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Des mots à toucher, à voir et à entendre (3): Léonie raconte les oiseaux de sa rue

Publié le 27 novembre 2013 par Chantalserriere

Léonie, comme Leïla, est aveugle de naissance, en raison d'une cataracte congénitale: "Heureusement, aujourd'hui, cela ne se produirait plus, dit-elle. On détecte et intervient immédiatement". Léonie est une grande lectrice de documents sonores,qu'ils soient en français ou en allemand. Elle écrit en braille avec une grande dextérité. Passionnée par l'observation des oiseaux, elle capte leurs chants malgré les bruits de la ville, ainsi qu'elle l'évoque dans ce texte recueilli d'après sa parole:

atelier écriture Strasbourg 2013

Isabelle, Nicolas et Léonie (3° à partir de la gauche)

"En 96, ma soeur Agnès et moi, avons habité le quartier de Neudorf  (un quartier de Strasbourg), une petite maison bordée d'un côté par un parc et de l'autre par une rocade très bruyante.

Ma soeur était membre de la Ligue protectrice des oiseaux (LPO). Nous avons installé bien vite de petites maisonnettes et des abreuvoirs pour les oiseaux frugivores, pies, pics épeiches

pic

(Sait-on que le pic épeiche picasse ou pleupleute ?), et même pour les les corbeaux communs qu'on appelle encore corbeaux freux, mais il n'était pas rare que les mésanges s'y restaurent aussi.

De l'autre côté de la maison, les mangeoires étaient réservées aux petits oiseaux , ceux possédant un petit bec. Ainsi, les ouvertures spécifiques ne convenaient pas aux pigeons, par exemple. Il s'agissait alors d'accueillir les oiseaux grainetiers.

Je peux dire que pour moi, c'était le printemps tout l'hiver. Je distinguais la présence des oiseaux par la spécificité de leur langage. Ce sont les mésanges bleues qui annonçaient les saisons en venant frapper à nos fenêtres. Puis arrivaient les charbonnières aux plumes multicolores. Elles adorent les noix.

mésange
mésange charbonnière mâle

Il m'est arrivé de casser 50kgs de noix que je coupais en tout petits morceaux. Tandis que mes doigts décortiquaient les fruits, j'écoutais un livre. Tranquillement.

Nous avions également la visite des nonnettes.

nonnette

On ne peut imaginer le nombre d'oiseaux fuyant les rigueurs des pays du nord qui passent  début octobre: merles, moineaux, verdiers, roitelets. Tous connaissent parfaitement les bonnes adresse d'hébergement!

Il y avait de plus un refuge pour les fauvettes dans le buis et le lierre qui grimpaient sur les murs. L'oiseau n'avait qu'à se gaver d'un festin d'araignées qui se croyaient à l'abri dans leur cachette de verdure. Le grand noisetier, lui, attirait les geais.

Faut-il donc habiter la ville pour trouver autant d'oiseaux?

La deuxième année, j'entendis deux enfants commenter notre installation:

- Il y a des beaux oiseaux chez les deux dames! disaient-ils.

Et d'un seul coup, toute la rue se mit à installer des accueils pour les oiseaux de passage...

Hélas, nous avons dû déménager.  A Schiltigheim il n'est pas permis de nourrir les oiseaux. Mais comme nous possédons trois perruches, les oiseaux de passage s'arrêtent parfois pour leur rendre visite et je suis à nouveau tout heureuse de les écouter raconter leur voyage. "


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