Giacomo Foscari (T1) Mercure

Un vieux professeur se remémore son passé au fil de ses pérégrinations…

Scénario et dessin de Francesco Dimitri

Public conseillé : Adultes et adolescents

Style : Manga intimiste Paru chez Rue de Sevres, le 11 septembre 2013

L’histoire

Un vieillard se promène dans les rues de Tokyo à la recherche de son passé.
Deux périodes révolues de sa vie s’offrent à nous :

Sa jeunesse dans l’Italie fasciste des années 30 où il est confronté à l’impossibilité de déclarer son premier amour au bel Andrea.
Son professorat à Tokyo dans les années 60 où il fréquente les intellectuels japonais et ou surtout il croise le chemin d’un couple infernal dont l’histoire n’est sans doute pas encore achevée.

Le scénario

Le lieu : l’action se déroule en partie en dans l’Italie fasciste, en partie dans le Japon des années 60 troublé par des mouvements d’émancipation étudiante. Deux pays et deux contextes très différents que le personnage principal relie pourtant par une vision idéalisée. Pour lui, la Rome Antique et le Japon des années 60 présentent des similitudes dans leur mode de vie. L’immersion dans la vie quotidienne des Japonais est plutôt réussie et nous permet par exemple de prendre part à la fête des cerisiers.

L’action

Peu d’action au sens propre du terme. L’auteur développe un environnement intimiste en nous plongeant dans les pensées et les sentiments d’un personnage intelligent et éduqué mais terriblement timide.
Le personnage principal : Giacomo est un être sensible, introverti et faible. Il est plutôt passif et assiste en spectateur aux troubles qui agitent son époque. Son statut de professeur lui permet de conserver une certaine hauteur et une distance pleine de rigidité.
Les personnages secondaires sont à l’opposé :

Andrea est un jeune sauvageon qui passe sont temps dans la rue à se battre, voler, draguer, ou ne rien faire… Un personnage direct et brut qui agit selon ses impulsions.
Satoko et Shusuke forment un couple détonant. Satoko à l’image d’Andrea se bat au quotidien pour survivre et utilise les armes à sa disposition : son courage et ses charmes. Shusuke est plus effacé mais il a une relation forte et complexe avec Satoko. Frères et sœurs, amis, amants ? Ces deux là mettent du piment au récit et promettent de bouleverser la vie de Giacomo.

Les Thèmes abordés

La beauté : Giacomo nous fait partager avec sensibilité sa passion pour la sculpture, la lecture, l’opéra. L’art fait partie intégrante de son quotidien et nous accédons de façon privilégiée à son univers raffiné.
L’amour : un peu à la manière de Proust, Giacomo est dévoré par des passions qu’il vit à distance. Soit des amours passés qu’il n’a pas su déclarer, soit des amours présents qu’il n’ose pas ou ne pense pas à afficher ! Giacomo porte un amour simple, pur et inaccessible à de jeunes hommes de caractère.

Le dessin

Cet ouvrage est un manga, comme l’atteste son petit format et ses personnages aux traits simplifiés et aux grands yeux expressifs. Mais on ressent d’autres influences dans ce dessin à l’encrage délicat où la couleur est absente. Un manga à l’italienne en quelque sorte !
La part belle est donnée aux personnages et à leurs expressions avec un découpage des cases qui imprime du rythme à l’ensemble du récit. Cependant, quelques cases bien travaillées sur les canaux de Venise ou les décors urbains de Tokyo attestent de la qualité du dessin de Mari Yamazaki.

Pour résumer

Après les comics à la française, je vous propose de découvrir le manga italo-japonais ! Un manga original qui prend la forme d’un récit intimiste avec un rythme qui monte crescendo : l’existence un peu pâle du personnage principal prend progressivement de plus en plus de couleur au fil des rencontres avec des personnages au caractère tranché. Tout cela partagé entre l’Italie et le Japon. Un beau voyage à réaliser !