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Yellowknife, entre chasse aux aurores et couchsurfers

Par Rgs_ @regismatthey

Si j’ai appris une chose dans le grand nord canadien, c’est que le temps est imprévisible, et que les aurores sont imprévisibles, et que la nuit tu as sommeil, et que dehors il fait super-froid. Et en plus, plus le ciel est clair, plus le temps sera glacial.

L’exemple le plus frappant est celui que j’ai vécu dans la nuit de lundi à mardi, où la journée fut dégagée le matin, s’est couverte dans l’après-midi et s’est réclaircie dans la soirée, alors que la météo indiquait “nuageux” tout du long. Depuis, je ne me fie plus aux indications des sites météorologiques, mais je guette directement par la fenêtre après ces multiples déconvenues. Ce soir-là, les prédictions des aurores, toutes aussi fiable, indiquaient quiet, ce qui signifie quand même que tu peux avoir de belles aurores.. ou pas du tout. A ce niveau-là, quand il est temps de savoir s’il vaut la peine de se pointer dehors ou pas, j’ai deux remèdes. Le premier s’appèle AuroraMAX et consiste en une webcam à Yellowknife qui montre une image des cieux toutes les 20 secondes. Le second est le site Soft Serve News qui prédit l’activité des aurores pour la prochaine heure.
Lundi soir donc, je me suis couché vers 23h avec un ciel dégagé qui présentait quelque peu d’activité mais pas assez pour me motiver à sortir. Je me suis donc couché en mettant un réveil à 2h du matin, comme je le fais toutes les nuits depuis une semaine.
A 2h, la webcam montre une jolie aurore, un peu menue, mais Soft Serve News indique que l’activité sera de 1.67 Kp dans 35 minutes, alors qu’il est de 1.33 actuellement.

Aurora forecast 2 décembre

Par expérience, je sais qu’on voit les aurores à partir à partir de 1.33 Kp mais que plus le nombre est élevé, mieux c’est. Alors je me dis bon, je me lève dans 30min pour un prochain bilan. 15 minutes plus tard, faisant sans-cesse la crêpe dans mon lit, je guette la webcam, et que vois-je ? LA PLUS GROSSE ACTIVITE de la semaine !!

Auroramax 02 décembre 2013

Vite, je me lève, enfile mes 4 couches de vêtements, attrape mon sac photo et 10 minutes plus tard je suis dehors… où il n’y a plus rien dans le ciel. Mais comme les prédictions indiquaient quand même une grosse activité, je me dirige à pieds à l’extérieur de la banlieue pour échapper à l’éclairage urbain. Cependant, à mesure que je m’éloigne, le ciel se couvre de plus en plus alors même que je vois une lueur verte qui perce faiblement les nuages, jusqu’à ce que ces derniers prennent finalement le dessus pour le reste de la nuit… Quelle déconvenue, je vous dis pas, il est 4h24 quand j’écris ces lignes et je m’en veux de ne pas être directement sorti à la première alarme..

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Néanmoins la semaine n’a pas été totalement stérile, fort heureusement.

La journée de vendredi fut maussade, avec des giboulées de neige. Cet après-midi-là, nous somme parti avec Erika, une amie que je me suis faire via CouchSurfing, sa pote Michelle et son amie Erin qui est descendante des Dogrib, une communauté amérindienne locale, pour une balade le long de la highway dans l’espoir de croiser le troupeau de bison sauvage du coin. En vain.
Pour nous venger, on s’est arrêté au super marché du coin acheter de la viande hachée de bison pour nous faire des burgers maison, et ce fut délicieux !
En sortant, curieusement, nous pouvions voir les étoiles dans le ciel. Plein d’espoir, je me suis reposé jusqu’à 23h, heure à laquelle je suis sorti en voyant poindre les premières aurores.
Devant mon Bed & Breakfast s’étendait une baye du Great Slave Lake, complètement gelée à cette saison et où je me suis aventuré avec mon appareil photo, mon trépied et deux trois bidules. Et ce fut magique ! A certains moments, la danse céleste emplissait le ciel de ses chatoiements, trop étendue pour la capturer avec le grand angle de mon appareil photo ! Peut-être moins intense que le grand serpent lumineux que j’avais eu en Norvège, mais recouvrant une plus grande portion de ciel.

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Au bout d’une heure et demi de contemplation, je suis rentré me réchauffer les orteils un moment avant de retourner avec une idée créative en tête. J’ai emporté mes flashs, un stick fluorescent et la brosse pour gratter le pare-brise de ma chevrolet de location. Au milieu du lac, j’ai dégagé un cercle concentrique (sinon c’est plus un cercle) jusqu’à atteindre la glace. Et voila ci-dessous le petit selfie qui m’a coûté des gerçures aux fesses.

