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2013 s’achève sur le thème de la Rencontre

Publié le 02 janvier 2014 par Aicasc @aica_sc

Lettre d’Angleterre, 2013-2014

2013 s’achève sur le thème de la Rencontre

J’ai assiste en tant que membre de l’AICA Caraïbe du Sud  (Association de critiques d’art dont l’intérêt premier porte sur le visuel caribéen), à une rencontre historique concernant le théâtre contemporain de la Caraïbe : le Symposium Théâtre Caraïbe – Le Répertoire – 9 Novembre 2013 a eu lieu a l’Auditorium du Petit Palais Avenue Winston Churchill – 75008 Paris.

Jean-Michel Martial, directeur-fondateur de la compagnie de théâtre ‘L’Autre Souffle’, fut l’initiateur de la rencontre, en collaboration avec ses collègues du monde théâtral dans l’ensemble de la Caraïbe, et  Alvina Ruprecht professeur de théâtre à l’université d’Ottawa et éditrice de l’ouvrage ‘Les Théâtres Francophones et Créolophones de la Caraïbe Haïti, Guadeloupe, Guyane, Martinique, Sainte-Lucie’ (L’Harmattan, 2003 ISBN :2-7475-3803-6).

Le Gotha de la dramaturgie caribéenne figurait sur la liste des invités y compris, par ordre alphabétique : Daniel Boukman (Martinique) ; Alwin Bully (Dominica); Ina et Michèle Césaire (Martinique) ; Maryse Condé (Guadeloupe) ; Gerty Dambury (Guadeloupe) ; Reynaldo Disla (Republica Dominicana) ; Rawle Gibbons (Trinidad) ; Jose Jernidier (Guadeloupe) ; Julius Amédée Laou (Martinique) ; Jean Metellus (Haïti) ; Simone Schwartz-Bart (Guadeloupe) ; Jean Small (Jamaïque) ; Elie Stephenson (Guyane) ; Jose Triana (Cuba) . La plupart d’entre eux montèrent sur scène pour nous révéler des aspects de leur œuvre – excepté les absents tels Mesdames Césaire et Simone Schwartz-Bart dont les contributions furent transmises par des porte-paroles. Ainsi l’actrice Mariann Mathéus, déclama le texte de Schwartz-Bart envoyé expressément pour l’occasion et, avec d’autres acteurs, interpréta des extraits de sa pièce, Ton Beau Capitaine, et de celle de Condé, An tan Revolysion.  D’autres intervenants complétèrent la riche trame, y compris Gilbert Laumord (Guadeloupe) qui parla de Maria Antonia (Théâtre et rituels de la Santeria) ; le Jamaïcain, Michael Reckord de Odale’s choice (d’Edward Kamau Brathwaite d’après Antigone de Sophocle) et Guy Régis Junior (Haiti) d’Antigone de Feliks Moriso-Lewa.

Jean Small évoqua avec verve le succès populaire en Jamaïque d’un groupe de femmes de ménage, analphabètes mais talentueuses, qui dans la tradition orale caribéenne exploitèrent brillamment les chants, commérages et caractères typiques, dans leurs pièces dont la première, Eight  Bellywoman Bangarang (de Sistren Collective, Jamaica) montée en 1978, occupe une place iconique dans la culture nationale. N’oublions certes pas la présentation, en fin de journée, de Lucia Nankoe, professeur à l’institut Voor Media Hogeschool à Utrecht qui récita avec passion, sans traduction, à un public surpris et attentif, un passage de Ton Beau Capitaine en néerlandais.

Et cette intervention nous mène au cœur même du grand projet lancé à cette occasion par Jean-Michel Martial et bénéficiant de l’accolade et du patronage gouvernemental. Le projet Martial propose de briser – en partie – les murailles culturelles, hissées par ‘notre histoire fracassée’ séparant  Caribéens, avec son Répertoire multilingue des œuvres théâtrales emblématiques. Les trente – quatre pièces choisies pour la première édition, seront disponibles en français, créole, anglais et espagnol, dans un avenir proche.

La palette de langues exclut, pour le moment, le néerlandais, d’où l’intervention dramatique de Nankoe.

Bien entendu, à part les ‘cognoscenti’,  le symposium attira aussi des aficionados assoiffés de  culture caribéenne, groupe auquel j’appartiens, visiblement enthousiasmés par ‘La rencontre’ et les diseurs de contes à ‘une cour qui ne dort pas’.

A vrai dire, ce symposium fut un des épisodes de l’épilogue qui clôt l’année du centenaire d’Aime Césaire, mettant en exergue ‘la rencontre’, rituel enrichissant dont il a apprécié la valeur ; avec Senghor, Lam, Breton, Picasso, et tant d’autres. En effet, le Symposium théâtral du Petit Palais, début Novembre, préconisant la chute de la barrière des langues, fut suivi par la première édition du Salon du livre international – organisée par la Région Martinique en partenariat avec l’Association des Amis de la Bibliothèque Universitaire – du 2 au 8 décembre 2013, à l’Hôtel de la Région, Cluny, Fort-de-France.  Un des auteurs présent à cette rencontre fut Lawrence Scott dont le dernier ouvrage, Light Falling on Bamboo, fiction historique de la vie du peintre Cazabon (1813-1888), l’un des 152 livres présentés aux 5 Juges pour le ‘International Impac Dublin Literary award 2014’, est un candidat pour le Prix des Ecrivains de la Caraïbe (Congrès des Ecrivains de la Caraïbe, Guadeloupe).

En parallèle,  la première Biennale de la Martinique (22Novembre-15Janvier) ouvrit ses portes, sous l’égide « De la résonance du cri littéraire dans les arts visuels ». Et la symbiose entre Art Visuel et Verbe, qui définit l’exposition Césaire & Lam, Insolites Bâtisseurs au Grand Palais à Paris en 2011, est aussi le thème de la nouvelle exposition à La Cuverie, Habitation Clément, Aimé Césaire, Lam, Picasso. "Nous nous sommes trouvés", (8 décembre 2013- 16 février 2014) qui nous plonge ‘dans la richesse des amicales et fructueuses rencontres entre ces trois hommes, centrée autour des écrits de Césaire et des œuvres de Lam et Picasso.’

Que ‘La Rencontre’ continue à influencer fortement les moments culturels dans notre Caraïbe! Comme le dit si bien Jean-Michel Martial.

‘ Il  est question d’ensemencer le monde du meilleur des mots, du son, du rythme, des images, des langues, et des histoires qui voyagent en l’Homme Caraïbe. Son maitre mot : « La rencontre »

Eliane Mackintosh – Art Historian UK (AICA/SC)


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