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Montebourg Autos SARL™

Publié le 21 novembre 2013 par Copeau @Contrepoints
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Montebourg Autos SARL™

Publié Par Nicolas Nilsen, le 21 novembre 2013 dans Économie générale

Et si Arnaud Montebourg faisait ce qu’il exige des chefs d’entreprise ?

Par Nicolas Nilsen.

trabant

En rangeant de vieilles boites de souvenirs aujourd’hui, j’ai retrouvé cette petite Trabant que j’avais rapportée de RDA à l’époque. Et, je ne sais pas pourquoi, elle m’a fait penser à Montebourg qui, vous le savez, passe sont temps à faire la leçon aux industriels français et étrangers. Il sait tout mieux que les entrepreneurs qu’il sermonne en permanence : dénonçant ici la «responsabilité» de la famille Peugeot ; là celle de Mittal qui «n’a aucune conscience de ses responsabilités» et le menaçant même de “nationalisation temporaire” ! En septembre dernier — tout le monde l’a évidemment déjà oublié — il avait lancé ses « 34 plans de reconquête industrielle » supposés « redonner le goût de l’industrie et de l’innovation, engager la bataille du Made in France ». Et du coup j’ai envie de lui dire : « Mais puisque vous savez tout mieux que les autres, pourquoi ne prenez-vous pas vous-même en charge un de ces projets ? Qu’on puisse voir enfin ce que vous valez, non plus comme redresseur de torts mais comme redresseur de l’industrie Française ! »

Soyons juste : Montebourg n’est pas le seul ministre à donner des leçons aux entrepreneurs

Avant de vous parler de la Trabant (« Trabi » pour les anciens de RDA), je dois en effet préciser (car il faut toujours être juste et honnête) que Montebourg n’est pas le seul au Gouvernement à donner des leçons au monde qui bosse, qui trime, et qui travaille pour créer de la richesse dans ce pays que le Gouvernement auquel il appartient enfonce dans la dette, les impôts et le chômage.

  • Martine Aubry dénonçait également, il y a quelques semaines, l’attitude « irresponsable » du groupe Kering sur le dossier de la Redoute. Elle aussi nous disait aussi comment il fallait affecter les ressources, et où devaient aller les investissements et ce qu’il fallait faire…
  • Fleur Pellerin, de la même manière, nous invente tous les jours des « nouvelles dynamiques de filières » ou des « impulsions », ou des « nouvelles donnes » ou des « stratégies numériques fortes » pour créer des emplois, etc.
  • Montebourg, après avoir carrément fait un bras d’honneur à l’indien Mittal, avait également injurié l’américain Maurice Taylor, le bouillonnant président de Titan, le menaçant de lancer les services compétents du gouvernement français, pour « faire surveiller, avec un zèle redoublé vos pneus d’importation, et veiller tout particulièrement au respect des normes applicables en matières sociale, environnementale et technique ». Bref un langage menaçant digne d’un Ministre de la défunte RDA.

Bref, puisqu’ils savent tous mieux que les chefs d’entreprise ce qu’il faut faire – et comment battre les Chinois ou les Indiens sur les marchés internationaux – j’ai envie de leur dire : « Mais allez-y donc ! Créez votre entreprise, par pitié, faites-le ! » Et cette parenthèse étant faite, je reviens à ma Trabant.

La Trabant, c’était le génie économique d’État avant l’interventionnisme colbertiste de Montebourg

La Trabant, pour ceux qui n’ont pas connu cette époque, c’était une auto fabriquée en RDA à partir des années 60. Une casserole pas possible dans laquelle j’ai roulé à l’époque sur les routes défoncées d’Allemagne de l’Est. Pour pallier le manque d’acier, la carrosserie était en fibres de coton, elle avait deux cylindres et, encore dans les années 1980, les délais de livraison étaient entre 10 et 15 ans ! Pour pouvoir bénéficier d’une « Trabi », il fallait en plus le « mériter », soit par de bonnes actions sociales, soit en dénonçant un contrevenant, ou alors en faisant partie de la Bureaucratie influente !

Bref un produit typiquement « anticapitaliste » comme les aime Montebourg qui rêve de « nationaliser » les choses qu’il ne comprend pas. Quoi qu’il en soit, quand le mur de Berlin tombe en 1989, les caméras du monde entier filment des centaines de Trabant franchissant la frontière. La République démocratique allemande n’y survivra pas, et son industrie automobile non plus.

Et si Montebourg faisait ce qu’il exige des chefs d’entreprise ?