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Le lendemain, je n’ai pas réussi à me lever à temps pour le check-out. Si les premières nuits, je suis resté dans un bed & breakfast, j’avais lancé quelques messages sur CouchSurfing. Si vous ne savez pas encore ce que c’est, C-S est une communauté d’échange où des habitants mettent gracieusement leur canapé à disposition de voyageur. Ce mouvement s’est répandu dans le monde entier et c’est un merveilleux moyen pour échanger avec des étrangers. Par exemple, en Irlande du Nord, j’avais été hébergé l’espace d’une nuit dans un Irish Pub, si si, avec la déco, la tireuse et tout le mobilier, et moi-même je propose mon canapé dans la bourgade d’Yverdon (avis aux intéressés).
Cette fois-ci, peu de monde étaient en mesure de m’héberger, mais chaque jour j’ai rencontré des couchsurfeurs disposé à partager un verre ou des activités avec moi, par exemple Steph m’a fait découvrir Old Town, Pilots Monument (en honneur des aviateurs qui ont ouvert la voie vers le Nord), ou mon premier Tim Horton (le Starubuck local), Scott m’a offert une bière, Lindsay & Marc m’ont accueilli pour un repas canadien avec d’autres couchsurfers, Erika m’a baladé à gauche et à droite et finalement Amy et Vimala m’accueillirent chez elles pour le reste du séjour.
Yellowknife est une ville récente, avec énormément de gens qui sont venus pour trouver un emploi facile et qui sont restés plus longtemps que prévu. Ainsi, nombreuses sont les personnes qui cherchent à créer des liens, se faire de nouveaux amis et occuper le temps dans ce lieu paumé. Et franchement j’ai aimé cet esprit communautaire où tout un chacun est ouvert vers les autres, d’une manière sincère. En l’espace d’une semaine, je me suis fait au moins une demi-douzaine de contacts avec qui je partage de vraies affinités et qui auraient pu devenir de vrai amis.

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Ainsi Erika est une jeune fille de retour d’un voyage sabbatique en Nouvelle-Zélande et a été enchantée de me faire découvrir la ville, et plus particulièrement ses petits commerces, où elle a travaillé dans certains, comme le Weaver & Devore qui est le plus vieux bazar de Yellowknife, Bullocks qui sert du poisson frais du lac dans une atmosphère familiale, une boutique qui vend de l’artisanat Dene (les indigènes) ou la balade dans la forêt pour débusquer les cascades de glace et la conduite sur le lac gelé (qui fait 2/3 de la superficie de la Suisse, au passage).

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Amy et Vimala furent mes hôtes à partir du samedi, et le plus drôle fut l’effet boule de neige que cela a entrainé : j’explique, samedi soir à mon premier souper canadien (oui, ils en font tout plein !), au fil des discussions, j’ai été recruté par Etienne, un Québécois qui cherche à vendre des épices et qui avait besoin d’une photo pour son site internet. Le lendemain, je me suis donc rendu chez lui pour un shooting où il avait préparé toutes ses épices sur un tableau représentant ses cours de cuisine.

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Le lendemain j’ai fait un Reggie’ Monday pour tous mes nouveaux amis (pour ceux qui ne savent pas ce qu’est un Reggie’ Monday) et pour ma dernière soirée Etienne nous a invité pour un souper chez lui où il a cuisiné un savoureux plat indonésien, puis m’a interviewé sur la gastronomie suisse pour Radio Taïga avant de nous réserver une surprise !

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Après le repas, Etienne nous a embarqué sur le lac où on s’est rendu à une maison-bateau. L’été, il vous faut prendre une barque pour rejoindre son logement, mais l’hiver on peut parquer devant l’embarquation. Ici nous accueilli Stéphanie, une Québécoise qui pouvait me faire goûter du poisson du lac mais qui avait également ce soir-là une équipe de tournage japonaise produisant un reportage sur les maisons inusuelles du monde. Au milieu de l’équipe de 7-8 Japonais, il y avait la petite Saiko d’Okinawa, une sorte de Geisha toute kaiwai qui nous expliqua, par le biais de son interprète, la raison de sa venue dans les Territoires du Nord-Ouest et du reportage avant de sortir une bouteille de saké aussi grande qu’elle où chacun fit kampei à tour de rôle dans un bol en forme de chapeau pointu en se présentant. Ensuite elle sorti une sorte de cytar et un tambourin japonais et joua et chanta une chanson traditionnelle japonaise, puis elle entraina tout le monde dans une danse et des onomatopées japonaises qui finirent en jam. Irréel.

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Et moi qui pensait qu’il n’y avait rien à faire dans le grand nord du Canada…

Next destination, Whistler où je vais rejoindre ma soeur que je n’ai pas vu depuis 3 mois.

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