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[Critique] WARGAMES

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] WARGAMES

Titre original : Wargames

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : John Badham
Distribution : Matthew Broderick, Dabney Coleman, John Wood, Ally Sheedy, Barry Corbin, Kent Williams, Joe Dorsey, Michael Madsen…
Genre : Thriller
Date de sortie : 14 décembre 1983

Le Pitch :
Un lycéen passionné d’informatique pénètre accidentellement un ordinateur secret de l’armée américaine, en voulant pirater des jeux vidéo. Pensant être au commande d’un jeu virtuel, le jeune homme lance sans le savoir le compte à rebours d’une guerre thermonucléaire contre le Bloc de L’Est…

La Critique :
Aujourd’hui, Wargames peut prêter à rire. Après tout, on parle ici d’ordinateurs. Des ordinateurs qui en 1983, étaient aussi gros que des armoires et qui au fond, n’avaient pas grand-chose à voir avec les appareils d’aujourd’hui. Point de clé usb ici, ni même de cd-rom, mais de bonnes vieilles disquettes flexibles, grandes comme des 45 tours. Wargames prend pied à une époque révolue où les fonds d’écran n’existaient pas et où l’affichage sur l’écran produisait souvent de petits bruits rigolos, tandis qu’il n’était pas rare d’entendre la machine vous causer avec la voix d’un androïde.
On pouvait certes se connecter à l’ancêtre d’internet, mais seuls quelques initiés, particulièrement balèzes, savaient s’y prendre et possédaient de plus le matériel pour réaliser l’opération.
Donc oui, tout ceci peut paraître périmé… Pour autant c’est le propos qui compte et non l’emballage propre à son époque. Et ça tombe bien, car le propos de Wargames est quant à lui toujours d’actualité.

Centré autour d’une technologie adoptée par l’armée américaine, censée prendre des décisions trop lourdes à porter pour un homme (lancements de missiles etc…), le film de John Badham dénonce. Basé sur un scénario malin signé par Lawrence Lasker et Walter F. Parkes, Wargames brille tout particulièrement par sa capacité à entrevoir les limites des machines alors que la technologie permettant leur élaboration en est finalement encore qu’à ses balbutiements. Visionnaire, le long-métrage a gagné de la crédibilité avec les années, passant du statut de film d’anticipation, à celui de techno-thriller. En 1983, les ordinateurs ne faisaient pas partie de la vie d’autant de personnes que maintenant et en toute logique, ces derniers étaient parfois vu d’un sale œil. De cette méfiance sont nées de brillantes réflexions, illustrées notamment dans des œuvres comme Terminator ou 2001, L’Odyssée de l’espace, où HAL, un ordinateur omniscient, développe une hostilité galopante envers les humains.
Méchant parfait car dénué d’émotions et donc de limites, l’ordinateur est, dans Wargames, celui par qui la menace arrive. Défié par un adolescent qui pense alors disputer en ligne une partie classique d’un nouveau jeu vidéo, WOPR (c’est le nom de l’ordinateur) déclenche un processus mortel visant à dresser les États-Unis contre leur principal ennemi de l’époque, à savoir l’URSS. Une situation maligne qui, sans mettre un seul instant en scène de méchants russes comme l’ont fait de nombreux métrages, utilise un contexte bien réel pour gagner en authenticité (la Guerre Froide).

Produit typique de son époque, Wargames se rapproche aussi de la comédie adolescente, et mêle les genres, à l’instar de Karate Kid, auquel il ressemble finalement beaucoup. La présence de Matthew Broderick au casting suffit à elle seule à fédérer un public rompu aux productions destinées à un de jeunes adultes. Car si aujourd’hui Broderick est gentiment tombé dans l’oubli, il faut replacer les choses dans leur contexte. En 1983, l’acteur est en passe de devenir une superstar. Un statut qu’il obtiendra grâce à John Hughes et à son cultissime La Folle Journée de Ferris Bueller, en 1986. Dynamique, beau gosse mais pas trop, Broderick est tout à fait crédible dans la peau du mec cool qui touche sa bille quant il s’agit de se frotter aux ordinateurs. Il forme avec la charmante Ally Sheedy, elle aussi future « icône » de la jeunesse américaine, consacrée avec The Breakfast Club du même John Hughes, un couple parfait. Entre deux joutes contre le super PC, les deux adolescents prennent le temps de vivre une love story typique et achèvent du même coup de conférer à Wargames un côté profondément universel.

Sans jamais céder à un sensationnalisme facile, Wargames fait partie de ces films profondément représentatifs d’uns décennie inspirée et inspirante pour le cinéma de divertissement. Devenu culte, Wargames est de plus remarquablement rythmé. Là aussi, sans en faire des caisses. Il captive sur la longueur, n’est pas cynique pour deux sous et connait ses limites. Au point d’offrir un spectacle à la fois léger et pertinent. Non, décidément, quant on parle de cinéma américain, force est de reconnaître le caractère exceptionnel des années 80 !

@ Gilles Rolland

wargames-1983


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