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50 ans de la mort de Kennedy : Kennedy, un conservateur ?

Publié le 24 novembre 2013 par Copeau @Contrepoints

Par Ira Stoll.

Un article de Reason.

Discours sur l'état de l'Union de Kennedy en 1963 (Libre de droits)
Ira Stoll, éditorialiste, s’entretient avec lui-même au sujet de son dernier livre, JFK, Conservative, publié chez Houghton Mifflin Harcourt. Voici à quoi l’échange aurait pu ressembler.

Q : Pourquoi avoir écrit ce livre ?

R : Beaucoup de mes amis conservateurs méprisaient la famille Kennedy : je voulais les détromper. Et beaucoup de mes amis de gauches admiraient Kennedy, mais pour de mauvaises raisons : je voulais les détromper.

Q : Quelle importance cela a-t-il, ce que les gens pensent de Kennedy ? Il est mort depuis cinquante ans.

R : Les mêmes problèmes qui se sont posés à Kennedy, la croissance économique, les baisses d’impôt, le dollar, le libre échange, la paix par la force, l’immigration, la réforme de l’État-Providence, tous sont encore avec nous aujourd’hui. Je pense qu’il a des idées qui pourraient éclairer nos débats politiques présents.

Q : Allons bon. Quand Kennedy a voulu réduire les impôts, le taux marginal était de 91%. Et quand il a renforcé l’armée, nous étions en conflit sur un plan mondial avec l’Union Soviétique. La situation est complètement différente de celle d’aujourd’hui.

R : Eh bien, lisez le livre. Vous seriez surpris de la similarité de certains des arguments d’alors avec ceux de nos jours. Al Gore Sr., le sénateur démocrate du Tennessee qui était aussi le père du vice-président de Bill Clinton, dénonçait les réductions d’impôts comme étant des cadeaux faits aux riches. John Kenneth Galbraith, l’économiste keynésien de Harvard, s’opposait aux réductions d’impôt et leur préférait davantage de dépenses publiques. Le taux marginal d’imposition des gains en capital sous Kennedy était de 25%, et ce dernier voulait le réduire à 19,2%. En 2013, si vous comptez l’impôt pour Obamacare, ce même taux est de 23,8%.

Q : Pourquoi le livre s’intitule-t-il « JFK, Conservative », et non « JFK, Libertarian » ?

R : De nombreuses choses dans le livre résonneront sans doute aux oreilles des libertariens. Kennedy a probablement été influencé par un écrivain libertarien appelé Albert Jay Nock. Au début de sa carrière politique, JFK a prononcé des discours époustouflants sur l’individu contre l’État. Le 29 janvier 1950, à Notre Dame, il a déclaré « Le pouvoir toujours plus étendu de l’État fédéral, l’absorption de beaucoup des fonctions que les États fédérés et les villes considéraient naguère comme de leur responsabilité, doit constituer une source de préoccupation pour tous ceux qui croient comme le patriote irlandais Henry Grattan que ‘le contrôle des affaires locales est l’essence de la liberté’ ». Et sa remarque, dans son discours d’investiture, « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous » était un appel à l’autonomie et une attaque contre l’État-providence. D’autres éléments, comme la politique étrangère de Kennedy et sa position sur les problèmes sociaux, semblent moins attirantes pour les libertariens.

Q : Qu’en est-il du programme spatial et du Peace Corps ?

R : Ils sont parfois cités comme des exemples d’œuvres de gauche de Kennedy. Mais ce dernier était clair, le programme spatial avait pour but de battre l’Union Soviétique. « Sinon nous ne devrions pas dépenser autant d’argent, parce que l’espace ne m’intéresse pas tant que ça », dit-il a un représentant de la NASA dans une réunion budgétaire. Le Peace Corps était aussi un programme de guerre froide : la justification qu’en donnait Kennedy était que si les Américains n’allaient pas aider des pays à se développer, les Soviétiques gagneraient de l’influence dans le Tiers-Monde avec leurs propres équipes d’ingénieurs, de professeurs et de médecins.

Q : Si Kennedy était tellement un homme de droite, pourquoi les gens pensent-ils qu’il était de gauche ?

R : Deux de ses assistants les plus à gauche, Theodore Sorensen et Arthur Schlesinger Jr, ont écrit des livres qui, comme je le montre dans le mien, ont subtilement déformé le bilan du gouvernement dans leur propre direction politique. JFK, hélas, n’était plus là pour les contredire.

Q : Que pensez-vous que seront les réactions à votre livre ?

R : Comme le président Reagan le disait en 1984, « Quand je me mets à parler […] de John F Kennedy, les opposants commencent à s’arracher les cheveux. Ils ne peuvent simplement pas le supporter. »

Q : Avez-vous découvert des surprises ?

R : Je n’avais pas réalisé, avant de faire les recherches pour mon livre, que c’était un juge de la Cour Suprême nommé par Kennedy, Byron White, qui avait rédigé l’opinion opposée à la cour dans l’affaire Roe vs Wade concernant l’avortement. Et je n’avais jamais réalisé à quel point Kennedy était catholique pratiquant. Il assistait à la messe chaque semaine, parfois davantage, et s’agenouillait pour prier avant de s’endormir. Comme Barbara Sinatra, la femme de Franck Sinatra, le raconte, « Jack était un catholique fervent et allait à l’église pour prier pour sa famille presque chaque jour tout en draguant toutes ces filles, ce que je considérais comme étrange ».

Q : D’autres surprises ?

R : Oui, mais il faudra lire le livre pour les découvrir.


Traduction Benjamin Guyot.

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