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Lectures d'hiver "Il faudrait s'arracher le coeur" de Dominique Fabre et "La liste de mes envies" de Grégoire Delacourt

Par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

Ca fait un petit moment que je n'ai rien publié et, comme chaque fois, il s'est trouvé quelques lecteurs pour s'en inquiéter et m'envoyer un petit message plein de tendresse s'enquérant de mon absence par ici.

Merci.

Mille fois.

A ces quelques-uns qui prennent un peu de leur temps pour m'envoyer quelques mots parfois; vous n'imaginez même pas le bien que peuvent me procurer vos charmantes missives.

J'étais partie, un peu.

Vers le soleil et la douceur de vivre.

La période des fêtes est, un an sur deux pour moi, insupportable.

Alors tu sais ce que c'est, hein : dans la vie parfois, on n'a pas d'autre choix que de faire ce que l'on peut : J'ai fait le choix de m'échapper pour changer de décor.

Quand il est impossible d'empêcher la douleur en agissant à sa source, autant atténuer tant que possible les symptômes.

Bref. Je suis partie, donc.

Et j'en ai profité pour lire un peu, ce qui m'avait pas mal manqué ces derniers temps, rapport au fait que j'ai vraiment du mal cette année à débloquer le temps qu'il faut pour m'immerger vraiment dans un bouquin.

Et du coup, j'ai bien envie de te dire quelques mots des romans que j'ai découverts.

Le premier s'intitule "il faudrait s'arracher le coeur". 

Découpé en trois parties, il relate trois épisodes de la vie de l'auteur.

La mort -par overdose- d'un ami.

Le départ d'un père qui abandonne la famille un soir comme les autres. Enfin à cet évènement près.

Puis la fin de vie d'Anna, grand-mère expulsée de son appartement parisien pour la banlieue alors que la maladie d'Alzheimer commence à rendre son quotidien compliqué.

Ce livre est découpé en trois parties indépendantes mais malgré tout ces histoires se répondent, se font écho. Il y est toujours question de départ, de fuites et/ou d'errances.

Dominique Fabre considère les mots comme des fantômes qui nous accompagnent bien après que ceux qui les ont prononcés nous aient quitté : "Au bout d'un certain nombre d'années, tous les mots vous font penser à des gens, et les gens disparaitront, mais pas les mots".

On se plait à parcourir avec lui ces trois épisodes riches en émotion et c'est un peu orphelin qu'on termine ce roman.

Extraits :

"Il a eu un sourire juvénile et un peu triste, juste entre les deux, comme quand on sent qu'il faudrait liquider son coeur et qu'on n'y arrivera jamais, mais en somme, on y arrive, sans trop se rendre compte, un jour, on y arrive tout à fait. Un jour, on y arrive la vie entière. Il s'est allongé sur le lit. Avec les cachets il n'avait plus envie de rien, il m'a dit. Sa chemise bleu ciel. Son jean noir. Ses cheveux bouclés. Il pensait à pas mal de choses, surtout depuis qu'ils le forcaient à avaler des cachets. Il m'a dit qu'il pensait souvent à moi, le bol qu'il avait eu par deux fois quand même.

- T'en avais pas pris assez pour crever, tu sais.

Il a haussé les épaules. Il pensait souvent à elle aussi. Je n'étais pas venu pour ça, mais bon."

*

"Je mélange tellement de gares, de trains, d'amours rêvées et d'amours déçues. A force de se souvenir, on ne sait vraiment plus rien"

*

La dernière nuit d'Anna dans la rue de Tlemcen. Elle pense : "qu'est ce que je voulais dire, pas la messe bien sûr?... Elle s'allonge sur son lit. Ce ne sera pas sa dernière chambre évidemment mais elle n'en aura jamais une autre comme ça. Elle entend son réveil, elle se lèvera très tôt. Elle aura à peine fermé l'oeil. Etienne a pris deux jours de congé, ils ont démonté les choses devant Anna, les bras ballants, un peu perdue quand même dans sa blouse à fleurettes bleu ciel.

