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Mémé Jonah

Publié le 25 décembre 2013 par Polo Corre

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Il était une fois, très très loin d’ici, dans un pays que l’on nommait Madagasikara, une dame que tout le monde appelait Mémé Jonah. Elle vivait seule avec sa mère de 96 ans et les deux enfants que sa fille lui avait abandonnés. La vie était très difficile à cette époque à Madagasikara et Mémé Jonah avait bien du mal à entretenir toute cette famille.

Puis un beau jour, le Père Noël passe par là…

Le rêve de Mémé Jonah

Mémé Jonah est une femme énergique et déterminée qui sait bien ce qu’elle veut. À 66 ans, elle rêve d’ouvrir un petit commerce de riz et de légumes secs pour pouvoir nourrir sa famille.

Pour démarrer son activité et accomplir son rêve, il lui faudrait cependant une bonne centaine d’euros. Cette somme, qui représente une véritable fortune pour Mémé Jonah, comprend l’achat du stock de bases et également d’une balance, indispensable pour ce type d’activité.

Mémé Jonah vient taper à la porte

Aujourd’hui, elle est venue taper à la porte de l’ONG Fitiavana pour demander le financement du démarrage de son activité. Mémé Jonah n’est pas une inconnue pour l’association ; ses deux petits-enfants y sont déjà parrainés.

Elle présente à Albert, le président

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de l’ONG, une feuille pliée en tout petit. Sur celle-ci, les prix de vente des différentes denrées couramment pratiqués dans son quartier, comme le riz,  les haricots secs, ou encore les cacahuètes, qu’ici l’on appelle « pistaches », y sont notés au kilo et à la kapoaka. La kapoaka étant l’unité de mesure très officielle malgache correspondant à une petite boite de conserve.

Sur la feuille de mémé Jonah, tous les prix sont inscrits en Francs malgaches (FMG). Bien que cette monnaie ait été remplacée par l’Ariary (MGA) en 2005, tout le monde ici sur la côte Est, parle encore en FMG, un FMG valant cinq MGA.

Après étude des différents besoins de mémé Jonah, Albert accorde un total de 300 000 MGA pour le démarrage de l’activité.

C’est en vélopousse que nous nous y rendons

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C’est dans le quartier Valpinson, où sont situés tous les grossistes, qu’il faut se rendre. Là-bas, l’on y trouve à peu près tout pour démarrer ce genre d’activité.

C’est en vélopousse que nous nous y rendons. Mamy, la trésorière de l’association est venue accompagner mémé Jonah pour effectuer tous ses achats.

Le prix de revente étant fixé par rapport à ceux qui se pratiquent dans le quartier de Mémé Jonah, il lui faut trouver des marchandises avec un prix d’achat adapté et marchander très ferme les prix.

Le grossiste présente un échantillon des différentes qualités de riz proposées. On y trouve du riz de différentes provenances, comme l’Inde, le Vietnam ou le Brésil.

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Bien que Madagascar soit un producteur de riz assez important, on ne trouve que très peu de riz malgaches: ceux de qualité supérieure sont pratiquement tous réservés à l’exportation et principalement la Chine. Ici, on ne trouve que du riz de qualité inférieure provenant de Madagascar.

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Un riz trop jeune ne gonfle pas

Un autre problème inattendu se présente alors. Le riz vendu par les grossistes n’a pas été stocké suffisamment longtemps. « Un riz trop jeune ne gonfle pas suffisamment ! », nous affirme mémé Jonah. Il est beaucoup moins intéressant pour la cuisine et se vend mal.

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Il nous faut alors nous rendre chez des revendeurs de demi-gros, lesquels proposent des riz suffisamment stockés. Les prix moins intéressants proposés doivent être négociés ferme et bien étudiés en fonction de ceux fixés par Mémé Jonah.

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S’ensuit alors la tournée des différents revendeurs afin de trouver le meilleur produit au meilleur prix. Chaque fois, c’est le même rituel. Il faut contrôler le riz, le toucher, le sentir et surtout négocier ferme les prix.

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Après moult visites et palabres, nous trouvons enfin notre bonheur dans une petite échoppe où l’essentiel du stock sera acheté. Il faudra en tout cent kilos de riz et une cinquantaine de kilos de diverses denrées alimentaires pour le démarrage de l’activité.

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Mamy, après avoir minutieusement contrôlé la note annoncée par le vendeur, paye la totalité des achats.

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Les marchandises sont alors chargées sur un vélopousse pour être transportées chez Mémé Jonah.

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C’est avec un grand sourire et des yeux remplis de bonheur qu’elle nous quitte pour enfin commencer sa nouvelle carrière.

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La petite boutique de Mémé Jonah

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Quelques jours plus tard, nous retrouvons Mémé Jonah dans sa boutique. Elle nous présente fièrement tous ces produits bien exposés sur l’étalage sous les yeux remplis de fierté de sa maman de 96 ans.

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Quelques instants après, une cliente vient pour acheter un kilo de riz que Mémé Jonah pèse minutieusement.

Une fois le poids ajusté au grain près, Mémé ajoute gracieusement une bonne poignée de riz. Un petit geste commercial qui fera sans doute sa réputation dans le quartier.

Une cliente et une vendeuse heureuses

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C’est avec une joie non dissimulée qu’elle encaisse le produit de sa vente. Voici une cliente et une vendeuse heureuses ; que demander de plus ?

Voilà comment avec seulement une centaine d’euros, une famille malgache peut démarrer une petite activité et vivre dignement.

Maintenant, il ne reste plus à Mémé Jonah qu’à bien gérer ses stocks à mesure des ventes et surtout à garder suffisamment d’argent pour alimenter ses stocks.

Voilà, cela aurait pu être un beau conte de Noël. C’est la réalité et ça se passe parfois comme ça à Madagasikara.



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