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Corruption en Turquie, ce scandale qui fait plonger le gouvernement et la monnaie

Publié le 28 décembre 2013 par Edelit @TransacEDHEC

Recep Tayyip Erdoğan est le fondateur de l’AKP, parti de « la justice et du développement » et également le premier ministre de la Turquie depuis 2003. Après de nombreuses manifestations en juin contre sa réforme d’urbanisation et le virage autoritaire de son pouvoir, Erdoğan doit maintenant faire face à un scandale politico-financier de grande ampleur, qui le pousse véritablement dans les cordes à la veille d’échéances politiques cruciales dans le pays en 2014. Enquête.

Mi-décembre, le scandale éclate

C’est le 16 décembre de cette année que le scandale éclate. 37 personnes sont interpellées dans le cadre d’une affaire mêlant finance et corruption. Parmi eux, trois fils de ministre, un membre de l’AKP maire d’un arrondissement d’Istanbul le directeur de la banque publique Halkbank ainsi qu’un magnat de l’immobilier. Tous sont soupçonnés de corruption et de blanchiment d’argent dans le cadre de vente d’or avec l’Iran et de transactions illégales lors de marchés conclus par Toki, une administration publique en charge du développement des logements. Placée sous l’égide du premier ministre, cette organisation octroie des terrains publics gratuitement afin d’y construire des complexes immobiliers.  4,5 millions de dollars sont ainsi retrouvés par la police en petites coupures dissimulées dans des boîtes de chaussures dans la maison du PDG de Halkbank.

Une crise politique qui s’en suit

La crise politique est immédiate. Les trois ministres dont les fils sont inculpés démissionnent. Sans suit une semaine plus tard, ce mercredi 25 un vaste remaniement ministériel mené par le premier ministre en personne. Sauve qui peut ! Certains ne veulent pas tomber seuls. Un des ministres remerciés Erdoğan Bayraktar soutient que le chef du gouvernement était parfaitement au courant des ces activités et « qu’il devrait lui aussi démissionner ».

Alors que le premier ministre assurait sa défense par un vaste complot organisé à l’intérieur même de l’Etat contre lui par la confrérie Gülen, très influente dans le pays et qui s’était rangé contre son parti après la suppression d’écoles publiques par le gouvernement. Noël s’avère donc être une période très instable pour les autorités politiques turques, vivement 2014 ?

Comment s’annonce 2014 ?

Plusieurs manifestations ont éclatées ces derniers jours dans les grandes villes du pays pour réclamer la démission du premier ministre. Plusieurs de ces rassemblements ont donné lieu à des confrontations avec la police. Cette crise politico-sociale a affecté la confiance des marchés financiers et en particulier sur la devise nationale : la livre turque n’en finit pas de chuter atteignant ce vendredi son plus bas historique face au dollar à 2,1467 livres soit une dévaluation de plus de 6% en 2 semaines. Mercredi, le principal indice de la Bourse d’Istanbul a même enregistré un recul de 4,2% à la clôture. Ainsi, le début de l’année 2014 ne va pas commencer de manière sereine pour les marchés turcs.

Ces révoltes sociales manifestent également d’un ras-le-bol général envers le parti AKP, qui promouvait justice et transparence à ses débuts, et qui semblent dorénavant tombé dans les méandres des fraudes et des ombres de ses finances publiques.

Politiquement, à l’approche des élections municipales et des élections législatives 2014, nul doute que ce scandale a rebattu les cartes de ces scrutins tant de nombreux prétendants se retrouvent mouillés de près ou de loin dans cette affaire…

En fin de compte, la Turquie n’est-elle pas une meilleure démocratie dans sa capacité à juger et lever le voile sur la corruption présente dans sa politique interne ? Il y’a un an à peine, l’affaire Cahuzac n’avait décidément pas créé un tel tollé en France…

 La Brique


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