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Vœux de Hollande : cap ou pas cap ?

Publié le 03 janvier 2014 par Copeau @Contrepoints
Billet d'humeur

Vœux de Hollande : cap ou pas cap ?

Publié Par Pierre Duriez, le 3 janvier 2014 dans Politique

Le « pacte de responsabilité », « nouveau cap » pris par Hollande lors de ses vœux du nouvel an, manque singulièrement de clarté.

Par Pierre Duriez.

Hollande voeux 2014

Les vœux qu’a adressé François Hollande aux Français ressemblent à epsilon près à ceux de l’an dernier. Priorité à l’emploi et à la baisse des dépenses publiques. On connaît la chanson. Dans cette antienne mille fois répétée, un nouvel élément est toutefois venu se glisser : le « pacte de responsabilité ». Difficile de ne pas penser au « pacte de compétitivité », sorti des cartons fin 2012 et qui avait accouché du CICE, mécanisme d’allégement des charges à l’efficacité surtout cosmétique. Rebelote ? Force est de constater que le « nouveau cap » pris par Hollande manque encore singulièrement de clarté. Et contient en apparence tous les motifs de l’enfumage.

Il était beau, notre président, martial, derrière son lutrin, à la tribune comme à la barre d’un vaisseau qu’à force de coupes, tonsures et amputations à tire-larigot, il a réduit à l’état de frêle esquif. Il fallait voir ça. Il y avait du Géricault dans la composition symbolique, du « Radeau de La Méduse » dans les lignes de force. « Ok, on a un peu déconné jusqu’à présent, on s’est échoué lamentablement, mais il n’y a pas de raison que la poignée de survivants n’accomplissent pas de grandes choses », pouvait-on lire en creux derrière son babillage de circonstance. Avouez, ça électrise.

L’Élysée avait promis des vœux combatifs. Aux armes. Sa Grosse Bertha prend les traits d’un « pacte de responsabilité » « fondé sur un principe simple : moins de charges sur le travail, moins de contraintes (…) et, en contrepartie, plus d’embauches et plus de dialogue social ». Bim. Hollande se met ainsi au diapason du Medef, qui s’est engagé il y a peu à créer un million d’emplois à condition qu’impôts et dépenses publiques diminuent.

Pierre Gattaz, président d’ordinaire tout feu tout flamme de l’organisation patronale, a la jubilation froide. Il se dit prêt à s’engager sur le front aux côtés du gouvernement, si ce dernier traduit vraiment ses paroles en actes. Et ce dès l’élaboration des projets de budget pour 2015, et non, comme prévu, pour la fin du quinquennat, en 2017. Sous peine de bouder les Assises de la fiscalité prévues au printemps 2014.

Douterait-il, l’ami Pierre ? On ne s’en étonnerait pas. L’allocution de François Hollande ressemblait à une partition pour demeurés, à du sous André Rieu mal dégrossi. Il y a des signes qui ne trompent pas. À quoi bon nous sortir une Symphonie du Nouveau Monde (no offense, Dvořák) si c’est pour reprendre, éternellement, les mêmes motifs ? La forme trahit le fond – ou son absence. Hollande recycle Hollande, voudrait nous faire croire que ça y est, cette fois c’est bon, n’en jetez plus, il a compris, mais s’abîme sur les mêmes écueils, dévide, éternellement, la même bobine de platitudes.

Quelles charges sont concernées par son « pacte » ? Pour quels montants ? À quel rythme ? On n’en saura pas plus. Peut-être faudrait-il recommander au président la lecture du Livre blanc publié par GEEA, groupe de parlementaires réunis sous la houlette d’Olivier Dassault. L’ouvrage, paru en décembre, en appelle à un « Big-Bang économique, fiscal et culturel ». « Big-Bang », vraiment ? Ça sent un peu l’esbroufe d’étudiant en marketing idéologique, cette affaire. Eh bien pas tant. Derrière la pompe, des idées, articulées autour d’une vingtaine de propositions : non remplacement de deux fonctionnaires sur trois, réforme de l’enseignement de l’économie au lycée ou encore multiplication des Business Angels, pour ne citer qu’elles.

« Quoi, des idées concrètes ? Las, vous n’y pensez pas ! Des révolutions ont été faites pour moins que ça ». Non, non, on plaisantait. Pas cap, on sait. On ne vous soupçonne pas d’autres aptitudes que celle de façonner un décorum en carton et en trompe-l’œil. De planter un décor sans relief ni substance, quitte à planter la France.

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