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[Critique] LOVELACE

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] LOVELACE

Titre original : Lovelace

Note:

★
★
★
☆
☆

Origine : États-Unis
Réalisateurs : Rob Epstein, Jeffrey Friedman
Distribution : Amanda Seyfried, Peter Sarsgaard, Sharon Stone, Robert Patrick, James Franco, Juno Temple, Chris Noth, Bobby Cannavale, Hank Azaria, Adam Brody, Chloë Sevigny, Wes Bentley, Eric Roberts…
Genre : Drame/Biopic/Adaptation/Histoire vraie
Date de sortie : 8 janvier 2013

Le Pitch :
À 21 ans, Linda profite de sa rencontre avec Chuck, un beau garçon énigmatique, pour fuir le giron familial, devenu étouffant car trop traditionaliste. Rapidement mariée, Linda ne tarde pas à découvrir la vraie nature de Chuck. Violent, il force sa femme à se prostituer et la pousse à tourner un film porno. Ce film, Gorge Profonde, sorti en juin 1972, est contre toute attente un énorme succès commercial, propulsant celle que l’on appelle désormais Linda Lovelace, au firmament de la gloire…

La Critique :
Tout d’abord, un peu d’histoire : Gorge Profonde est sans aucun doute le plus grand succès critique et commercial du cinéma exotique pour adultes. Avec ses 600 millions de dollars engrangés depuis sa sortie, il domine largement toute l’industrie du X qui n’a jamais réussi à hisser un autre film à ce niveau.
Réalisé pour 25 000 dollars, en une petite semaine, Gorge Profonde permit aussi à une illustre inconnue de briller sous les flashs des photographes et de connaître un véritable succès. Cette fille, c’est Linda Boreman, alias Linda Lovelace. Une nana simple, issue d’un milieu modeste, tombée sous la coupe d’un ignoble personnage, qui précipita son ascension fulgurante vers les hautes sphères du porno.

Lovelace, réalisé conjointement par Rob Epstein et Jeffrey Friedman, revient sur l’histoire de Linda Lovelace. Sur son succès, mais aussi et surtout sur sa relation chaotique avec Chuck Traynor, son mari et souteneur, directement responsable de son entrée fracassante dans le milieu du cinéma X.
L’approche des deux réalisateurs est d’un prime abord plutôt intéressante. Au lieu que de raconter de manière linéaire la trajectoire de Linda Lovelace, les deux cinéastes préfèrent scinder leur film en deux. La première partie s’apparente à n’importe quelle succès story. Linda est amoureuse, elle aime le sexe et utilise ses capacités spéciales pour percer dans le porno, sous le regard bienveillant d’un mari plutôt sympa, malgré sa propension à se retrouver dans la merde relativement souvent.
C’est ensuite une autre Linda que nous découvrons via un bond dans le temps. Physiquement changée, plus sobre, elle se soumet à un détecteur de mensonge, imposé par l’éditeur de sa future autobiographie. Le but du livre étant de souligner le rôle de son mari dans sa carrière, de dénoncer les pratiques des hommes comme lui, qui exploitent les femmes, et d’aborder les violences conjugales. Le film revient ensuite en arrière et comble les vides laissés précédemment. Le glamour laisse place à la violence. La violence d’un ignoble salopard, prêt à livrer son épouse en pâture à des fans désireux de faire plus ample connaissance avec la fameuse Gorge Profonde. La prostitution, les coups et les insultes sont monnaie courante dans la vie de Linda Lovelace, qui ne contrôle plus rien.
L’architecture du film est donc audacieuse et plutôt maligne. Le truc qui fâche, c’est qu’à l’écran, le film en pâtit plus qu’il n’en bénéficie. La faute à un scénario bancal, qui ne retombe pas toujours sur ses pieds. Certaines périodes sont carrément survolées et vu sa durée réduite, le métrage ne se concentre que sur les évènements marquants, sans prendre la peine d’habiller un récit qui du coup, manque de consistance. L’émotion aussi en pâti, malgré les qualités évidentes d’une œuvre qui jouit avant tout d’un casting quatre étoiles.

À commencer par Amanda Seyfried, dans le rôle principal, dont la performance impressionnante et investie, tire vers le haut un film aux malheureux accents anecdotiques. Tout autour de la belle gravite une multitude de têtes plus ou moins connues, qui contribuent au surplus de prestige du film. James Franco campe avec délectation un Hugh Hefner jeune, Peter Sarsgaard joue au mari salaud, Sharon Stone à la mère aimante mais froide, et Robert Patrick ajoute à son curriculum un rôle de papa de célébrité (après avoir incarné le paternel de Johnny Cash dans Walk the Line et celui d’Elvis Presley dans le téléfilm Une étoile est née). Tout ce joli monde traverse un film méritant mais maladroit. Un biopic trop court, qui ne creuse pas assez et qui n’arrive au final jamais à s’affranchir des modèles du genre, Boogie Nights de Paul Thomas Anderson en tête. Concernant ce dernier, il faut dire que les deux films parlent plus ou moins de la même chose, se déroulent plus ou moins à la même époque et utilisent plus ou moins les mêmes chansons.
Pour autant, pas de quoi faire de Lovelace la catastrophe que certains médias décrivent mais bel et bien un effort méritant et imparfait. Le principal, à savoir la mise en lumière d’une personnalité méconnue aux intentions trop souvent masquées par son seul et unique personnage à l’écran, est néanmoins représenté avec suffisamment de force pour qu’on pardonne à Rob Epstein et Jeffrey Friedman leur incapacité à livrer le film définitif sur Linda Lovelace.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Hélios Films

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