Mike Hodges, réalisateur britannique, connu pour le brillantissime « La loi du milieu » et du nanar « Flash Gordon » est mis à l’honneur dans cette édition du Festival International du Film d’Amiens avec un hommage. L’occasion pour les festivaliers de le découvrir à travers une master-class, où il est interviewé par Jean-Pierre Dionnet, pour mieux comprendre cet homme qui est capable du meilleur comme du pire … aussi bon soit-il !
Après un court rappel de sa biographie et de son enfance, Mike Hodges déclara être tombé amoureux du cinéma grâce aux trois salles présentes dans sa ville qui passaient jusqu’à deux films par soir. Il nous raconta avoir été marqué par les films de Billy Wilder et les westerns.
Justement, il avoue ne s’être rendu compte de la forme de western de « La loi du milieu » que des années plus tard. D’ailleurs, d’après l’anecdote, Sergio Leone aurait beaucoup aimé le film et ses rapports au western. C’est grâce à son service militaire, qu’il fît dans la marine, qu’il repéra, sans le savoir, les lieux du tournage.
Jean-Pierre Dionnet revient sur ses premiers travaux à la télévision notamment avec des reportages d’informations et des séries de portraits d’artistes où il avait carte blanche. C’est grâce à cela qu’il réalisera les téléfilms « Suspect » et « Rumour ». C’est à cette époque que Mike Hodges se promet à lui-même de ne faire que des films policiers ou des thrillers … promesse qu’il ne tiendra pas. Il reçu le livre « Get Carter » grâce à son travail sur « Rumour ». C’est comme cela que l’adaptation du livre, « La loi du milieu », vit le jour.
Mike Hodges commence alors à s’approprier le livre. L’ouvrage littéraire reste assez flou sur les lieux et sur certaines actions, ce qui permit au réalisateur d’être très créatif et de donner sa propre vision tout en restant fidèle à l’œuvre originale. Il avait pris l’habitude, avec ses reportages, de mener de longues recherches et c’est ce qu’il fît sur les lieux du tournage à Newcastle. C’est alors qu’il découvrit que des faits similaires avaient eu lieu dans la ville et qu’un tueur à gage avait été présent dans une maisonnée. C’est cette même maisonnée qui servira de lieu de tournage pour le film.
Il continue en nous disant qu’il était ravi que Michael Caine voulait le rôle. D’ailleurs, Mike Hodges a une façon bien à lui de faire des castings puisqu’il reçoit les potentiels acteurs et ne fait que leur parler, à aucuns moments il ne leurs demande de jouer. De même, il ne tourne pas beaucoup de prises et préfère répéter plus longtemps pour, au final, n’effectuer que six semaines de tournage. Il aime avant tout la spontanéité. Cela peut compliquer le montage si certains plans ne sont pas forcément bons. Même s’il nous dit porter une attention particulière au directeur de la photographie, il se focalise plus sur son caméraman, auquel il doit avoir totalement confiance.
La musique de Roy Budd dans « La loi du milieu » est très importante et Mike Hodges voulait cet air un peu entêtant. Cependant, il ne conçoit pas la musique comme un indicateur pour le spectateur qui doit leur montrer ce qu’il doit ressentir. Il avoue être terrorisé par la musique de « Psychose » d’Alfred Hitchcock et ne veut pas manipuler les gens à l’aide de la musique.
Il écrit « Pulp » juste après « La loi du milieu », qui est un scénario original, car les producteurs et Michael Caine veulent de nouveau travailler avec lui. Il écrit alors le scénario sans être certain qu’il se fasse, puisqu’il devait plaire aux producteurs et à l’acteur. Heureusement, le scénario les conquit et le film se fait. « Pulp » est un hommage aux séries B que Mike Hodges apprécie tant. Il continue en disant que le film se voulait assez drôle et léger, ce qu’il est dans sa première partie, mais en réalité, il devient très sérieux et noir dans sa fin.
Vient alors un moment assez drôle où Mike Hodges et Jean-Pierre Dionnet se rendent compte qu’ils viennent de passer une heure sur deux films et qu’il en reste plus d’une dizaine dont ils doivent parler. C’est au même moment qu’un festivalier, « fan de Mike Hodges », vient sur scène lui demander une dédicace car il doit partir. Jean-Pierre Dionnet se trouve assez gêné, tandis que Mike Hodges lui fait une dédicace poliment. Lorsque Jean-Pierre Dionnet essaye de tourner cela à la blague, Mike Hodges déclare : « De toute façon, je sais que les vrais fans resteront jusqu’à la fin. ». Ça, c’est fait.
La discussion entre les deux hommes passent alors à « Flash Gordon », que Mike Hodges définit comme à l’opposé du côté noir de sa personnalité. Il nous dit avec un grand sourire que la réalisation de « Flash Gordon » représente sûrement les deux meilleures années de sa vie. De même, il nous raconte comment le producteur, Dino De Laurentiis, croyait dur comme fer au personnage. Lorsqu’il montrait les rushes à l’équipe, Mike Hodges leur demandait de ne pas rigoler car Dino De Laurentiis ne comprenait pas ce qu’il y avait de drôle …
La discussion continue sur la révélation de Clive Owen grâce aux deux films de Mike Hodges, « Croupier » et « Seul la mort peut m’arrêter ». C’est une période où la carrière du réalisateur est à l’arrêt, et malheureusement les films se trouvent être mals distribués …
Mike Hodges conclut par un projet ambitieux. Il souhaite réaliser un film à partir d’un scénario datant de 1955. Il rigole d’ailleurs en disant que si le film se fait, il rentrera dans le Guiness Book des records car cela sera le scénario qui a mis le plus de temps à se réaliser.
Ce fût deux heures très sympathiques, passées avec un homme qui l’est tout autant avec son formidable accent britannique. Mike Hodges est un amoureux de cinéma, et dont les films sont malheureusement trop méconnus … Un moment fort de 33ème Festival International du Film d’Amiens.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble