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Gui Amabis, Memórias Luso/Africanas

Publié le 12 novembre 2013 par Boebis @bonjoursamba

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Aujourd’hui sort en Europe le beau premier album de Gui Amabis, Memórias Luso/Africanas sur Mais Um Discos, deux années après sa sortie au Brésil.

Un premier album introspectif et autobiographique où Gui Amabis conte l’histoire de sa famille, celle de migrants venus d’Afrique et du Portugal. Des histoires d’amour, de métissage et de voyages à la croisée des continents que lui racontaient sa grand-mère. Une histoire que Gui Amabis s’est attaché à faire revivre au moment où cette dernière commençait à perdre la mémoire. Une histoire douloureuse, lumineuse, faite de fragments, de scènes recollées, comme peuvent l’être les souvenirs.

Premier album, peut-être, mais ne nous y trompons pas, Gui Amabis est déjà un musicien accompli. La trentaine bien entamée, il a une riche carrière de compositeur et de producteur derrière lui, qui l’a amené à travailler pour le ciné et la télé brésilienne (Cidade dos Homens, Quincas Berro D’Água) mais aussi pour des films hollywoodiens, aux côtés de son compatriote Antonio Pinto (Collateral, Lords of War, Perfect Stranger).

Parallèlement, Amabis a produit certains des meilleurs musiciens de la scène actuelle de São Paulo, notamment Céu, son épouse, et le génial Rodrigo Campos.Lui même s’était lancé dans la chanson au sein du super-groupe Sonantes (avec Céu, Dengue, Pupillo, Rica Amabis).

Ce premier album charrie toute ses influences accumulées au fil des années. Un goût des textures et des ambiances développé dans son travail sur les bandes originales (il cite Angelo Badalamenti et Ennio Morricone comme références). Une maîtrise impressionnante du son, un mélange de programmation et d’instruments qui l’apparente à son ami Lucas Santtana avec lequel il signe O Deus Que Devasta Mas Também Cura, qui allait devenir le titre de l’album suivant de ce dernier. Un lien profond avec la scène passionnante de musiciens indépendants de São Paulo ; Gui Amabis, lui même multi-instrumentiste s’entoure de la crème: Thiago França, Regis Damasceno, Rodrigo Campos, Marcelo Cabral, Curumin en particulier, et même le pauliste d’adoption, Siba en soutien en backing vocals. Quel casting!

Cet enracinement dans une scène locale en pleine effervescence transparait encore plus au chant. Gui Amabis partage le micro avec Lucas Santtana également signé chez Mais Um Discos, Criolo avant qu’il explose avec No Na Orelha, sa compagne Céu bien connue hors du Brésil, Tulipa Ruiz qui venait d’éclore l’année précédente et une touche bahianaise avec Tiganá. Une manière de se protéger peut-être, à une époque où il ne se voyait sans doute pas encore lui même comme un chanteur. Une manière aussi de donner des couleurs différentes à ses chansons, comme des scènes d’un film dont le personnage changerait à chaque morceau.

L’album est à l’image de ses interprètes, très varié, peut être trop. S’il garde une trame narrative, Gui Amabis multiplie les ambiances et les décors. Un parcours qui peut nous perdre avec des titres plus pop (Sal e Amor, Ai Mar) qui détonnent un peu par rapport au reste de l’album baigné d’une lumière introspective et mélancolique. Quelques morceaux se détachent, Dois Inimigos, qui ouvre l’album et le seul interprété par Amabis seul, Doce Demora, qu’il présente comme une quasi-morna cap-verdienne, Orquídea Ruiva, Immigrantes, Para Mulatu, et enfin O Deus Que Devasta Mas Também Cura… Beaucoup de très bons titres au sein un album d’ailleurs assez court.

Cette variété qui peut donner un léger sentiment de dispersion, Gui Amabis allait la perdre avec son opus suivant encore plus abouti, Trabalhos Carnívoros. Très bel album, Memórias Luso/Africanas est aussi  rétrospectivement le premier disque d’un auteur qui devrait s’affirmer avec les années comme un des meilleurs auteurs-compositeurs de sa génération.

En écoute:  Gui Amabis - Dois Inimigos (Memórias Luso/Africanas, 2011, indépendant, 2013, Mais Um Discos)


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