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Le Silence de la mer

Par Mathylde

« Ce qu’il est l’homme ? La plus salope des créatures ! La plus vile et la plus sournoise et la plus cruelle ! »

 

vercors 1
Le Silence de la Mer est un recueil de nouvelles ayant pour cadre la seconde guerre mondiale. Vercors était un résistant et toutes les nouvelles de ce recueil se rejoignent sur une vaste question fondamentale mais épineuse et problématique : qu’est-ce que l’homme ?

Ce recueil s’ouvre sur la nouvelle de Vercors la plus connue, Le Silence de la mer. C’est probablement celle qui marque le plus le lecteur. Un vieil homme et sa nièce sont contraints d’héberger un officier de l’armée allemande. Celui-ci contre toute attente se révèle être un homme courtois, poli, raffiné et très cultivé. Peu à peu, au fil des soirées, lors de ses monologues, puisque les deux Français ne lui répondent pas, il se livre peu à peu et confie son amour pour la musique et sa foi dans un avenir meilleur. Jusqu’au jour où il réalise que les projets de son Fürher ne correspondent pas le moins du  monde avec les siens.

C’est donc l’histoire d’un amour impossible, interdit, qui sépare l’officier de la jeune fille, qui donne toute sa force au récit. Le Silence de la mer a été adapté plusieurs fois au cinéma et une pièce de théâtre, écrite par Vercors, reprend exactement ce sujet.

L’autre nouvelle, que je connaissais également, est beaucoup plus implicite que la première. Il s’agit de Ce jour-là, mettant en lumière l’horreur de l’arrestation puis la déportation par l’image d’une jardinière posée puis enlevée d’une fenêtre comme signe convenu entre les deux parents.

La troisième nouvelle qui a retenu mon attention est nommée L’Impuissance. Renaud, un homme, perd foi en l’art, en la culture, face à la barbarie des hommes, en apprenant la mort d’un ancien camarade déporté. Il renonce alors à toutes les œuvres en qui il avait pu puiser des valeurs et forger sa culture humaniste tandis que le narrateur prend un tout autre chemin vantant justement le besoin et la nécessité de l’art lors des périodes sombres de l’Histoire. L’art a un pouvoir, celui d’empêcher l’homme de sombrer dans le désespoir. Il est d’ailleurs intéressant de rapprocher le personnage de Renaud avec celui de la jeune fille du Silence de la mer, car tous les deux sont des personnages prêts à renoncer à leur bonheur personnel au nom de valeurs, et incarnant le refus de tout compromis.

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D’autres nouvelles composent ce recueil mais j’y ai été beaucoup moins sensible bien que les personnages dépeints et les situations décrites offrent un éclairage différent sur cette époque historique.

« Ce qui m’a intéressé tout de suite après la guerre, avec le nazisme, c’est la définition de ce qu’est vraiment l’homme, de ce qui est humain dans l’homme. »

Entretien du 10 juin 1991, quelques heures avant la mort de Vercors.



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