Elle sera bientôt pour toujours perdue, je crois bien. Un jour un nouveau chronomètre se met en marche et il vous casse toutes les anciennes mesures du temps".

Le second livre qui m'a accompagnée pendant mon escapade espagnole, c'est "La liste de mes envies" de Grégoire Delacourt.

Il parait qu'il a rencontré un immense succès en librairie. Qu'il est ailleurs prévu qu'il soit adapté bientôt au cinéma et moi, va savoir comment?, j'étais complètement passée à coté du phénomène.

Et figure toi que si ce livre a fini par aterrir entre mes mains ce n'est qu'au hasard de mon choix dans une des boutiques de l'aéroport.

Oui parce que tu vois, ma parfaite organisation me conduit à acheter des livres en urgence, juste avant de quitter le territoire, c'est ainsi depuis toujours. Je me fais doucement à l'idée que ça ne changera jamais.

En même temps ça me permet d'avoir de jolies surprises, comme celle-là. Par exemple. Alors, bon.

L'histoire est celle d'une mercière qui mène une vie simple dans le nord de la France jusqu'à ce qu'elle remporte une énorme somme d'argent à la loterie.

Balancé comme ça, j'ai conscience que le résumé peut rebuter. C'est pourquoi j'aimerais que tu saches que cette histoire m'a ravie parce qu'elle est prétexte à rencontrer de jolis mots, de beaux sentiments sans jamais tomber dans le piège du manichéisme.

Le texte est un mélange d'ordinaire et de jolies perles subtiles, distillées ça et là, qu'on se plait à relever d'une page à l'autre. Précieux butin.

*

"Et puis je retrouve cette phrase à l'encre violette des filles, vers la fin de mon journal, écrite avant que maman ne s'effondre sur le trottoir.

J'aimerais avoir la chance de décider de ma vie, je crois que c'est le plus grand cadeau qui puisse nous être fait.

Décider de sa vie.

Je referme le journal. Je suis grande maintenant alors je ne pleure pas. J'ai quarante sept ans, un mari fidèle, gentil, sobre; deux grands enfants et une petite âme qui me manque parfois; j'ai un magasin qui, bon an mal an, parvient à nous rapporter, en plus du salaire de Jo, de quoi avoir une jolie vie, d'agréables vacances à Villeneuve-Loubet et pourquoi pas, un jour, nous permettre de réaliser son rêve de voiture (j'ai vu une occasion qui m'a semblé très bien à trente six mille euros). J'écris un blog qui procure de la joie à la maman de l'"Observateur de l'Arrageois", probablement à mille cent quatre-vingt-dix-neuf autres dames chaque jour. Et au vu des bons chiffres, l'hébergeur m'a récemment proposé d'y vendre de l'espace publicitaire.

Jo me rend heureuse et je n'ai jamais eu envie d'un autre homme que lui, mais dire que j'ai décidé de ma vie, ça non."

*

"Le bruit de Jo, en bas, me surprend toujours. Un accroc dans la soie de mon rêve. Je me rhabille à la va-vite. L'ombre couvre la clarté de ma peau. Je sais la beauté rare sous mes habits. Mais Jo ne la voit jamais.

Une fois, il m'a dit que j'étais belle. Il y a plus de vingt ans et j'avais un peu plus de vingt ans. J'étais joliment ve^tue, une robe bleue, une ceinture dorée, un faux air de Dior; il voulait coucher avec moi. Son compliment eut raison de mes jolis vêtmeents.

Vous voyez, on se ment toujours.

Parce que l'amour ne résisterait pas à la vérité."

*

"Les images jolies refont toujours surface quand on voudrait les noyer"

Ce dernier roman m'évoque deux chansons que j'aime beaucoup (pour la hype tu repasseras mais enfin c'est pas non plus comme si c'était le genre de la maison...)

Il y a d'abord ce titre de MON Souchon :

Et puis ce titre d'Enzo Enzo, qui m'émeut toujours un peu:


A très vite, lecteur, je vais essayer de repointer mon nez par ici régulièrement maintenant...

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