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Règlements de comptes à OK Corral ? (comédie cathartique mi-figue, mi-raisin)

Par Borokoff

A propos de Les Garçons et Guillaume, à table ! de et avec Guillaume Gallienne ★★☆☆☆

Guillaume Gallienne - Les Garçons et Guillaume, à table ! de et avec Guillaume Gallienne

Guillaume Gallienne, le champion au centre

Enfant, Guillaume Gallienne a toujours été pris pour une fille par sa mère, persuadée par la suite qu’il était homosexuel. De leurs rapports tendus, de cet immense malentendu et des déboires qu’il a connu tout au long d’une adolescence tumultueuse passée dans divers pensions pour garçons, l’acteur et metteur en scène en a tiré une pièce autobiographique et un one-man show en forme de monologue : Les Garçons et Guillaume, à table ! qu’il a décliné sous la forme de cette adaptation cinématographique dans laquelle il joue à nouveau son propre personnage mais aussi celui de sa mère…

Les Garçons et Guillaume, à table ! de et avec Guillaume Gallienne - Borokoff / Blog de critique cinéma

Guillaume Gallienne, dans le rôle de la maman cette fois

Que retenir donc de Les Garçons et Guillaume, à table ! ? Déjà sans doute, qu’il y a deux parties distinctes, une première très drôle et très piquante (scènes dans le pensionnat anglais notamment), très caustique et inventive avec cette narration alternant voire mélangeant scènes et personnages de théâtre e de cinéma et une seconde, beaucoup plus poussive et laborieuse, qui se clôt par une chute décevante sur laquelle on reviendra.

Dans plusieurs interviews, Gallienne a confié que le premier piège qu’il voulait éviter, c’était le règlement de comptes avec sa mère. Ce qui ne l’empêche pas de laver son linge sale en famille, comme on dit.

Les Garçons et Guillaume, à table ! de et avec Guillaume Gallienne - Borokoff / Blog de critique cinéma

S’il campe avec recul et ironie son propre personnage comme cette mère aux allures de Tootsie, on peut dire que l’acteur/réalisateur a su dresser de Madame Gallienne un portrait pour le moins grinçant et acide dont n’aurait pas à rougir Eminem. C’est grâce à cet humour mordant que cette première partie est assez réussie. Autre aspect plaisant, c’est la narration en voix-off de Gallienne, qui parle avec le ton et la naïveté d’un enfant, ce qui donne à son film des allures de conte ou d’une fable un brin désenchantée et (forcément) teintée d’amertume, mais toujours très drôle et incisive. Plein d’autodérision, le personnage que Gallienne campe une sorte de grand naïf voire d’adolescent un peu niais. Autrement dit,  la « victime » par excellence. Cela prouve tout le recul d’un Gallienne qui, dans son portrait à charge, ne s’épargne pas lui-même, nuançant le partage des « fautes » et des responsabilités, s’imputant avec honnêteté et à lui-même des torts. Comme s’il n’en vouait pas tant que cela à sa mère au final, elle qui apparaît davantage maladroite que vraiment méchante. On n’imagine cependant qu’elle n’a pas du être forcément très heureuse de se voir ainsi représentée et caricaturée…

Diane Kruger et Guillaume Gallienne - Les Garçons et Guillaume, à table ! de et avec Guillaume Gallienne - Borokoff / Blog de critique cinéma

Diane Kruger et Guillaume Gallienne

La mère de l’acteur/réalisateur est dépeinte dans le film comme une femme charismatique mais théâtrale, froide et distante qui ne semble pas comprendre grand-chose à la psychologie de son fils, efféminé certes, mais qui n’a rien à voir avec un homosexuel à y regarder d’un peu plus près, chose qu’elle ne fait pas ou n’a pas le temps de faire, trop occupée à ses mondanités ou à gérer les autres membres de la famille dont la grand-mère russe Babou (Françoise Fabian) et les deux frères de Guillaume, peu chaleureux eux aussi dans l’ensemble.

Pour redresser son rejeton de fils et ce qu’elle estime comme les échecs de sa propre éducation (les fameux « fruits gâtés »), elle a la bonne idée, en accord avec un papa (André Marcon, très bon) lui-même atterré par le comportement de son garnement (la scène où il surprend son fils, déguisé en Sissi, est une des plus comiques du film), de l’envoyer dans diverses pensions catholiques pour garçons, ce qui s’avèrera être une catastrophe et une expérience traumatisante pour un Guillaume qui saura s’en souvenir et s’en resservir à bon escient, pour se faire réformer du service militaire notamment (scène très drôle aussi chez le psy)…

Guillaume Gallienne - Les Garçons et Guillaume, à table ! de et avec Guillaume Gallienne - Borokoff / Blog de critique cinéma

Si cette première partie très caustique égratigne voire ébranle le mythe de Madame Gallienne, peu ravie sans doute (encore une fois) d’assister au spectacle, la seconde parait beaucoup plus policée. Ce n’est pas que Gallienne s’autocensure, mais c’est comme s’il avait besoin de se justifier constamment, de nous faire comprendre avec insistance qu’il ne faut pas qu’on se méprenne et qu’il aimait vraiment sa mère, jusqu’à lui en être reconnaissant ! 

Cette seconde partie contredit ainsi la première. Quant à la sensation de « douceur » dont il a parlé dans plusieurs interviews et qu’il dit avoir voulu faire passer, elle parait aussi contradictoire avec ce portrait acerbe de la mère dans la première partie. Totalement honnête sur ce coup-là, Gallienne ?

Le film s’essouffle dans cette seconde partie. La mise en scène perd beaucoup en rythme et en fluidité. Les scènes s’enchaînent plus mécaniquement, le rire se désamorce et devient forcé. Ce ralentissement est produit par des déclarations d’amour un peu convenues de l’acteur à sa mère, dont le couronnement est la scène finale, sur la scène de son théâtre, où l’acteur livre une longue tirade un peu poussive et inutile voire consensuelle. Ce qui a pour don de faire définitivement retomber le beau soufflé cathartique auquel on avait assisté (et goûté!) jusque-là…

http://www.youtube.com/watch?v=t6ED2tWZJGc

Film français de et avec Guillaume Gallienne mais aussi André Marcon, Diane Kruger, Reda Kateb, Françoise Fabian, Charlie Anson, Nanou Garcia, Carole Brenner, Brigitte Catillon… (01 h 25)

Scénario de Guillaume Gallienne d’après sa propre pièce : 

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Mise en scène :  

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Acteurs : 

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Dialogues : 

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Compositions de Marie-Jeanne Serero : 

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