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La femme de gilles - 6/10

Par Aelezig

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Un film de Frédéric Fonteyne (2004 - France, Belgique) avec Emmanuelle Devos, Clovis Cornillac, Laura Smet

Triste.

L'histoire : Elisa est la femme de Gilles. Ils ont deux petites filles, un bébé à venir, et coulent des jours heureux, dans une France rurale et modeste des années 30. Mais elle soupçonne son mari d'avoir une liaison avec sa propre soeur, cadette, célibataire, et très jolie. Néanmoins, Elisa aime tellement Gilles, elle a tellement peur de le perdre qu'elle préfère l'aider, l'écouter, s'occuper de ses chemises et lui faire à manger, que d'oser le moindre reproche... Elle attend. Un jour, tout redeviendra comme avant.

Mon avis : Une chanson d'Edith Piaf pour démarrer, "Je l'ai tellement dans la peau"... Le ton est donné. Années 30, France rurale, accordéon, et amours passionnés.

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Passionnés ? Oui mais peut-être pas assez, justement. Un film "tranche de vie", assez contemplatif, avec des dialogues extrêmement réduits. Une histoire qui arrive à des millions d'autres. C'est pas que c'est pas bien : réalisation impeccable, comédiens parfaits, décors minutieux, tout sonne juste. Mais c'est un peu trop triste et sans âme à mon goût, de la tristesse dégoulinante, amère, collante. L'héroïne nous touche, mais ne parvient pas à nous émouvoir. Son sort est celui de ceux qui acceptent tout, qui se sacrifient, qui se résignent. Des victimes qui transforment leur soumission en une sorte de martyre sacré... C'est d'ailleurs peut-être pour ça, à cause de ce caractère qu'il sent totalement soumis et passif, que Gilles est si attirée par la bouillonnante et sensuelle frangine... La fin est terrible mais j'ai bien du mal à comprendre... L'amour qui fait mal, ce n'est plus de l'amour !

Car si au début, on admire son courage et son dévouement absolu... au bout d'un moment, c'est irritant ! Enfin moi, en tous cas, j'avais envie de la secouer. Mais bon. Il faut de tout pour faire un monde. Le film au final m'a fait penser à A perdre la raison... des vies de femmes qui s'autodétruisent. Pas mon truc. 

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J'ai par contre beaucoup apprécié la reconstitution très réaliste de la vie provinciale des années 30, une époque où les femmes dites "au foyer" ne manquaient pas d'ouvrage : pas de machine à laver, pas de fer à repasser électrique, pas de lave-vaisselle, pas de cuisinière ni à gaz ni électrique, mais alimentée au charbon, au fur et à mesure des besoins, pas de frigo (courses tous les jours et potager obligatoire), pas de salle de bain, mais des baquets dans lesquels on faisait trempette de temps à autre, pas de shopping à tout va mais des vêtements qu'on coud ou qu'on tricote soi-même... Je revois ma grand-mère autrefois, il y a longtemps, et ça, ça me touche... Un terrible constat du statut de la femme au début du XXe siècle, après des milliers d'années de "civilisation". Et on ne peut pas dire que les lignes aient réellement beaucoup bougé. Même si l'électro-ménager a considérablement réduit le travail, lui permettant... d'aller travailler à l'extérieur (pour le meilleur ou pour le pire) et que la pilule leur a donné un peu plus de liberté... ce n'est toujours pas la franche égalité. Et ça ne le sera probablement jamais, tant il est vrai que la maternité leur impose des choix que les hommes n'ont pas à faire. Aujourd'hui, en période de crise, elles sont combien à "retourner au foyer" parce qu'elles ne trouvent pas de boulot, ou que le simple Smic n'est plus suffisant pour payer les nounous.

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La femme de Gilles, film féministe ? Quand on voit le destin de cette pauvre femme, on ne peut que s'interroger sur l'évolution d'un statut qui ne bouge toujours pas...

Certains y voient une belle histoire d'amour absolu. Ben pas moi !

Trop lent, trop gris, trop mutique... Mais c'est regardable.


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