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Le silence se fait de moins en moins entendre dans notre vie (Deezer time)

Publié le 27 novembre 2013 par Paulo Lobo
Ce qu'il y a de bien avec Deezer (ou Spotify), c'est que chaque jour je fais de nouvelles découvertes qui m'intriguent, m'enchantent ou carrément me scotchent à mon siège dans le wagon. Ainsi, il y a pas si longtemps, j'étais bouleversé par l'album posthume de Daniel Darc "Chapelle Sixteen". Puis, je découvre coup sur coup trois chanteuses singulières, Agnes Obéi (Aventine), Mesparrow (Keep this moment alive) et Melanie di Biasio (No deal). Ensuite, je fais un petit tour dans le passé en me délectant des chansons fulgurantes des années 1960 de Françoise Hardy. Je reviens au présent et je me penche sur les deux plus récentes livraisons d'Andrew Bird (Break it yourself et I want to see Pulaski...): du grand art. Au milieu de tout ça, je me réchauffe l'esprit avec le jazz soyeux de l'excellent "Meeting" du Greg Lamy Quartet. Puis c'est la plongée dans l'univers dense et poétique d'Alela Diane ("About farewell": un must!). La semaine dernière, c'était l'écoute émerveillée du nouvel opus du Québecois Pierre Lapointe "Punkt", une succession de perles pop irrésistibles. Hier, je suis l'une des suggestions du fournisseur et je tombe sur un truc qui sort je ne sais d'où: l'album super-dépaysant et groovy "Tassili" de Tinariwen ( je n'ai pas encore eu le loisir de chercher, mais il y a du Touareg là-dedans, non?). Aujourd'hui mercredi 27 novembre, il y a eu d'abord l'extraordinaire "Alegria" de Cristina Branco - je suis une nouvelle fois tombé sur le charme de cette incorrigible chercheuse d'or. Et à l'heure de midi, j'ai été conquis par un osni français : l'album "Sidération" du groupe un peu inconnu Holden.Oufffff!Deux constatations s'imposent à moi lors de mon retour à la maison sur les rails et au son des Tinariwen:1) Je suis content / Deezer me permet de satisfaire ma soif innée et infinie de nouveautés musicales.2) Je suis un peu triste/ je me rappelle un temps pas si lointain, surtout mes années de jeunesse, quand je m'achetais un album par mois, peut-être et à grand peine. Oui, je comptais les sous et collectionais précieusement les LP. Mais chacun de ces albums-là, je peux vous garantir que je l'écoutais plusieurs fois et l'étudiais inlassablement, et que je le laissais infuser en moi. Et qu'il participait de ma vision poétique du monde.Et oui, à notre époque, tout s'accélère, tout se consomme avec frénésie, les images, les films, les écrits, les musiques, les révolutions... On y pense et on oublie, on y pense et on oublie. Toutes les voix se bousculent, et nous luttons à nous asperger les uns les autres des signes de notre existence. C'est un truc de dingue, et petit à petit il me semble que nous devenons plus robotiques, plus anxieux et plus manipulables, comme des petits chiots affamés à qui on tend un bout de viande. Et ça va tellement vite, on efface tellement vite nos goûts et amours de chaque instant, on veut toujours autre chose, toujours de nouvelles émotions chic et choc, c'est la foire aux vanités, la foire aux empoignades, notre intelligence est constamment en état d'excitation, et le silence se fait de moins en moins entendre dans notre vie.Et c'est comme ça qu'on nous distrait de notre fragilité et des choses qui devraient nous sembler essentielles - de la souffrance autour de nous, des paumés dans les rues et des bagarres chez les voisins, de la mort qui nous guette et qui attend avec sa faucille pour nous faucher sans façons.Ok, ok, j'exagère peut-être un peu, je devrais me contenter de ce que Deezer me donne et ne pas me poser autant de questions. Ou alors m'empêcher de boire constamment à cette source, courir moins derrière les nouveautés et me consacrer, pendant un certain temps, à la réécoute des musiques qui le méritent. Bonne soirée!
Le silence se fait de moins en moins entendre dans notre vie (Deezer
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