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Poker menteur

Publié le 07 janvier 2014 par Toulouseweb
Le géant aéronautique Boeing a-t-il jamais eu l’intention d’assembler le Ť triple 7 ť de nouvelle génération ailleurs que dans l’Etat de Washington ? On ne le saura certainement pas de sitôt mais le suspense aura tout de męme duré deux mois.
Le 777X sera donc assemblé ŕ Seattle. Est-ce le fruit du hasard ? Certainement pas. Mais ŕ quel prix. Les ouvriers du trčs puissant syndicat IAM (International Association of Machinists & Aerospace Workers) étaient en cours de négociation de leur contrat révisable lorsque Boeing a lancé au Salon de Dubaď en novembre dernier la nouvelle version modernisée de son 777 dont le succčs n’est plus ŕ démontrer.
Alors pourquoi Boeing Commercial Aircraft, dont le cœur stratégique est ŕ Seattle (Etat de Washington) et son groupe de tutelle ŕ Chicago, a t-il mis si longtemps ŕ choisir le site ? Depuis quelques années déjŕ, avec l’avčnement du 787, la production et plus particuličrement deux de ses trois lignes d’assemblage final sont situées en Caroline du Sud, ŕ des milliers de kilomčtres de Seattle et des lignes d’assemblage d’Everett.
La recherche d’un éventuel site d’assemblage hors de son fief ne relčve pas, loin sans faut, de considérations économiques plus favorables, ni des offres Ť spontanées ť qui ont été présentées ŕ Boeing par plus d’une douzaine d’Etats (on parle męme d’une vingtaine) qui cherchaient ŕ bénéficier de la manne que pouvait représenter pour eux l’assemblage d’un tel appareil sur les 20 prochaines années, ainsi que le niveau d’emplois qu’il pouvait supporter sur la męme période. Pour séduire Boeing, des Etats tel que le Missouri n’a pas mis longtemps ŕ faire voter une enveloppe de 1,7 milliard de dollars d’aides sur plus de 20 ans. D’autres ont préféré garder leur offre secrčte aux yeux du grand public. Mais on peut imaginer le Ť buzz ť qu’a engendré le défi lancé par Boeing loin d’ętre purement économique.
Il semble bien que lorsque Jim McNerney le patron du groupe Boeing a lancé l’idée de cette possible délocalisation, il ne pensait qu’ŕ une chose : imposer au syndicat IAM de nouvelles rčgles concernant les cotisations de retraite des salariés, de nouvelles rčgles qui tendent d’ailleurs ŕ se généraliser depuis plusieurs années dans tous les secteurs et dans tous les Etats américains.
Et il aura eu gain de cause face ŕ un syndicat qui pour une des rares fois a connu des divisions profondes en interne. Les plus anciens des 30 000 syndiqués de l’Etat de Washington souhaitaient conserver l’ancien régime tandis que les plus jeunes d’entre eux étaient pour les nouvelles rčgles. Ce n’est qu’ŕ 51 % d’avis favorable que l’offre de Boeing a été votée.
Non seulement l’assemblage final du Boeing 777X sera fait dans la région de Puget Sound mais cet accord stipule également que la voilure le sera aussi. Lŕ encore on peut imaginer que ce n’est pas un hasard lorsqu’on se rappelle que Toray a implanté Ť au pied des chaînes Boeing ť une usine de préimprégnation de nappes de carbone. Car c’est lŕ une des innovations du 777X, celle d’avoir une aile en carbone corollaire de gain de masse et de moindre coűt d’exploitation. En outre, précise Boeing, les équipements d’aménagement intérieur et le câblage de l’appareil seront faits aussi localement. De quoi maintenir une bonne dizaine de milliers d’emplois durant les vingt années ŕ venir.
En restant ŕ Seattle avec des fournisseurs éprouvés qui l’entourent, Boeing n’a certainement pas voulu réitérer la pénible expérience ŕ laquelle il doit encore faire face avec une externalisation et délocalisation trop poussées de son programme 787.
Nicole B. pour Aeromorning

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