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Chronique: M.I.A – Matangi

Publié le 12 novembre 2013 par Wtfru @romain_wtfru

Cover(N.E.E.T/Interscope)

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M.I.A. fait ce qu’elle veut, quand elle veut. Et emmerde le monde. C’est aussi ça son fond de commerce moitié freestyle moitié diva illuminée. Alors qu’elle annonce un album dès 2011, à peine un an après un Maya loin d’avoir fait l’unanimité, le dit-opus ne débarque que deux ans plus tard, avec au moins dix dates repoussées au point d’en devenir carrément frustrant.
En témoigne Bad Girls, l’excellent premier single publié dans sa version intégrale en janvier 2012 (et déjà présent sur une mixtape en 2010…) qui devait lancer la promo de ce Matangi de la meilleure des façons et la réconcilier avec un public un peu fâché de son délire carrément dub-step du précédent disque.
Mais comme toujours, on est prêt à pardonner le délai d’attente et tout effacer si Arulpragasam nous livre un bête d’album.

Déjà, on est rassuré de voir le retour au premier plan de Switch, son compère de longue date, à la production, lui qui avait laissé sa place au douteux Rusko il y a trois ans. L’alchimie entre les deux n’est plus à prouver et on retrouve la M.I.A. pleine de folie douce et de sensualité sur une bande son Bollywood 2035. C’est le bordel mais on au moins ça a un sens. Les automatismes sont là et ça déroule le beau jeu sur des Matangi, sur le sexuel Only 1 U  ou sur le TGV indien Come Walk With Me qui aurait sa place dans un Slumdog Millionaire 2.
Oui, on est content de faire un bond de huit ans en arrière à l’époque d’Arular puis de Kala même si ça doit se faire malheureusement sans Diplo, le gênant mec actuel de M.I.A refusant que cette dernière ne travaille avec son génie d’ex.

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M.I.A. – Only 1 U

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M.I.A. – Come Walk With Me

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Outre un back to basics assez sympa, notre copine Mathangi (si vous cherchiez pourquoi l’album s’intitule ainsi) a aussi eu la bonne idée d’inviter de nouveaux producteurs dans son univers. Et cette fois-ci, elle a pris des mecs de goût. Ainsi retrouve-t-on un Hit-Boy qui n’en finit plus de s’incruster dans chaque grosse sortie mainstream, la paire canadienne McKinney-The Weeknd, The Partysquad des habitués du bordel instrumental depuis des années et même nos chers Surkin et Para One
Et chacun s’applique à offrir un terrain d’expression aussi large que riche à la Sri-lankaise qui n’a plus qu’à dérouler son flow 4×4 et sa voix de poissonnière nasillarde, tout en s’adaptant aux aspérités de musique mondiale et surtout indienne qu’a voulu insuffler M.I.A. sur l’ensemble du disque.

Et c’est bien là le seul fil rouge que l’on peut trouver à l’album. Parce qu’autant dire que ça part dans tous les sens et qu’on ne sait plus bien où donner de la tête au bout d’un moment. Chaque titre a pour but de devenir un single potentiel et de mettre une claque à la populasse, si bien que l’effet compilation de morceaux se fait vite ressentir.
Dans les faits, il n’y a pas franchement de mauvaises tracks, au contraire, tu peux partir au combat des tubes avec des Y.A.L.A., Double Bubble Trouble (qui, bien remixé, peut devenir quelque chose d’assez dingue), Bring the Noize, Bad Girls ou encore le très planant/plaisant Exodus avec The-Weeknd au featuring. Mais ça manque singulièrement de cohérence et peut devenir étouffant tant l’opus manque d’aération et de moments de répit.

Après la nana n’est pas forcément connu pour faire dans la délicatesse et la maitrise temps fort/temps faible n’a jamais été son cheval de course, donc ne jouons pas les surpris, c’est aussi pour ça qu’on l’aime. Sauf qu’il n’y a pas ce petit grain de génie supplémentaire qui faisait de Kala un classique incontournable des dix dernières années. En toute franchise, il est difficile ici d’écouter l’album d’une traite sans en avoir plein la tête ou sans sortir un moment du truc pour souffler.
Reste qu’en choisissant un morceau au hasard dans le lot, t’es quasiment sûr d’être satisfait de ton choix et de bouger ton corps en rythme. Et c’est une force, quoiqu’on en dise.

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M.I.A. – Exodus (feat. The-Weeknd)

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Ce n’est pas un album parfait, loin s’en faut, mais on est quand même bien au-dessus d’un Maya et c’est une bonne chose. Puis ses petits défauts lui donnent un charme supplémentaire, tout comme sa génitrice finalement. Cette dernière joue encore la carte hindou-karma-mysticisme-provoc’ à fond mais tout ce qu’on retient c’est son côté punk à la cool et cette façon sexy de ne pas l’être au micro. Ce style « j’enfoutiste » mais pas trop qui lui colle à la peau rappelle surtout que, de toute façon, M.I.A fait ce qu’elle veut, quand elle veut.

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3.5

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Tracklist:
1. Karmageddon 1:34
2. Matangi 5:12
3. Only 1 U 3:13
4. Warriors 3:41
5. Come Walk With Me 4:44
6. aTENtion 3:40
7. Exodus (feat. The-Weeknd) 5:09
8. Bad Girls 3:48
9. Boom Skit 1:15
10. Double Bubble Trouble 2:59
11. Y.A.L.A 4:24
12. Bring the Noize 4:35
13. Lights 4:36
14. Know It Ain't Right 3:42
15. Sexodus (feat. The-Weeknd) 4:52

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