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Une vérité si délicate de John Le Carré

Par Sylvie

ESPIONNAGE

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Editions Seuil, 2013

Voici le dernier opus du maître anglais du roman d'espionnage....et le premier que je lis de cet auteur !

Et je n'ai pas été déçue !

Voici une merveille d'analyse de notre monde contemporain mise en scène dans un récit haletant qui n'oublie pas pour autant le portrait subtil des personnages....

Nous sommes en 2008 ; des mercenaires américains payés par une société militaire privée (financée par la droite extrémisme américaine) sont chargés d'éliminer un terroriste arabe sur l'Ile de Gibraltar. Ce territoire est britannique et il ont besoin de l'aval "clandestin" des autorités anglaises (le Foreign office) pour pouvoir agir....Le secrétaire d'Etat, à la solde de la société privée américaine, dépèche sur place un illustre inconnu qui lui servira sur place de "téléphone rouge"pour légitimer l'opération clandestine. Mais tout ne marche pas comme prévu....

Trois ans plus tard, on retrouve trois personnages qui vont tenter de faire connaître au grand jour le scandale de cette opération clandestine...tels des lanceurs d'alerte d'aujourd'hui.

Jeb, le militaire des forces spéciales ayant dirigé les opérations; Depuis cet épisode de 2008, il semble souffrir de dépression post traumatique.

Toby Bell, le secrétaire particulier du Secrétaire d'Etat, qui a enregistré une conversation clandestine à l'époque.

Et enfin, Kurt Probyn, hobereau retraité dans son manoir des Cornouailles, qui était le téléphone rouge en 2008.

Le récit est si habilement construit que pendant une bonne moitié de l'histoire, nous ne savons pas qui est qui...Aucun mention d'année, de noms. Comme si les personnages étaient de vulgaires marionnettes.

Puis tout d'un coup, une rencontre inopinée relance l'affaire et ces personnages qui étaient au départ presque anonymes, "Monsieur Tout Le Monde", vont prendre de l'épaisseur et souhaiter contre tout se révolter contre les mensonges d'Etat.Des héros d'aujourd'hui...

Ce qu'on préfère le plus chez John Le Carré est sa manière de brosser des personnages désabusés et tellement humains. mention spéciale pour Kit Probyn, modèle de vieux gentleman britannique, flegmatique et débonnaire à souhait, qui rencontre de suite la sympathie du lecteur.

Les trois personnages qui devaient être les dindons de la farce tiendront finalement tête aux politiciens véreux, à la solde des intérêts des multinationales.

Et puis il y a ce ton inimitable, très british, maniant l'ironie à froid ; on a l'impression que l'auteur s'adresse directement au lecteur en se moquant gentiment de ses personnages.

Irrésistible et diabolique !


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