Magazine Médias

Comment Libération essaye de s'en sortir

Publié le 09 décembre 2013 par Npcheynel @journalismes

Comment Libération essaye de s'en sortir Pourra-t-on encore acheter notre Libé chez le kiosquier dans les prochaines années ? Derrière cette question se cache une problématique bien plus sérieuse. Dans une conjoncture où la presse connaît un recul de ses ventes (-11.07% pour Libération, -1.69 % pour Le Figaro ou encore -3.03 % pour le Monde en diffusion payée sur l’année 2012-2013, OJD), la solution pourrait passer par le contenu en ligne. Libération l’avait peut-être pressenti, en étant le premier média à lancer son site web en 1995. Le nombre d’abonnés sur internet dépassant bien souvent celui du papier (entre 40.000 et 50.000 journaux vendus chaque jour, un chiffre qui ne cesse de diminuer),  les directions de journaux se voient obligé d'adapter leur offre. C’est ce qu’avait détaillé Nicolas Demorand, alors directeur de la publication, il y a un an de cela, lorsqu’il annonçait la nouvelle formule à venir. Il est encore revenu sur ce point à la fin du mois de novembre 2013, alors que Libération est au plus mal, avec une perte annoncée entre 1.5 et 2 millions d'euros sur l'année 2013, à laquelle il faut ajouter une chute des revenus publicitaires.

La qualité de l’information menacée ?

La solution ? Aller vers une nouvelle ère, celle du "tri-média", alliant print, web, et organisation d’événements (comme le "Forum Libé" qui se tient régulièrement à la MC2 de Grenoble). Le but ? "Affirmer le renforcement de [la] présence en numérique" du journal, et trouver un "relais de croissance important du chiffre d'affaires pour compenser les pertes sur l'édition papier" précise l’ancien journaliste de France Inter. Depuis, ces changements ont déjà commencé à se mettre en œuvre au sein de la rédaction. Florent Latrive, rédacteur en chef-adjoint à Libération.fr et agent d’ambiance, assure que ces deux rédactions sont en train de se rapprocher, pour "progressivement former une rédaction unique qui publie sur les différents supports". Même si la fin du print n’est pas évoquée, les journalistes écrivent dorénavant pour l’un et pour l’autre, afin d’offrir aux lecteurs une meilleure couverture de l’actualité, et de réagir plus rapidement aux sujets "chauds", plus propices d'être repris sur internet.
 
De plus en plus de polyvalence donc, mais pour quelle qualité d’information ? Erwann Gaucher, journaliste spécialiste du numérique, pointe l’un des avantages dont dispose le web : le fait de pouvoir "enrichir"  et "actualiser" les articles, par le biais de graphiques ou d’infographies, mais aussi de les actualiser en temps réel. Pour lui, pas de risque donc de tomber dans le buzz, du moins "pas plus que dans les autres médias", cette éventualité incombant "aux choix faits par la rédaction en chef". C’est sur ces points que les directions de journaux insistent, conscientes qu'elles ne peuvent pas proposer ce genre d’outils dans les kiosques.
Libération propose un abonnement multi supports, à un prix attractif. Capture d’écran de Libération.fr Libération propose un abonnement multi supports, à un prix attractif. Capture d’écran de Libération.fr

Un enjeu financier de taille

Parallèlement à cela, c’est à un vértiable défi financier qu‘est confronté Libération. Car le virage du numérique est difficile à prendre, notamment en ce qui concerne l’émergence d’un modèle financier clair. Étant donné l’érosion des ventes, les titres de presse, et Libération en tête, s’efforcent d’augmenter le nombre d’abonnés multi supports. Objectif : arriver à un pourcentage proche des 70%, et ainsi diminuer l’impact des ventes sur le chiffre d’affaires.

Ensuite, il est important de trouver un mode de financement. Actuellement sur du freemium (moitié payante, moitié gratuite), le journal s’oriente vers une formule à l’américaine, le paywall, sorte de péage pour accéder aux contenus. Certains sites d'information se sont déjà mis à ce système, comme L’Équipe.fr et sa formule Premium.

S’il assure que le journal papier ne "disparaîtra pas", Nicolas Demorand multiplie pourtant les mesures visant à renforcer l’influence du numérique. Application tablette, mobile, édition au format PDF : tout est fait pour séduire et fidéliser cette nouvelle audience de plus en plus équipée. Un virage radical, mais qui répond à la hausse de la consommation de contenu médiatique par le biais des nouvelles technologies (+3,1 points pour la lecture numérique, Audipresse). Profitant de ce phénomène, une nouvelle version du site internet a été lancée en septembre 2013, utilisant les principes du responsive design. Principale nouveauté : un contenu qui s'adapte en fonction de la taille de la fenêtre, que ce soit un mobile, une tablette ou un écran d'ordinateur classique, afin d'offrir un confort de lecture optimal. Fêtant ses 40 ans cette année, Libération est à un tournant majeur : englué dans une baisse de ses ventes de manière régulière depuis longtemps,  le journal se doit de réagir, sous peine de disparaître.
De plus en plus de personnes lisent la presse sur leur tablettes, au café, dans le train ou les transports en commun. Photo DR De plus en plus de personnes lisent la presse sur leur tablettes, au café, dans le train ou les transports en commun. Photo DR

 Est-ce pour autant la fin du papier ? Pas si sûr, car la presse papier conserve, encore, son côté prestigieux. C’est le cas notamment pour ce qu’on appelle la classe "premium" (les cadres ou autres dirigeants). Cette classe, à forts revenus, lit à 98.8% (étude Audipresse) un titre de presse chaque jour. Très prisée des publicitaires et dirigeants de journaux, elle montre que le print a (encore) un peu de temps devant lui. Exemple avec "Libé week-end", édition rénovée du samedi lancé à la rentrée, et qui connaît un succès inattendu (+ 10 à 15% dans les ventes). 

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Npcheynel 3147 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines