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Le charme des épiciers

Publié le 17 décembre 2013 par Gommette1

Dans notre beau pays hanté par la dépression, nous n’aimons rien de moins que de compenser notre spleen par la bouffe, la grande bouffe. Gastronomes et gloutons télévisuels célèbrent les chefs sur toutes les chaînes, les restaurants innovent, les marchés fleurissent, les cavistes boutonnent, les épiceries bourgeonnent...

La semaine dernière, le Bon Marché Rive Gauche a inauguré La Grande Epicerie de Paris glissé dans un décor contemporain et bourgeois culturel (et cultuel !) qui fait la part belle aux compagnons du goût, artisans des vrais ingrédients et des assemblages d’exception. Ici, le haut de gamme domine avec une sélection de références qui ignore les produits de mass market, évacue les allusions à l'agro industriel. Ce restylage vise en effet deux cibles : les Parisiens exigeants et les étrangers argentés. Il s’agit aussi pour le groupe LVMH, propriétaire de la Grande Epicerie de Paris, de rééquilibrer son pouvoir d’attraction face au Lafayette Gourmet et à Fauchon, des enseignes qui séduisent les hordes affamées et touristiques. Reste à l’épicier Hédiard, malmené par son propriétaire russe et fruste, de se dépoussiérer et changer ses atours s’il ne veut pas disparaître.

Si le luxe parade, il en est de même pour les distributeurs qui réinvestissent les grandes villes : Monoprix, Anchan, Carrefour, Intermarché… essaiment leurs épiceries à taille humaine, des magasins de petites et moyennes surfaces qui jouent la carte de la proximité et câlinent les urbains stressés avec des offres calibrés sur le premium. Car signe des temps, malgré la crise, le hard discount — très déprimant — recule depuis quatre ans : sa part de marché est tombée à 12,4% cette année contre 14% en 2009, année où les professionnels anticipaient 25% de part de marché !

La frénésie de mètres carrés prémium prépare la nouvelle vague du tourisme alimentaire pour voyageurs sensoriels avec deux Cités de la Gastronomie annoncées, une à Dijon en 2016 et une à Rungis en 2020. Une bonne initiative pour stimuler notre patrimoine économique et immatériel, comme nous savons si bien si bien le faire avec nos musées et nos institutions culturelles : Le Louvre, Orsay, l’Opéra de Paris, la Comédie-Française, etc. sont de belles marques, des marques de luxe qui ne s’enterrent pas dans leur passé, mais voient dans leur histoire les traces de leur avenir.

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Image : A La Grande Epicerie de Paris, les compagnons du goût s’exposent jusque dans les vitrines.


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