L'image manquante

" Mon enfance, je la cherche, comme une image perdue. Ou plutôt, c’est elle qui me réclame. Est-ce parce que j’ai 50 ans ? " Ces mots, ce sont ceux de Rithy Panh, réalisateur cambodgien connu pour ses films sur le génocide cambodgien (Duch, S21 La Machine de Mort Kmère Rouge). Ici, avec L'image manquante - sorti le 19 novembre et distribué par Arte- le cinéaste dit pour la première fois « je ».

Transposition de son ouvrage L'Élimination, écrit avec Christophe Bataille en 2011, L'image manquante est le récit de sa vie brisée - de 13 à 17 ans - sous le régime des Kmers Rouges. Avec des petites statues en glaise, peintes par la main de l'homme - sortes de marionnettes inanimées - Rithy Panh narre les dures années qu'il a passé dans l'horreur des camps de travail. Dispositif simple mais efficace qui rend compte de la dépersonnalisation des êtres aux mains de Pol Poth. Le commentaire du cinéaste ainsi que la musique (des chants cambodgiens) instille de la douceur au récit, une émotion à fleur de peau, là où les images d'archives sont muettes. Malgré l'évocation des crimes de masses, L'image manquante n'en demeure pas moins l'histoire bouleversante d'un cinéaste remplie de poésie, d'amour pour sa famille anéantie par un génocide qui n'a pas laissé d'images.

Essentiel. 

(chronique écrite pour le site Cinetrafic et film que j'ai vu par ailleurs dans le cadre de mes séminaires)