comme nous la parlons, comme vous la parlez! Comme on l’entend dans la rue, dans les couloirs des administrations, dans  les cours des écoles, dans les couloirs des facultés, dans les hamams, dans les autobus, dans les stades, chez notre épicier ou dans l’atelier de notre garagiste.

Cette même “darija” est parlée par les enseignants d’arabe, ceux qui inculquent à nos enfants les rudiments de la science du grand grammairien arabe Sibayouah, comme par nos universitaires de la Qarouine ou de la faculté des lettres de Rabat, ou encore par nos doctes ulémas quand ils s’adressent au “pecus vulum”, en d’autres termes au commun des nos concitoyens.

La “darija” est notre langue normale donc de communication!

Mais ce qu’il ne faut pas oublier c’est que chaque région à sa “darija”, chaque ville la sienne, chaque groupe social une darija bien à lui!

Je n’ai aucune honte à reconnaitre que, comme bon nombre de mes concitoyens nordistes, je suis totalement hermétique par exemple à  la “darija” pratiquée dans les vastes plaines de la Chaouia ou des Rhamna!

L’humour de Dassoukine ne me touche pas, comme celui de Benbrahim ne m’a jamais atteint : je ne le comprends pas et je n’en fais pas un drame.

La “aita” me bouleverse dans ses mélopées déchirantes, mais les paroles me laissent indifférent : je ne les saisis pas!

Je conçois parfaitement qu’un marrakchi soit sceptique face au déferlement des mots d’un gars de Tanger, au débit rocailleux d’un oujdi, ou encore au délicat verbiage d’un fassi.

Pourtant, tous parlent la “darija” mais utilise “sa” darija.

Avant de continuer, je tiens à formuler une deuxième  mise au point : je n’aborderai  pas ici le problème des langues historiques, comme le tamazigj! J’ai vécu suffisamment de temps en “pays berbère” pour savoir que le tarifit est l’autre langue de communication d’une partie de nos concitoyens du Nord! La place du tamazigh au Maroc est reconnue dans la constitution et l’avenir du pays nous dira la réalité exacte de ce problème. Je n’engage donc pas de débat à ce sujet.

Pour revenir à l’arabe, nous retrouverons le même phénomène dans tous les pays arabes!

Tous comme les marocains,  les algériens utilisent la ou les leurs! Un tlemçani aura de la peine à comprendre un constantinois! Tout comme un algérois peinera à saisir le message oral d’un ourghli.

De la Saoudie à l’Egypte, de l’Irak à la Mauritanie, les peuples ont une langue ou plusieurs langue de communication!

Mais dans aucun de ces pays, qui ont l’arabe comme langue officielle, il n’est question d’enseigner ces langues de communication : l’école apprend un arabe unique, uniformisé, standardisé.

Cet arabe a permis à l’Egypte d’être à la pointe de  la production littéraire arabe. Il a permis au Liban, par l’entremise de ses productions télévisuelles,  de faire connaitre, à un large public arabophone   les grands romans internationaux.

Cette langue arabe a permis à l’Irak et à la Syrie de figurer parmi les pays rabe  les plus  en avances dans les domaines scientifiques.

L’enseignement de l’arabe ne devrait donc poser aucun problème d’adaptation au monde moderne pour peu que certaines précautions soient prises. Je ne suis pas un spécialiste mais il me semble qu’un minimum peut être exigé pour réussir le pari:

  • une simplification des règles grammaticales.
  • une graphie incorporant la vocalisation .
  • une modernisation du vocabulaire.

L’effort à entreprendre n’est pas insurmontable : il exige une volonté politique sans faille et un travail scientifique rationnel.

Et surtout, il exige des enseignants sérieux, compétents,  plein d’abnégation envers leur métier, des enseignants qui doivent considérer leur profession comme un sacerdoce  et non pas un gagne-pain!

Voilà le véritable défi à relever!

ALORS DE GRACE QU’ON NOUS ENSEIGNE L’ARABE MAIS QU’ON LE FASSE CORRECTEMENT!

P.S. 1 : j’ai eu l’occasion d’apprendre l’italien en moins de un mois et demi, lors d’un stage : ce que j’avais appris de la langue de Dante m’a servi professionnellement. Mais pour me débrouiller en dehors du bureau, dans la rue, avec les gens, j’ai dû apprendre un “autre” italien.

P.S. 2 : à titre tout à fait personnel, je ne reconnais aucun droit à ceux qui envoient ou qui ont envoyé leurs gosses dans telle ou telle mission étrangère de se poser en donneur de leçons pour l’enseignement à donner aux enfants de ce  pays.


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