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The impossible - 3/10

Par Aelezig

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Un film de Juan Antonio Bayona (2012 - USA, Espagne) avec Ewan McGregor, Naomi Watts, Tom Holland

Bien flippant.

L'histoire : Décembre 2004. Une gentille famille, papa, maman et trois garçons, arrivent dans un hôtel de luxe au bord de la plage, en Thaïlande. Un tsunami d'une ampleur gigantesque va bientôt balayer la côte sur des kilomètres. Nous suivons la maman, ballotée par les flots, qui retrouve son fils aîné plus loin... Autour d'eux, c'est l'apocalypse...

Mon avis : Etait-il bien nécessaire de nous faire un film vérité sur ce terrible événement qui fit 300.000 victimes ? Avec autant de précision, limite gore (j'ai mis des images soft), de pathos et de mélo ?

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Car il existe une grosse différence entre The impossible et le film catastrophe lambda. Dans ce dernier genre, les personnages sont fictifs, on peut les aimer, les détester, et notre empathie ou notre haine ne porte pas à conséquence puisqu'ils ne sont pas réels. D'autant qu'ils sont généralement très nombreux, afin de représenter au mieux toutes les diversités de la nature humaine, à travers divers stéréotypes. Chacun s'identifie à celui qui lui ressemble le plus. Et l'événement en lui-même, même s'il arrive parfois qu'il soit réel (Titanic, Le pic de Dante...), est le plus souvent non identifiable : tremblements de terre, avalanches, éruptions volcaniques... les soubresauts de la planète, quoi. Et pour les réalisateurs qui osent le réel, ils gardent cependant des personnages fictifs, qui nous permettent de garder la distance nécessaire, et à l'instar de Cameron dans Titanic, inventent une merveilleuse histoire d'amour, follement romanesque, qui nous remplit de bonheur... la catastrophe en elle-même n'étant quasiment plus qu'un "décor" dramatique, un élément historique nous rappelant la fragilité de l'être humain.

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Ici, nous savons dès le début que cette famille a existé... et cela fait toute la différence. Les voir ainsi adultes et enfants, séparés, lacérés, abîmés, pissant le sang et criant de terreur et de douleur... c'est presque insoutenable. Cela m'a fait songer au joli discours de l'un de mes blogueurs favoris, Forbloodsake qui adore les films d'horreur, pas pour le côté gore, mais pour les sentiments extrêmes qu'il fait naître chez les personnages. Je le cite (je sollicite son autorisation par la présente...) : L'horreur est pour moi le genre cinématographique qui permet de provoquer la palette d'émotions la plus large. Des sensations violentes et parfois contradictoires, mais qui peuvent laisser une marque durable dans l'esprit de chacun. Du simple sursaut à la peine plus profonde, j'aime ressentir tous ces sentiments que je ne retrouve que rarement dans les autres genres. C'est pour les mêmes raisons que j'aime moi aussi le cinéma d'épouvante. Et, on est bien d'accord, les personnages sont fictifs et nous permettent d'analyser les comportements humains dans des situations "inhabituelles". Et la plupart du temps, il entre un élément fantastique, qui là aussi permet de prendre du recul. Ce n'est pas le gore pour le gore.

Ici, nous regardons des gens sur le point de mourir... Ce sont des acteurs, certes, mais derrière eux, on sait qu'il y a les vrais. J'ai eu la détestable impression d'être voyeuriste, et sans aucune possibilité (contrairement à un film comme Crash par exemple) de réflexion personnelle intense, sur les comportements humains, la psychologie, le symbolisme... Ici c'est juste la vraie vie, point barre. On est  Vaughan, qui dans Crash, prend des photos d'accidentés sur la route, à même le bitume... Bayona remue la perversité qui est en nous. Et ça, j'aime pas du tout.

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La mise en scène est parfaite, ça y a pas à dire, les effets spéciaux hallucinants. On se demande comment ils ont pu reproduire les corps frappés de plein fouet par la vague, emportés par les flots, les étendues immenses et dévastées... La prestation de Naomi (nominée aux Oscars) et Ewan est également superbe, et celle du jeune Tom Holland proprement incroyable : montrer autant d'émotions si diverses à cet âge (quinze ans pendant le tournage), ça promet ! Il fut d'ailleurs Révélation Masculine à Toronto, pour ce film. Un nom à retenir.

Mais le côté voyeuriste du film est aussi racoleur qu'insupportable... Peut-être suis-je trop sensible. Peut-être aurait-il juste suffi de ne pas me dire que cette famille a bel et bien existé. C'était déjà épouvantable de voir les images à la télé... Et je ne peux m'empêcher de penser que ce n'est pas juste de mettre en exergue cette famille-là, qui s'en est tirée ; une famille bon chic bon genre, blanche, occidentale. Comme par hasard. Je ne veux pas minimiser le drame qu'ils ont subi, mais combien d'autres malheureux, veufs, veuves, orphelins, vivent encore dans la misère totale, ayant tout perdu, aujourd'hui, là-bas, près de dix ans après...

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Je suis d'accord avec eux : On peut trouver du réconfort au spectacle du malheur des autres, mais ce bienfait ne garantit pas la qualité – esthétique ou éthique - du spectacle (Le Monde) - Frontal et sans gêne, "The Impossible" n'est (...) qu'une version de luxe d'un vulgaire tabloïd (Critikat).

Le public semble avoir plébiscité le film. Le mauvais goût au pouvoir, encore une fois ?

Dommage. Bayona nous avait pondu entre autres un excellent et terrifique L'orphelinat.


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