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B.B. crème de star

Publié le 28 novembre 2013 par Gommette1

Pas simple d’évoquer un mythe sans tomber dans l’hagiographie béate ou la passion veule, nombre de livres et de documentaires censés narrer la vie de telle ou telle personnalité, tombent souvent dans le piège de l’anecdotique sans distanciation.

Hier soir, Arte — sans doute la seule chaîne du paf à avoir de la tenue —, nous a régalé du documentaire de David Teboul sur Brigitte Bardot. En introduction, il précise qu’il n’a pu accéder à la star elle-même, recluse dans son histoire et ne souhaitant pas se raconter, mais il a été autorisé à puiser dans les archives familiales qui recèlent mille et une bobines amateur tournées par le père de l’actrice. Un vrai moment de grâce où, au fil des images intimes, se révèle la construction du mythe. Celui d’une petite fille à lunettes pas très jolie, dévorée par une mère, bourgeoise égocentrique, mais qui déjà, ne se laisse pas guider par l’autorité et qui déjà attrape avec aisance l’objectif de la caméra qu’elle fixe droit dans les yeux et malice aux coins des lèvres. Précoce dans sa beauté en bourgeon, l’adolescente Brigitte Bardot attire rapidement les regards de la presse féminine pressentant que, sous la délicate maladresse des formes, sourd un volcan de sensualité. Ce qui ne manquera pas de remarquer aussi l’industrie de la pellicule toujours à la recherche de figures cinégéniques. Des studios photos aux studios de cinéma, il n’y a qu’un désir tendu par Roger Vadim dont elle deviendra à 17 ans la maîtresse. Ensuite et malgré elle, B.B. devient LA femme, dont la beauté naturelle, sauvage et mélancolique ne sera pas façonnée par la chirurgie esthétique ou par les onguents miraculeux, mais par la danse classique et par le sexe, par l’amour, la sensualité, le contact de l’épiderme masculin.

Nous sommes loin de toutes les actrices feu de paille et nymphomanes d’aujourd’hui, de toutes les stars gorgées de Botox et refaites à coups de bistouri, et je ne vous parle même pas de toute la lie des peoples piplettes de la téléréalité façon Nabilla qui, la poitrine gonflée de silicone, se prennent pour des reines alors qu’elles ne sont même pas dignes d’être dame pipi dans un clandé de Macao. B.B. est une vraie star, une femme complète qui sait manier l’habillé-déshabillé, détourner les codes de la mode pour imposer son allure, son style, B.B. est une Française pour qui le vêtement n’est qu’un accessoire de mise en scène…

Le documentaire de David Teboul est à voir et à revoir pour la nostalgie d’un monde disparu et pour le destin d’une petite bourgeoise devenue une incroyable icône sexuelle. Un seul bémol, la voix sinistre et monocorde du narrateur qui plombe un rien cette histoire merveilleuse et émouvante.

Brgitte Bardot Le captologue
 

Images : D.R.


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