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Je deviens « innocemment » ce que je suis.

Publié le 12 novembre 2013 par Donquichotte

Que suis-je?

Inspiré de...

Je deviens « innocemment » ce que je suis.

Ou je suis un abruti, un simplet émotif qui s’ignore, un quidam qui n’a pas beaucoup de psychologie, un ignorant... bref quelqu’un qui ne comprend rien, ou qui ne veut rien comprendre ! Ou, j’ai des idées, des illusions, un imaginaire qui explore-explose, un dessein qui me détermine ! Ou suis-je tout simplement simple. ? J’ai, je crois, toujours mis ma main et ma pensée, mon côté manuel et mon côté intellectuel, à leurs justes places. Car pour moi « la main est l’expression d’une pensée, d’une intelligence ». Celui qui sait « faire », qui sait « construire-produire-fabriquer de ses mains, avec art (disons avec goût et beauté), avec une sensibilité qui se ressent quand on regarde ou touche l’objet de son art, a toute mon admiration. Je sais, dans mes travaux, j’essaie d’atteindre un tel niveau, je ne dirais pas de perfection, mais disons un niveau de « finition et de complétude, et proche de l’idée de départ » afin que je sorte de l’expérience satisfait d’avoir accompli quelque chose de bien. Le bruit qui va rester, le son, l’image et la sensibilité à une texture, qui vont rester, dans la tête de chacun qui voit-touche l’objet, sont, je crois des morceaux de musique, des morceaux de poèmes, des morceaux d’âmes qui vont habiter celui-celle qui a vu et touché l’objet.

Mais qui de nous (tous nous autres) s’illusionne ? Qui illusionne quoi ? Qui imagine, ou sait, être ce qu’il est ou ce qu’il n’est pas ? Qui élucubre quoi dans sa pensée ? Nous sommes, je le sais, prédéterminés par nos propres histoires. Chacun, a fait un pas, des pas, dans son histoire, à la recherche de... Chacun a trouvé peut-être! Mais moi, je n’ai rien cherché, rien regardé, en arrière ; je crois connaître mon histoire, ou ce que j’imagine être mon histoire.

Me trouve-je vraiment ? M’imagine-je vraiment ?

On dit (PM no 51) que le rôle de la psychanalyse est de déchirer le voile de nos imaginations illusoires « en parcourant à rebours les mécanismes qui les font naître ». Sartre disait : « Je suis ce que je me fais être, c’est à dire la somme de mes choix ».

Voilà peut-être deux pistes pour me retrouver. Je me fis QUOI ? Je me fis QUI ? Je ne suis pas sûr d’avancer, là ! Des mécanismes inconscients jouent, je ne doute pas de cela ; mais il n’y a pas que ça, non ? Et je comprend aussi que je deviens « innocemment » ce que je suis ; j’accueille ce qui vient sans doute avec trop de liberté, sans arrière pensée, ou avec trop d’innocence (je parviens difficilement à rejeter ce que je vois et aime tout de suite, dans l’instant, instinctuellement, je sais, oui), je vis ainsi chaque instant, comme s’il était unique (ce sont souvent des retours, il y a de l’accumulation, je sais cela aussi), je vis instantanément chaque instant, et cela me va ainsi. Tout ce qui se passe dans ma vie n’a pas nécessairement sa raison d’être, peu s’en faut, j’aime les actes et moments gratuits, ceux-là qui ne servent à rien, sinon à passer le temps ; je suis dans l’impossibilité d’être toujours raisonnable, raisonné, méthodique et rationnel, je laisse arriver, je me laisse être, je sais cela, et cela me va ainsi. Je me pose beaucoup de questions, mais je ne cherche pas absolument à trouver toutes les réponses. Je sais bien que beaucoup de ces questions émergent de mon inconnaissance du monde, je sais aussi qu’elles se posent souvent au hasard des contingences, rien n’est plus simple que de croire que les choses « arrivent naturellement », et pas toujours avec une « raison derrière qui les expliquerait à tout prix ». Les choses se passent, les choses arrivent, des choix sont faits, mais, souvent, à la fortune du pot, et, sans que l’idée de départ (le dessein) ne soit fragmentée-égratignée-tordue-éclatée ; quelque chose s’introduit entre l’idée (le dessein) et sa réalisation... mais « j’assume », ou comme disent les politiques « j’assure » (même si je n’aime pas cette dernière expression). J’aurais pu dire « je jouis du présent ». Mais ce ne serait pas assez précis, « je jouis aussi du futur présent que je pense, intuitionne, souhaite, veux, désire ». J’aime vivre et penser ainsi. Et cela me va. La vie n’est pas qu’un coup de dés, ce serait trop simple, et surtout, trop barbare.

VLB rappelle ces mots de  Walt Whitman, célèbre poète américain, qui profite bien de son enfance, baguenaudant, et chantant le chant de son extase: exerçant très tôt le métier de journaliste, écrit-il, sa « manière » sera la même pendant 40 ans : « la réalité doit être questionnée, discutée et critiquée ; elle doit aussi passer par le creuset de la poésie pour atteindre à toutes ses grosseurs ». Je m'empare de cette phrase pour dire ceci, qui va au-delà de la poésie des textes de Withman qui montrent la réalité.

Pour moi, la poésie est un sentiment, et il existe indépendamment des "mots", des "poèmes", évoquant plus que ce qui est perçu, créant du sens au-delà du sens aperçu, communiquant des émotions, des sensations par des symboles, des sons et murmures, des odeurs, des touchers... Voilà, je crois, comment je suis amené bien malgré moi à entrevoir la réalité, toutes les réalités, sans bornes, sans frontières, sans contraintes, dans un imaginaire ( ma vie, une fiction, comme le dit Kertész) que je me construis... et que je discute, confronte, soumets et critique. L'expression populaire "la poésie des choses" résume mon idée de la poésie. C'est simple, comme ma vie est simple (sans prétention je veux le croire) mais cela existe, la poésie est antérieure aux mots qui la définiraient, elle est dans le sentiment que toute chose-événement-construction-humaine provoque, et dans le mystère non-dit qui advient, universel et singulier tout à la fois. Voilà, comment le dire mieux? Je ne sais pas.  Dire-définir la poésie ne se dit pas, comme on ne peut dire-définir "l'acte de peindre" (ne me demandez pas de le dire, regardez-moi peindre disait l'un, vous comprendrez, et vous mettrez la-dessus les mots que vous voudrez), ou l'acte de chanter ou l'acte de danser (une célèbre danseuse, Isadora Duncan a dit: "Si je pouvais le dire, je n'aurais pas à le danser" ). Je sais ma vie une fiction, j'aimerais qu'elle soit aussi une poésie; elle n'est pas parfaite, elle est éprouvée, mais elle est dans la saveur (pour moi! en tous les cas) de sa singularité. J'aime vivre et penser ainsi, et cela me va.


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