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Des souris et des Hommes (Perle, Arbor)

Par Borokoff

A propos de Le géant égoïste de Clio Barnard ★★★☆☆

Conner Chapman - Le géant égoïste de Clio Barnard - Borokoff / Blog de critique cinéma

Conner Chapman

A Bradford, dans le Nord de l’Angleterre, Arbor, 13 ans, est un petit blondinet aussi nerveux qu’hyper-actif. Issu de la classe populaire, c’est un enfant en proie à des crises de colère incontrôlables qui le rendent « inadaptable » au système scolaire. D’ailleurs renvoyé du collège pour avoir défendu son meilleur ami Swifty, gaillard grand et corpulent, beaucoup plus doux et calme que lui, Arbor passe ses journées à chercher et à piquer de la ferraille pour la revendre à Kitten, le gérant peu scrupuleux d’une casse qui possède un cheval de course qui fascine Swifty qui aimerait devenir son « trotter ». Au grand dam d’Arbor, qui a trop besoin de lui pour ses « affaires » et qui n’hésite pas à le lui reprocher…

Conner Chapman, Shaun Thomas - Le géant égoïste de Clio Barnard - Borokoff / Blog de critique cinéma

Conner Chapman, Shaun Thomas

Oscillant entre réalisme à la Ken Loach (style caméra à l’épaule) et onirisme, documentaire et fable, Le géant égoïste (traduction parfaite du titre original) est le premier long-métrage de fiction de Clio Barnard et un film qui, sans conteste, mérite l’attention, ne serait-ce que pour la direction d’acteurs et le jeu fascinant de Conner Chapman (Arbor). Adaptation d’un conte éponyme d’Oscar Wild publié dans Le Fantôme de Canterville et autres nouvelles (1887), Le géant égoïste est l’histoire d’une amitié extrêmement forte entre deux gosses que tout sépare, à priori, si ce n’est le milieu social dont ils sont issus. Arbor est petit et fluet. Aussi « speed » que sûr de lui, il est l’opposé de Swifty (Shaun Thomas), garçon influençable, beaucoup plus lent à la détente et qui manque de confiance en lui. Pourtant, entre ces deux-là, l’amitié fonctionne, comme s’il s’agissait de liens du sang et de deux frères aussi proches que les doigts de la main.

Le géant égoïste de Clio Barnard - Borokoff / Blog de critique cinéma

Si la chute tragique est attendue et annoncée tout au long de Le géant égoïste, c’est davantage l’étude de caractères des deux pré-adolescents que l’on retiendra dans le film. L’étude de caractère et cette inversion, ce renversement dans l’idée qu’on se faisait des deux jeunes garçons au début du film. C’est-à-dire que la première demi-heure laisse penser qu’Arbor par exemple est tellement nerveux qu’il est à limite du « débile » (il ricane tout seul) tandis que Swifty parait beaucoup plus posé et intelligent. La suite du film démontrera le contraire. Car le vrai stratège, c’est bien Arbor. D’une intelligence diabolique, le petit lutin blond est aussi un gamin qui connait les faiblesses de son ami, notamment son manque de confiance de lui et son caractère influençable. Usant de cette corde pour l’entraîner dans des vols de câbles auxquels ne veut pourtant plus participer Swifty, Arbor ne rêve que de ramener le plus gros câble électrique jamais déterré. Avec les conséquences que l’on peut imaginer. On pense de loin à Des souris et des hommes, mais une version avec des enfants.

Conner Chapman - Le géant égoïste de Clio Barnard - Borokoff / Blog de critique cinéma

C’est après une scène très tragique et très picturale à la fin que le film devient extrêmement poignant. Comment résister à la douleur et à la tristesse si grandes et si touchantes d’Arbor, qui semble être redevenu enfin un enfant, lui qui parlait si vulgairement et se comportait et s’exprimait comme un adulte pendant près d’une heure trente ? On a alors un tas de films en tête qui défilent sur l’enfance brisée, de L’enfance d’Ivan (1962) de Tarkovski à Allemagne, année zéro de Rossellini (1948).

Des tas de films auxquels il faudra désormais rajouter celui-ci, dont la sobriété, l’épure de la mise en scène n’en rendent que plus beau et plus émouvant le jeu de ses jeunes acteurs. Et cette histoire d’amitié…

http://www.youtube.com/watch?v=sVDZAQb8Q7c

Film anglais de Clio Barnard avec Conner Chapman, Shaun Thomas, Sean Gilder… (01 h 31)

Scénario de Clio Barnard d’après le conte éponyme d’Oscar Wilde : 

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Mise en scène : 

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Acteurs : 

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Compositions d’Harry Escott : 

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