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Ski: Font ièch les hors-pisteurs !

Publié le 28 décembre 2013 par Pierre Thivolet @pierrethivolet
Ski: Font ièch les hors-pisteurs !
Il neige. En quelques jours, plus d’un mètre, avec des températures très douces, et beaucoup de vent : Toutes les conditions sont donc réunies pour que « le manteau neigeux soit instable ». Un gardien de refuge, habitué de la montagne a même été pris dans une coulée. Et pourtant… Pourtant, vous trouvez toujours des petits ( et même des grands) cons qui se la jouent: « Sensations-Liberté-Adrénaline », et vont sciemment skier « hors piste », à leur risque et péril, certes, mais aussi au risque et péril des pisteurs et secouristes, qui vont leur venir en aide, au cas où. C’est le syndrome « Man vs wild » « Glisse extrême ». Parce que nous vivons dans des environnements où le risque doit être zéro, où dés qu’un train déraille, un vélo tombe, un piéton glisse, c’est forcément la faute à… aux pouvoirs publiques, nous jouons à nous faire peur : Ouh ! je traverse hors des clous !  Et en montagne, cela veut dire, hors des pistes.En 30 ans, la pratique du ski s’est fortement démocratisée même si elle reste quand même un luxe: équipement, forfait astronomique, frais de séjour qui grimpent avec l’altitude. Les techniques d’apprentissage ont également rendu le ski plus accessible: Matériel plus léger, skis plus larges paraboliques, hyperboliques, qui « skient » presque tous seuls sur des pistes dammées comme des boulevards. Résultat: En temps normal, nous sommes tous des champions, nous confondons souvent vitesse avec « je sais skier », montagne avec liberté. Dés que les conditions se compliquent, une piste gelée par exemple, du brouillard, de fortes chutes de neige, là il n’y a plus personne: Je ne contrôle plus ma trajectoire, je deviens un danger pour moi-même et aussi pour les autres. Il en va de même pour les courses en montagne, pour l’alpinisme. Beaucoup confondent la vraie montagne avec des murs d’escalade, et le ski avec de la glisse en zone urbaine. Or, même si elle a été équipée, voire suréquipée, la montagne reste un environnement naturel sauvage, où l’homme n’est qu’un invité et c’est très bien ainsi. Lorsque dans les années 1960, l’Alpe d’Huez a ouvert le 3ème tronçon, le téléphérique du Pic Blanc, un panneau avait été installé devant lequel aujourd’hui les skieurs passent sans même y prêter attention : « Skieurs, attention ! Ici, commence le domaine de la Haute Montagne ». Apprendre à skier ce devrait être apprendre la montagne. Ses règles, son climat, ses sautes d’humeur. Les montagnards ont mis des siècles à adapter leur mode de vie à leur environnement. Où construire leurs chalets, leurs églises par exemple en tenant compte de coulées de neige, de chutes de pierres, de glissements de terrain qui ne se produisaient que tous les vingt, cinquante ans, voire tous les siècles. Il a fallu la catastrophe du chalet de l’UCPA à Val d’Isère en 1970, 39 morts dans une avalanche « centenale »,  puis quelques semaines plus tard, celle du plateau d’Assy, 71 morts dans une coulée de boue qui a emporté un sanatorium pour enfants installé depuis…1929. pour que soit mise en place les zonages risque naturel montagne puis les plans de prévention de risques naturels. « Que la montagne est belle » chantait Jean Ferrat. Mais il aurait pu ajouter qu’elle n’est pas seulement un paysage, mais aussi une culture de vie qui devrait s’apprendre, qui devrait être transmise. Et cela prend forcément plus de temps que d’apprendre à glisser. Dans ce domaine aussi, notre système d’éducation laisse à désirer.
Nous visons une e-poque formidable.

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