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Carcassonne. Briser le cercle des violences conjugales

Publié le 07 mai 2008 par Theophile

200804231102_zoom Une permanence pour les partenaires violents s'ouvre en mai au lieu ressources. Un colloque lance l'initiative demain.

Jeudi dernier, un mari violent a écopé d'un an de prison ferme au tribunal correctionnel. Il avait battu son épouse et tenté de l'étrangler. Coutumier des coups, il avait déjà été jugé pour des faits similaires. Ce lundi, c'est un militaire basé à Castelnaudary qui comparaît pour les mêmes raisons. Sa compagne avait déjà déposé plainte. Cette fois-ci, il a frappé si fort qu'elle est arrêtée une dizaine de jours. Dans l'Aude, quelque 400 femmes battues poussent chaque année la porte des associations. Une centaine seulement porte plainte. « Mais combien ne le font pas et restent des victimes silencieuses ? », souligne François Hébert, substitut du procureur de la République. « Ces sont des affaires délicates à juger car souvent la victime est très dépendante. On déstabilise le couple. D'un autre côté, quand il n'y a pas d'intervention judiciaire, les violences sont de plus en plus fortes », poursuit-il.

Les travailleurs sociaux et les psychologues formés à cette problématique savent identifier ces « cycles de violence » et amener les auteurs à les repérer. Afin de briser le cercle infernal. C'est l'objet de la permanence pour les auteurs de violences conjugales (PAV) qui va s'ouvrir en mai au lieu ressources (1). « Si on veut être réellement efficace, il est indispensable de mener des actions à l'attention des auteurs pour éviter la récidive », souligne Véronique Adreit, chargée de mission aux droits des femmes à la préfecture. Voilà un an et demi qu'un comité de pilotage émanant de la commission départementale d'action contre les violences faites aux femmes (2) planche sur le sujet. La démarche s'inscrit dans le cadre de loi Courteau d'avril 2006 qui prévoit, entre autres mesures, l'obligation de soins pour les conjoints violents. « La question de la violence en couple rejoint la question de la représentation de l'autre et de soi. On va travailler avec les auteurs à la déconstruction de ces schémas », précise Emmanuelle Sanchez du MFPF, porteur du projet.

« Tout ce qui se fait en amont et en aval est absolument nécessaire pour lutter contre les violences volontaires. C'est très bon en terme de prévention : certains auteurs vont consulter d'eux-mêmes », remarque le procureur. La PAV est destinée aussi bien aux volontaires qu'aux prévenus condamnés à des peines assorties d'une injonction de soins. À Montpellier ou Perpignan où des PAV fonctionnent déjà, un tiers du public accueilli est volontaire.

(1) La PAV sera mensuelle, sur rendez-vous au 06 79 74 66 03. (2) Le comité de pilotage fédère l'ABP21, l'ADAFF, l'ASM, Aude urgence accueil, le centre hospitalier Antoine-Gayraud, le CIDFF, la direction départementale de la sécurité publique, la mission départementale aux droits des femmes, le MFPF, la PJJ.


Prise en charge: l'hôpital accueille un colloque

Afin de lancer l'ouverture de la permanence pour les auteurs de violences conjugales et d'œuvrer à la plus large adhésion des professionnels (associations, travailleurs sociaux, justice, forces de l'ordre, soignants, médecins, psychologues, psychiatres…), le comité de pilotage a mis sur pied un colloque qui se tient, demain au centre hospitalier de 9 heures à 13 heures.

Au programme : 9 heures, présentation de la permanence pour les auteurs de violences conjugales ; 10 heures, intervention d'Alain Javay, psychomotricien et thérapeute en criminologie, attaché à l'antenne médicale du Dr Roland Coutanceau.

11 h 15 : présentation d'expériences par l'APEX (prise en charge d'auteurs de violences sur Perpignan), AVAC (prise en charge d'auteurs sur Toulouse), Via Voltaire (Montpellier). Un échange avec la salle fera suite à chacune des interventions.

Les associations écoutantes qui œuvreront à la PAV ont bénéficié d'une formation spécifique, condition sine qua non pour que le dispositif soit efficace. « En croisant différents points de vue, ce colloque constituera un espace de débat sur les voies et les moyens d'une prise en charge du partenaire violent dans la perspective d'éviter la récidive », précisent les organisateurs.

Céline Samperez-Bedos


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