Le 12 septembre, à l’Élysée, sous l’égide du président de la République, s’est tenu un événement inédit : le rendez-vous de la « Nouvelle France Industrielle ». L’occasion pour Arnaud Montebourg, notre Ministre colbertiste, de lancer ses « 34 plans de reconquête industrielle » soutenus par l’État. Pour montrer qu’il savait de quoi il parlait, Arnaud Montebourg a alors déclaré : « Redonner le goût de l’industrie et de l’innovation, engager la bataille du Made in France, c’est d’abord croire en nous-mêmes. C’est poser un regard résolument optimiste sur les capacités de notre pays à se redresser. »

Je propose de le prendre au mot : qu’il prenne donc en charge un de ces projets, et qu’avec « un regard résolument optimiste », il nous montre ce qu’il sait faire ! Il y a, par exemple, dans ces 34 projets, celui de la « voiture écologique » du futur… Une « voiture pour tous » consommant 2 litres aux 100 km ; une sorte de « Trabant » en somme ! Pourquoi ne piloterait-il pas ce projet ? Il pourrait faire ce qu’il demande aux autres : « constituer des équipes avec des représentants de l’État, fixer les objectifs, définir les partenaires à associer et les financements à solliciter, notamment dans le cadre des Investissements d’avenir »… (ses propres termes).

Arnaud Montebourg a tous les moyens pour réussir sa « nouvelle France industrielle ». Car, comme il le préconise, elle s’appuiera sur plusieurs dispositifs qui sont précisément soutenus ou lancés par l’État : le plan d’Investissements d’avenir, la Banque publique d’investissement (la BPI de sa copine Ségolène qui ne pourra pas lui refuser des financements), la Caisse des dépôts, les pôles de compétitivité… Tout est donc en place pour son succès ! Il pourra même comme il l’a préconisé, s’appuyer sur les travaux du Conseil national de l’industrie, qui « aide les filières industrielles à collaborer, à se restructurer autour d’enjeux identifiés en commun »… (ses termes également).

À propos de ces 34 projets, le Premier ministre a indiqué qu’il vérifiera tous les six mois leur état d’avancement. On pourra donc suivre à la loupe les progrès de l’entreprise Montebourg Autos SARL™. Et voir s’il arrive — comme il l’a exigé des autres industriels dans ses discours — à « construire une offre industrielle nouvelle, compétitive, capable de regagner les marchés perdus et d’en gagner de nouveaux » ! (ses termes toujours).

Le monde nous regarde : il faut tout faire pour sauver le soldat Montebourg !

Nos Ministres ont des idées magnifiques et il faut donc qu’ils réussissent à passer des discours aux actes. Pour faciliter leur démarrage difficile dans un monde qu’ils connaissent mal, je propose de mettre gratuitement à leur disposition des chômeurs qui attendent en file à Pôle emploi : qu’il n’hésite pas à les embaucher comme salariés !

Bien sûr — car il faut bien qu’il comprenne comment marche le capitalisme qu’il déteste — il faudra qu’il paye de sa poche le capital et les investissements. Comme en bon socialiste il refuse de verser des dividendes aux méchants apporteurs de capitaux, il faudra sans doute qu’il donne quelques coups de fil à Ségolène pour que la BPI lui donne, en douce, un petit coup de main… Qu’est ce qu’on ne ferait pas tout de même entre copains…

Mais, en contrepartie, j’attends évidemment qu’il respecte une parité homme-femme absolue, qu’il ne fasse pas de « dumping social » et qu’il paye correctement ses salariés, en CDI et pas au SMIC. Sinon ce serait digne de ces sales capitalistes qui exploitent les travailleurs, et qu’il dénonce et stigmatise du matin au soir. Et il faudra évidemment que les salariés de l’entreprise Montebourg Autos SARL™ aient la retraite à 60 ans à taux plein !

Et on se donne rendez-vous dans un an, et on regarde son bilan en termes de création de richesse et d’embauche. Et s’il a réussi, je serai le premier à le reconnaitre et à dire qu’il faut supprimer le Medef et les chefs d’entreprises français pour les remplacer par des énarques et des bureaucrates ! Je vous jure que je ne serai pas sectaire : s’il réussit à commercialiser dans le monde entier sa « Trabi écologique du futur » des usines Montebourg Autos SARL™ et à créer les milliers d’emplois qu’il promet du matin au soir depuis des mois, pas de problème, je le reconnaitrai.

Sinon, qu’ils arrêtent juste de jacasser !


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