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Flexibilité: ce fameux "système salarial surprotecteur"

Publié le 05 décembre 2013 par Juan
C'était une remarque de plus, une de trop, décevante à souhait, mais si prévisible. Un éditorialiste renommé de BFM-Business, ce jeudi 5 décembre, lâchait ceci sur Twitter:
ce n'est pas à coup de traitement social, local etc..qu'on ramènera nos gamins, mais bien en défonçant un système salarial surprotecteur
— Stephane Soumier (@ssoumier) December 5, 2013

L'homme était visiblement mal renseigné. Certes, il y a toujours plus précaire en ce bas et triste monde: un salarié de PME face un salarié de grande entreprise, un salarié du privé face à un fonctionnaire, un salarié face à un artisan, etc... Dans l'argumentaire neo-libéral, les comparaisons stériles pour motiver la destruction des protections sociales pullulent.
1. Notons d'abord que ce "système salarial surprotecteur" n'empêche pas un recours massif au travail partiel et précaire: le sous-emploi frappe 1,4 million de personnes en France, pour l'essentiel des femmes (963.000). Fin 2012, "7,9% des femmes en emploi sont en sous-emploi contre 3,0% des hommes. " notait la DARES dans son bilan de l'emploi publié en juin dernier. ce sous-emploi a légèrement baissé depuis 2009 (5,3% contre 5,9% de la population active), mais il n'a pas retrouvé son niveau de 2008 (5,1%).
2. En France, avant même la crise, le taux de rotation des salariés est bien plus élevé qu'ailleurs dans l'OCDE (Allemagne, Etats-Unis, Japon, ). A fin juin, il était encore d'environ de 27,2% (dernière mesure de la DARES) dans les établissements de plus de 10 salariés). Ce taux regroupe la proportion de salariés "entrants" (13,6% à fin juin) ou "sortants" (13,6% également à fin juin) sur le nombre total de salariés. La récente loi de flexibilité a même permis, entre autres, l'accélération des procédures de licenciement... en période de crise...
3. D'après une analyse de l'OFCE, le système français indemnise plus longtemps mais moins les salariés licenciés. Avant la crise de 2008, l'Allemagne consacrait 2,2% de son PIB à l'indemnisation de ses chômeurs, contre 1,5% en France. Plus de 85% de ses chômeurs étaient indemnisés, contre à peine la moitié en France.
4. Enfin, last but not least, le rapport entre chômage et flexibilité du travail est une lubie. Dans une récente étude  publiée en juillet dernier, l'OCDE pointait un résultat remarquable que visiblement, notre éditorialiste de BFM-Business n'avait pas lu: il n'y a statistiquement aucune corrélation entre la protection des salariés et les performances en matière d'emploi au sein de l'OCDE.
A bon entendeur...
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