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Publié le 09 décembre 2013 par Dukefleed
NoLe pouvoir de dire NON... avec la banane
Au Chili en 1988, déjà 15 ans que le Général Pinochet a renversé Salvador Allende, soutenu à l’époque par l’occident. ’88, les mouches ont changé d’âne ; la pression internationale impose au dictateur coupable d’actes atroces sur des centaines de milliers de chiliens d’organiser un référendum pour son maintien ou non au pouvoir. Les règles du jeu sont alors clairement définies ; les deux camps auront 15 minutes de télé par jour durant un mois pour défendre leurs positions respectives. Le combat risque tout de même d’être inégal et ce pour deux raisons principales : les médias et la télé sont à la main de Pinochet, les 15 minutes dédiées à l’opposition se révèlent donc légères ; secondo, l’opposition historique est composée de plus de dix courants différents, comment trouver un plan comm’ sur lequel tous peuvent se retrouver. On peut dire que le « Non » part avec un sacré handicap.Mais un petit génie de la pub, le Séguéla local, va trouver un axe de campagne original fédérateur, non politique et optimiste. Il va très vite se heurter aux vieux opposants qui eux souhaitaient plus aborder tous les meurtres, disparitions et exactions du régime. Ce film montre bien comment un peuple peut prendre son destin en main malgré la contrinformation, car il s’agit avant tout d’un film profondément politique. Le régime en place use de tous les stratagèmes pour que la parole de l’opposition, prise à la légère au démarrage, soit la moins audible possible. Toute la force collective est bien incarnée ici. Mais le côté effrayant est l’utilisation qui peut être fait des médias à mauvais escient. Là, c’est pour la bonne cause, mais on peut tout aussi bien entraîner un peuple entier dans la mauvaise direction avec des messages simplistes bien enrobés. Le pouvoir des images et des slogans frappe fort ici. Une véritable guerre médiatique déjà moderne.De fait toute la réflexion sur le pouvoir des medias et des images dans le monde politique est très pointue à travers cet épisode de la vie politique chilienne. Mais l’enrobage fictionnel ne convainc guère. Le scénario, quelque fois répétitif, n’assume pas jusqu’au bout le cynisme du héros et lui invente une histoire familiale et personnelle très convenue. Ce qui fait écrire à François Bliet de aVoir-aLire.com : « Super-doc et petit film, "No" est une oeuvre fondamentalement utile, complice de vos neurones mais étrangère à vos tripes. ». Dommage, mieux valait peut être s’abstenir du volet vie privée.Ensuite, l’idée de vouloir tourner ce film comme un documentaire d’époque est pour moi un second ratage. En utilisant les vieilles caméras à tube reproduisant la texture des 80’s au format 4 : 3, on n’a l’impression de regarder une vieille VHS. Si on ajoute à çà des caméras épaule hasardeux (filmées comme un film amateur) et des surexpositions nombreuses et prononcées ; l’image est souvent cradingue sans intérêt artistique. Quelle idée aussi de filmer les TV Sony de l’époque en train de diffuser l’info : image moche filmée par une caméra filmant crade ; c’est insupportable.Mis à part un écueil dans le scénario et l’image pas non plus invisionnable ; ce film vaut par une question toujours d’actualité sur le pouvoir de l’image, des médias et la réelle marge de manœuvre des peuples dans leur auto détermination. Et à ce titre, il est indispensable.
Sorti en 2013

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