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Coup de foudre

Publié le 06 mai 2013 par Thescientist @singlexperiment

parpaingIl y a quelques semaines de cela, je lisais le courriel, envoyé par une bonne amie, dans lequel elle me racontait sa rencontre avec un homme. Ça n’était pas n’importe quelle rencontre. Crois bien, ami lecteur, qu’une rencontre standard ne mérite pas nécessairement une description sur 200 lignes, ni ne requière l’usage de la communication quasi instantanée offerte par la toile et permettant de parcourir plusieurs milliers de kilomètres à vitesse éclaire. Non, semblait-il que cette rencontre-là c’est un peu le cador de la rencontre : avec de la cible d’envergure internationale et dans des circonstances parfaites.

Il y a ces mots qu’elle emploie pour décrire ce qu’elle ressent, qui montrent bien qu’elle a vécu quelque chose qui sortait de l’ordinaire. Un peu comme si elle s’était faite écrasée par le parpaing de l’amour lâché par deux ou trois cupidons sous corticoïdes.

Je savais

Depuis, cette bonne amie vit une idylle des plus remarquables. Son quotidien est parsemé de doux textos, ses nuits, quand elle ne les passe pas dans les bras de sa moitié, de douces rêveries.

Ami lecteur, tu côtoies probablement pas mal de couples au quotidien parmi les gens qui font ton univers et que tu appelles « amis ». Vous pouvez certainement converser de sujets variés, futiles ou profonds et parfois intimes partageant vos pensées, vos convictions, vos peurs, vos joies, vos peines, vos projets. Ils te demandent si tu as quelqu’un dans ta vie (ou au moins une cible en vue) ; et si tu l’ignores encore, tu leur demanderas éventuellement comment ils se sont rencontrés.

Tu entendras alors peut-être cette phrase, ou ce mot plutôt, qui revient comme le mantra d’une secte pacifiste de hippies défoncés à la dopamine. Il semble que quand ils se sont vus, ils « savaient».

Bon, alors quelques fois on se doute bien que ça ne se fait pas toujours instantanément. Ça peut prendre, tout de même, quelques coups d’œil, quelques verres, quelques conversations, quelques parties de jambes en l’air, certes. Mais parfois, un simple regard suffit. Quoi qu’il en soit, le résultat est le même au bout d’un moment tout de même extrêmement court, bien avant d’être en mesure de dire qu’on se connait, il y a un déclic et il parait que à ce moment-là, on « sait ».

Et ne va pas me dire que ce genre de paroles n’arrive que dans la bouche des individus de sexe féminin cmb ! J’eus maintes fois l’occasion de l’entendre de la bouche d’hommes, de bons amis, tout ce qu’il y a de plus virils (mais non moins écrasés par le parpaing rose de l’amour) !

On sait quoi exactement ?

Alors on ne sait pas forcément qu’on va se marier avec et faire pleins de petits Kevin et de petites Kevina, mais on sait qu’on a embarqué sur le Love Boat avant d’avoir prévenu les copains qu’on partait, avant même de mettre un gilet de sauvetage. On y est. Et on vogue sur un océan sirupeux de mièvrerie et de candeur.

Le coup de foudre a frappé. En un éclair, on est amoureux.

Comment savoir si mon pote s’est fait écrasé par le parpaing de l’amour ?

Ami lecteur, je précise tout de suite que, par chance, ce mal n’est pas contagieux. Les symptômes sont relativement faciles à déceler.

Dans les premières heures qui suivent l’écrasement, le sujet est transcendé des papillons gastriques de l’Illusion, ses mains sont parfois tremblantes et moites d’extase, et il a, généralement, une forte tendance à rire bêtement. Il sera également extrêmement difficile de le mettre de mauvais poil.

Ces symptômes peuvent persister et s’accompagner de nouveaux symptômes dans les jours qui suivent. Il se peut qu’il subisse une légère perte de l’appétit. Son téléphone deviendra une extension de son bras et le sujet affichera parfois un sourire béat quand il lira ses textos ou répondra à un appel. Pendant les minutes qui suivent cette interaction virtuelle délicieuse, il se peut que le sujet soit peu réactif, voire absent mentalement de son environnement immédiat.

Dans les semaines qui viennent, le sujet pourra potentiellement se déclarer occupé pour les 100 weekends à venir.

Finalement, ton ami reviendra à son état normal quand le coup de foudre et les premières découvertes auront laissé place à l’amour de croisière, au quotidien, aux habitudes, voire, à la routine, ou, éventuellement, à la rupture.

Mais quoi qu’il en soit, c’est vrai, un ingrédient peut transformer du tout au tout la saveur de ta marmite sociale. Subitement, certes, mais radicalement et pour longtemps. Je ne peux cependant que les croire sur paroles, ignorant tout de ce dont ils parlent. Personnellement, ça ne me prend pas moins de quelques mois de débauche, de rancards et de bataille de pouces avant d’embarquer sur le love boat.

Peut-être es-tu comme moi, ami lecteur, étranger à ces prises de conscience brutales qui te font réaliser que l’autre est une moitié de premier choix alors même que tu la connais depuis peu de temps.

Peut-être est-ce dû à notre ligne de tête ?

Ligne de tête

Il y a peu, un bon ami a voulu lire les lignes de ma main. C’est le genre d’évènement incohérent qui arrive en milieu/fin de soirée, lorsque les murs tournent, que le sol colle et que l’on prétend ne pas être fatigué tandis que nos paupières vivent une existence indépendante l’une de l’autre.

Saoul Docile, j’ai accepté. Je ne me souviens plus des détails, mais il semble que ma vie soit gouvernée par la logique. Inutile de regarder l’extrémité d’un quelconque membre de mon corps pour arriver à cette conclusion. Toi-même ami lecteur tu es au courant, n’ayant qu’à te référer au nom d’imposture grotesque duquel je signe l’œuvre que tu lis.

Non pas que je souhaite, ne serait-ce une seconde, prôner l’usage de la chiromancie, ami lecteur ne te méprend pas ! Mais, ces deux évènements (l’e-mail de ma bonne amie et cette histoire de lignes de main), s’étant enchaînés à quelques jours d’intervalle, j’en suis venu à me poser cette question : est-ce que certaines personnes ne connaîtront jamais ce qu’est le coup de foudre ? Ou plutôt, ne faut-il pas abandonner sa vie aux rêveries pour le connaître un jour ? Autrement dit, est-ce que les gens un peu trop terre-à-terre, et autres autistes de la spontanéité amoureuse, y seront pour toujours étrangers ? Ou finalement, ne sont-ils pas trop fermé aux émois de leur cœur pour accepter de sauter dans le Love Boat avant d’avoir consciemment décidé de le faire (avec gilet de sauvetage, bouée, corde, ceinture, palmes, …) et à condition de voguer près des côtes ?

Faudrait-il donc abandonner un peu sa vie au rêve pour y trouver de la magie ?

Il me prend la subite envie de citer Antoine de Saint-Exupéry (qui se retournerait probablement dans sa tombe s’il savait que ses mots s’exhibent sur des stickers collés sur les classeurs d’ados dépressifs et mal dans leur peau qui ne connaissent même pas son nom) :

« Fais de ta vie un rêve et de tes rêves une réalité ».

Après tout, ces histoires de coup de foudre, n’existent peut-être qu’à la seule condition d’y être ouvert, et d’avoir envie de croire qu’il y a un peu de magie en ce bas monde de morlocks.


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