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Colloque de philosophie: Yaoundé en pleine cogitation :: Cameroun :: Cameroon

Publié le 18 novembre 2013 par 237online @237online

Les penseurs de trois continents se retrouvent dans la capitale camerounaise du 21 au 22 novembre prochain, à l’initiative du Cercle camerounais de philosophie (Cercaphi). C’est dans le cadre du deuxième colloque international de philosophie organisé sur le thème « Vie et éthique, de Bergson à nous ». Le campus de l’Université de Yaoundé I (UYI) abritera les travaux.

Des universitaires en provenance des Etats-Unis, de France, Suisse, Bulgarie, Belgique, Côte d’Ivoire, Niger, Benin, entre autres, ont déjà confirmé leur participation à cette grand-messe de la philosophie. Le Pr Ebenezer Njoh Mouelle qui les accueille fixe ici les objectifs de cette rencontre internationale.
« Nous restons près du vécu quotidien des hommes » Pr Ebenezer Njoh Mouelle, président du Cercle camerounais de philosophie (Cercaphi).
Pourquoi avoir choisi le thème « Vie et éthique, de Bergson à nous » ?
Le traitement de ce thème permet aux universitaires qui ont décidé de venir à cette rencontre d’établir le pont entre l’aspect purement académique et la réalité du terrain en ce qui concerne les problèmes qui se profilent derrière ce thème. A partir de l’œuvre du philosophe français Henri Bergson consacrée à la question de la vie en général et aux « deux sources de la morale et de la religion », il va s’agir, par exemple, de s’interroger sur la portée du mouvement écologiste et environnementaliste. Invite-t-il à traiter la vie à travers tous les êtres vivants comme une réalité sacrée ? Sur quel fondement ? Au même moment, nous assistons au dépeçage, non pas uniquement des animaux, mais également des êtres humains à travers le commerce de leurs organes. Je rappelle que le thème de notre premier colloque international avait porté, en 2007, sur : « La philosophie et les interprétations de la mondialisation en Afrique ». Cette fois-ci, malgré les apparences, nous restons tout près du vécu quotidien des hommes et de l’actualité.
Certes les questions d’éthique sont d’actualité dans notre pays, mais choisir des cercles de philosophie pour en parler ne vous semble-t-il pas hermétique pour le commun des Camerounais ?
Je rappelle que nous sommes d’abord à l’université (Le Cercaphi s’est associé au département de philosophie de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences humaines de Yaoundé I) et qu’il faut que les spécialistes des diverses questions fassent leur travail dans le cadre et au niveau qui est celui de l’université. En second lieu, je dois ajouter que les colloques scientifiques sont des rendez-vous du donner et du recevoir. On n’y va pas comme à des congrès d’associations pour adopter des résolutions ou même de simples conclusions. Le caractère international de ce genre de rencontres permet aux participants de s’informer sur la perception diversifiée des situations et les angles d’approche qui ne sont pas nécessairement les mêmes quand on vit à Bruxelles, Budapest, Rome ou Abidjan.
C’est alors que vous me dites que l’hermétisme du discours savant laisse le commun des Camerounais tout à fait en dehors du jeu. Deux niveaux de traitement des questions importantes sont à rappeler : celui très rigoureux qu’impose la démarche scientifique et, en second lieu, celui de la vulgarisation qui vous sollicite aussi, vous autres journalistes.
Car on ne peut pas demander aux spécialistes de s’adresser à « Monsieur tout le monde » au moment où ils échangent entre eux, et nécessairement en des termes hermétiques parce que techniques.
Cette interview que vous recueillez participe déjà de ce souci de nous rapprocher de ceux qui ne pourront pas venir suivre les débats techniques à l’université jeudi et vendredi prochains. Que pensez-vous que ces travaux puissent apporter à notre pays ?
Le mouvement des idées ne produit pas ses résultats instantanément. Le plus important réside dans la permanence du brassage et de la production des idées. Le colloque dure deux jours ; même s’il peut arriver qu’on y évoque des questions telles que celles du trafic des organes humains, ce ne sera pas dans la posture des hommes et des institutions d’action que sont par exemple Interpol et toutes les polices du monde.
Pour terminer Professeur, en dehors de vous-même et de quelques autres auteurs de renom, la philosophie camerounaise ne semble pas dynamique. Que faites-vous, en dehors des colloques tels que celui annoncé, pour perpétuer la race des philosophes camerounais ?
Ecoutez, vous le dites vous-même, moi j’essaie de jouer mon rôle à travers le Cercle Camerounais de philosophie qui anime le débat philosophique dans notre pays, et pas seulement à Yaoundé. Le CERCAPHI a des antennes à Douala et Bafoussam. En dehors des colloques, les activités du Cercle consistent en deux rencontres par mois, dont l’une consiste en un séminaire ouvert aux chercheurs, tandis que l’autre consiste en l’organisation de conférences publiques et de café-philo. Le tout dernier café-philo, celui de ce mois de novembre, a fait débattre de la question de la sorcellerie et de l’impact négatif de la mentalité sorcière sur le développement. Les café-philo sont ouverts justement au grand public et ce n’est pas une affaire de spécialistes. Je pense qu’avec l’équipe des jeunes collègues qui m’entourent, nous jouons notre rôle en contribuant à animer le débat éloigné des passions et des intérêts politiques.


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